Maladies respiratoires : les facteurs aggravants en Italie
Les engraisseurs italiens sont évidemment confrontés largement aux pathologies respiratoires. Effet saison, effet sexe, effet race, effet âge… il existe plusieurs facteurs aggravants.
Les engraisseurs italiens sont évidemment confrontés largement aux pathologies respiratoires. Effet saison, effet sexe, effet race, effet âge… il existe plusieurs facteurs aggravants.
« Un des principaux problèmes avec les animaux achetés en France est que l’on ne connaît rien de leur passé sanitaire. En dehors de leur vaccination FCO, on ne sait rien », soulignait le responsable sanitaire d’Azove, une coopérative située en Vénétie commercialisant à l’année quelque 45 000 têtes par an issues de broutards et laitonnes initialement importés de France. Il s’exprimait à l’occasion d’un voyage d’étude organisé dans ce pays par le laboratoire Zoetis à l’attention de vétérinaires et responsables sanitaires de différentes OP françaises. Et ce dernier de souligner que selon la saison à laquelle arrive le maigre, il y a de 20 à 100 % de morbidité dans les lots. « Et surtout, nous avons des lots pour lesquels il y a un fort taux de morbidité alors que pour d’autres, importés la même semaine, les animaux ne souffrent pratiquement d’aucune pathologie. » D’ajouter, l’habituel reproche fait au maigre français : « vos broutards sont trop complémentés ! Leur rumen est plus habitué à manger du concentré que des fourrages grossiers. Quand ils arrivent, on voit régulièrement des grains de céréales non encore digérés dans les bouses ! »
Une étude de l’université de Milan
Afin de mieux connaître les pathologies classiquement rencontrées dans les unités italiennes, Carlo Angelo Sgoifo Rossi, professeur de zootechnie et de nutrition animale à l’université de Milan, a présenté une étude sur les principales pathologies auxquelles sont confrontés les engraisseurs italiens de la plaine du Pô.
Et de rappeler au préalable l’importance de la conception initiale du bâtiment. Le principe de base : « de l’air mais sans courants d’air », s’applique des deux côtés des Alpes ! Les fortes chaleurs observées en Vénétie et en Emilie-Romagne dès le milieu du printemps sont associées à des taux d’hygrométrie élevés. C’est l’idéal pour faire pousser du maïs, mais nécessite un renouvellement de l’air suffisant. Ces dernières années, un nombre croissant de bâtiments ont été équipés de grands ventilateurs horizontaux d’un bon deux mètres de diamètre. Positionnés au-dessus des cases, ils sont mis en route aux premières chaleurs et sont favorablement analysés pour améliorer l’ambiance surtout dans des bâtiments conçus selon le principe d’une double rangée de cases de part et d’autre d’un couloir central d’alimentation. Les parois pleines entre les cases sont elles aussi analysées favorablement, même si elles sont rares dans les ateliers Italiens.
Très net effet saison
« Un animal qui a un problème de santé est pénalisé dans ses croissances. Cela altère évidemment la rentabilité pour l’engraisseur, mais cela complique la gestion des lots et a un impact sur la qualité de la viande », soulignait Carlo Angelo Sgoifo Rossi. Les pathologies respiratoires font évidemment partie des principales problématiques rencontrées. « Nous avons cherché à mettre en évidence les facteurs prédisposant. L’effet saison est net." Les animaux qui arrivent en fin d’automne, en hiver et au début du printemps sont les plus fréquemment confrontés à ces pathologies. « Il est donc plus facile de se passer de traitements antibiotiques pour les broutards qui arrivent entre le printemps et le début de l’automne. »
Carlo Angelo Sgoifo Rossi a également cherché s’il pouvait y avoir un effet lié au sexe. Il a analysé des chiffres issus de feedlots nord-américains, lesquels mettent classiquement en avant un taux de morbidité plus important (+30 %) sur les bouvillons que sur les génisses. Cette proportion accrue pourrait s’expliquer par le comportement plus agressif des mâles (chevauchement, affrontement front contre front), même si aux États-Unis la plupart des mâles présents dans les feedlots sont des bouvillons et non des taurillons.
Carlo Angelo Sgoifo Rossi met également en avant la capacité respiratoire plus importante des femelles comparativement aux mâles pour lesquels la composition corporelle est également différente. À poids égal, la proportion de muscle est plus importante sur un mâle mais sa capacité respiratoire serait, elle, inférieure.
Maigre « léger » plus fragile
Les observations réalisées dans les unités italiennes font clairement un lien entre la fréquence, la gravité des pathologies respiratoires et le poids du maigre au moment de son arrivée. Le maigre « léger » est clairement pénalisé comparativement au maigre « lourd » et l’est d’autant plus quand il arrive en cours d’automne et correspond alors à des animaux qui passent brutalement des prairies françaises aux stabulations italiennes quand la météo devient justement plus agressive : brouillard, humidité, fort contraste de température entre jour et nuit.
Carlo Angelo Sgoifo Rossi fait également état d’un effet race. Une comparaison entre Charolais, Limousins et croisés rustiques met en avant davantage de pathologies respiratoires sur les Limousins. Il explique ces résultats par le plus faible poids à l’arrivée des Limousins. Ces derniers arrivent à 324 kg +/-67 kg contre 433 kg +/-66 kg pour les Charolais et 392 kg +/- 70 kg pour les croisés. Cet effet poids est une explication. Le tempérament plus vif et tonique des Limousins en est une autre. Du bétail agacé et inquiet constituerait un facteur aggravant comparativement à la quiétude et à la placidité des Charolais et croisés. Les Blonds seraient eux aussi très sujets à ces pathologies. Le facteur « poids et âge » à la mise en lot serait moins à prendre en compte dans la mesure où les broutards blonds (le plus souvent finis dans le Piémont) sont pour la plupart importés à la fois jeunes et légers.
Charolais aux pieds tendres
Parmi les autres critiques formulées à l’égard du maigre français, Carlo Angelo Sgoifo Rossi a soulevé le problème des boiteries, point faible des Charolais. Difficile de les engraisser sur caillebotis. Certains résistent, mais la proportion de boiteux est importante et complique la gestion des lots. Le fait d’avoir des caillebotis recouverts d’un tapis de caoutchouc ajouré améliore la situation mais rien n’est parfait pour autant. Les caillebotis ne posent en revanche pas de difficulté pour les Limousins et les croisés rustiques. « Ces pathologies sur les pattes interfèrent aussi parfois avec les problèmes respiratoires. Quand un animal commence à boiter souvent les autres pathologies viennent se cumuler. »