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Les déchets de bois comme alternative à la paille de litière pour les bovins

La paille de céréales est loin d’être la seule possibilité pour constituer une litière confortable. La chambre d’agriculture de la Corrèze a coordonné un essai comparatif des principaux autres substrats pouvant être utilisés.

La paille de céréales est de très loin le principal produit utilisé pour les litières des bovins. La multiplication des stabulations sur litières accumulées — particulièrement gourmandes en paille si on veut que les animaux soient confortablement logés — se traduit souvent par la nécessité d’acheter une partie de la litière pour compléter une production insuffisante avec à la clé une dépense souvent conséquente.

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Le prix de la paille fluctue selon les années mais affiche une tendance très nettement haussière depuis quinze ans avec des tarifs forcément impactés par l’éloignement des zones céréalières et le renchérissement du transport. À cela s’ajoute l’impact d’une météo qui accroît forcément la demande en période de sécheresse sans occulter également l’impact néfaste des périodes trop humides au moment du semis des céréales ou lors de la moisson. Difficile également de faire abstraction des débouchés non agricoles en particulier ceux à fins énergétiques avec le développement des unités de cogénération et des méthaniseurs.

Les différentes alternatives à la paille

Mais la paille de céréales n’est heureusement pas le seul produit à même de pouvoir être utilisé pour confectionner une litière. Pour analyser avantages et inconvénients des principales autres possibilités, la chambre d’agriculture de la Corrèze a coordonné un essai réalisé à la fin du printemps dernier chez Sébastien Chauzas, naisseur engraisseur à Estivaux dans l’ouest de la Corrèze sur des lots de vaches en cours de finition. Supervisé par la chambre d’agriculture, ce travail a été conduit avec les entreprises Agricentre Dumas et la société Fargesbois basée à Égletons en Corrèze et filiale de l’entreprise vendéenne de sciage et transformation Piveteaubois.

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L’objectif de cet essai comparatif était d’analyser les avantages et inconvénients tant techniques qu’économiques de différents sous-produits des cultures ou de l’industrie forestière sans occulter les possibilités offertes par la dolomie. En revanche même si la Corrèze est un des départements les plus boisés de France, la solution plaquettes forestières n’a pas été testée dans le cadre de cet essai. Ce produit est de toute façon de plus en plus connu et il existe de nombreuses références.

Bien des éleveurs utilisent d’ailleurs très régulièrement des plaquettes forestières, le plus souvent en association avec de la paille. Ce produit donne satisfaction à condition d’être utilisé dans de bonnes conditions en anticipant bien en amont la confection du stock à utiliser en cours d’hivernage pour avoir un produit parfaitement sec à l’heure de rentrer les animaux en stabulation.

Sept produits différents

« L’essai s’est déroulé entre le 12 mars et le 25 avril dernier sur une durée de cinq semaines », souligne Coralie Sirieix, en charge de la supervision de ce travail pour la chambre d’agriculture. Son principe a été de comparer sept produits différents (sciure de bois, dolomie, granulés de bois, miscanthus, granulés de bois + paille, sciure + paille, paille) pour réaliser la litière de sept cases de même dimension où étaient logées sept à huit vaches limousines en cours de finition.

L’apport initial pour les différentes litières a été fait avec les volumes correspondant à ce qui est classiquement préconisé. « Dès la première semaine de l’essai, les litières à base de paille et de dolomie étaient moins propres que celles comprenant de la sciure, du miscanthus et des granulés de bois », souligne Coralie Sirieix. Au bout d’une semaine, de la paille a été ajoutée dans les box de dolomie, sciure/paille et paille puis régulièrement à raison d’une à deux fois par semaine. De la sciure (case 1) et du miscanthus (case 4) ont été ajoutés à raison d’une fois toutes les deux semaines et de la paille a été épandue dans la case 5 à raison de deux fois sur la période du suivi.

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« La durée de la litière sur granulés de bois a été de 35 jours (sans aucun apport) alors que pour toutes les autres modalités il a fallu ajouter un complément de matière (substrat initial ou paille) beaucoup plus tôt pour que les animaux restent propres et confortablement logés », souligne Coralie Sirieix. Différents relevés (température des litières, propreté des litières et des animaux, odeur du fumier, conditions météorologiques) ont été très régulièrement réalisés tout au long des cinq semaines puis des analyses ont été faites pour chacun des sept fumiers curés dans les sept cases utilisées pour l’essai.

