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Environnement
Les élevages bovins sont une source de gaz à effet de serre

L´Institut de l´élevage a mis au point une méthode, Ruminair, pour évaluer l´importance et les facteurs qui jouent sur les gaz à effet de serre émis par les bovins.


Les élevages bovins sont émetteurs de gaz à effet de serre comme l´ensemble des activités humaines. Selon les inventaires du Citepa(1), l´agriculture est responsable de 24 % du pouvoir de réchauffement global en France, en 2003.
Le secteur agricole, par rapport aux autres secteurs d´activités, se caractérise par des émissions très importantes de méthane (CH4) et de protoxyde d´azote (N2O), et par une faible émission de dioxyde de carbone (CO2). Or le méthane a un pouvoir de réchauffement global de 21 contre 1 pour le dioxyde de carbone, et le protoxyde d´azote de 310.
L´agriculture est d´autre part un des secteurs où l´incertitude sur les mesures est la plus importante, en particulier à cause des émissions de protoxyde d´azote des sols. Ce gaz est essentiellement produit par l´action de bactéries dénitrifiantes du sol. Plus la fertilisation minérale est importante, plus les émissions de protoxyde d´azote sont fortes. Elles sont aussi très irrégulières. Un pic d´émission a lieu à chaque pluie suivant un épandage d´engrais azoté. De même l´importance de la fermentation dans le rumen chez les ruminants, qui produit du méthane, dépend de la ration alimentaire et du type d´animal.
©F. d´Alteroche

Émissions directes et indirectes des gaz à effet de serre
Une exploitation émet des gaz à effet de serre (GES) à la fois directement et indirectement. Parmi les émissions directes figurent les éructations des ruminants, qui contiennent du méthane. Ce gaz est fabriqué dans le rumen au cours de la fermentation des aliments. Le méthane est aussi dégagé, en quantités beaucoup moins importantes, par l´évolution des bouses en pâture et des déjections en stockage. La consommation d´énergie (carburants des tracteurs.) est l´autre source principale d´émission directe de GES, sous la forme de dioxyde de carbone. S´y ajoutent des émissions de GES indirectes, celles qui ont eu lieu en amont, pour fabriquer et acheminer jusqu´à l´exploitation les intrants qu´elle utilise. C´est le cas par exemple des engrais minéraux, des aliments du bétail.
D´autre part, les émissions sont évaluées de façon globale dans le temps. Le protoxyde d´azote est émis pendant plusieurs semaines par les déjections en stockage, à la pâture, à l´épandage, au cours du processus de fixation de l´azote par les légumineuses. Les dépôts atmosphériques d´ammoniac et le lessivage des nitrates sont aussi des sources de protoxyde d´azote prises en compte dans cette méthode.
Les émissions des différentes sources sont converties en équivalent CO2 et rapportées au kilo de lait, au kilo de viande vive ou à l´hectare.

Peu de différence d´un système d´élevage à l´autre
Appliquée à des cas types lait et viande des Réseaux d´élevage, la méthode Ruminair permet d´approcher le niveau des émissions de GES par système d´élevage rapportée au litre de lait ou au kilo de viande produit. « Le méthane issu de la fermentation entérique représente environ la moitié de ce pouvoir de réchauffement global si l´on tient compte de tous les animaux du troupeau et des surfaces qui leur sont attachées, rapporte Sylvie Hacala de l´Institut de l´élevage à Angers. On constate d´autre part qu´il n´y a pas de grande différence d´un cas-type à l´autre à l´échelle du système d´élevage ».
Tout type de système semble pouvoir produire avec les mêmes performances par rapport à l´émission de GES. « Dans les cas-types viande, il n´y a pas de corrélation entre le concentré ingéré et les émissions ramenées au kilo de viande vive ; il en est de même pour le bilan de l´azote à l´hectare. Cependant la taille de nos échantillons est faible et il faudrait travailler sur des systèmes non optimisés », note Sylvie Hacala.

Le travail devrait être poursuivi pour pouvoir comparer des grandes orientations de systèmes d´élevage : autonomie alimentaire ou achats plus ou moins importants d´aliments, niveau d´intensification à l´animal ou à la surface.
Quoi qu´il en soit, les prairies et les haies représentent des stocks de carbone qui sont immobilisés. Certes ce carbone sera un jour émis dans l´atmosphère, en cas de retournement de la prairie ou de combustion du bois par exemple, mais en attendant il ne participe pas à l´effet de serre. « La compensation des émissions totales de GES par le stockage du carbone dans le sol s´échelonne (selon les hypothèses faites sur le retournement des prairies) entre 10-14 % pour un système à plus de 30 % de maïs dans la SFP, et 40-70 % pour les systèmes très herbagers », explique Sylvie Hacala. Cette compensation des émissions liées aux animaux et aux surfaces est donc loin d´être négligeable pour les systèmes herbagers.

Source : Consommation d´énergie et effet de serre, actes des journées de l´AFPF, 27-28 mars 2006.
(1) Le Citepa est le centre technique interprofessionnel d´études de la pollution atmosphérique, chargé officiellement de faire l´inventaire des émissions de gaz à effet de serre. http://www.citepa.org

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