Un bâtiment bien adapté aux litières sans paille

Sébastien Chauzas, engraisseur spécialisé en femelles haut de gamme a mis à disposition une partie de son bâtiment pour cet esssai.

 

L’essai a été réalisé sur l’un des bâtiments d’engraissement de Sébastien Chauzas, naisseur et surtout engraisseur, spécialisé dans les femelles bouchères en misant d’abord sur les animaux haut de gamme. Ses principaux bâtiments d’élevage sont répartis sur deux sites avec d’un côté ceux destinés à héberger ses 110 mères limousines et le renouvellement. Un second site est réservé à l’atelier d’engraissement où sont finis une moyenne de 500 têtes par an réparties entre une soixantaine de JB limousins principalement nés sur l’exploitation, une cinquantaine de génisses limousines et la part restante repose sur une majorité de femelles de boucherie lourdes et bien conformées principalement destinées à des boucheries traditionnelles en recherchant pour cela des vaches limousines plutôt haut de gamme côté conformation sans occulter quelques génisses lourdes croisées charolais x aubrac, elles aussi destinées au créneau de la boucherie artisanale.

Pour les litières, le bâtiment se prête bien à l’utilisation de produits autres que la paille compte tenu de la disposition des cases, faciles à curer puis à regarnir en litière par l’arrière. Le sol est stabilisé à la chaux. Cette technique consiste à mélanger de la chaux avec de la terre, puis à com­pacter ce mélange afin d’obtenir une meilleure portance. La litière utilisée par cet engraisseur repose habituellement sur de la sciure stockée sous un hangar et provenant d’une scierie proche. Autre détail important, la stabulation utilisée pour cet essai est recouverte de panneaux photovoltaïques et idéalement orientée plein sud. Enfin, l’alimentation repose sur une ration sèche distribuée à la mélangeuse. Elle associe paille de blé, mélasse, complémentaire azoté et trois céréales différentes (orge, maïs et blé). Elle n’a bien entendu en rien été modifiée au cours des cinq semaines de l’essai.

Des granulés de bois initialement destinés à la combustion

Les granulés de bois utilisés ont été fournis par la société Fargesbois. Il s’agit de pellets de sciure compressée de 6 mm de diamètre, initialement destinés à l’alimentation de chaudière mais déclassés car n’ayant pas la longueur suffisante. « Pour la combustion en chaudière, la taille optimale est de 1 à 3 cm de long. Nous extrayons donc juste les moins de 1 cm appelés 'miettes' pour faire de la litière », précise Baptiste Galland, responsable commercial « pellets » pour la société Fargesbois.

La différence avec les granulés de chauffage est le passage au crible pour réaliser un tri selon leur dimension avec bien entendu une différence sur leur prix. La masse volumique des « pellets litière » avoisine 650 kg/m3 et leur taux d’humidité est inférieur à 10 %. « Nous utilisons sciure et produits connexes issus de notre scierie pour confectionner nos granulés. C’est donc du bois 100 % résineux, essentiellement du douglas, du pin, de l’épicéa et du mélèze », précise Baptiste Galland.

 

Les principaux résultats

-1- Température des litières

Les températures de la litière dans chacune des sept cases ont été relevées chaque semaine à 10 cm de profondeur. Elles n’ont jamais excédé 23 °C et dans l’ensemble ont été en légère progression les trois premières semaines avant de redescendre au cours des suivantes. C’est avec le mélange sciure + paille qu’elles ont été globalement les plus élevées mais dans tous les cas de figure n’ont jamais excédé 30 °C, valeur à partir de laquelle certaines bactéries pathogènes peuvent se développer. « Il semblerait que les écarts de température entre la litière et la température ambiante du bâtiment sont plus stables avec des granulés de bois ou des granulés mélangés à de la paille, souligne le compte rendu de l’expérimentation. De même, on observe peu d’écarts de température des litières tout au long de l’essai avec les granulés de bois. »

Lire aussi : La température de litière comme indicateur de curage

-2- Propreté des litières et des animaux

Dès la première semaine de l’essai, les litières à base de paille et de dolomie étaient moins propres que celles comprenant de la sciure, du miscanthus et des granulés de bois. Conséquence logique de ces observations de la litière, au vu des observations hebdomadaires, les animaux étaient plus propres avec des litières de type granulé, sciure et miscanthus comparativement aux litières à base de paille ou de dolomie. « De plus, de la paille a dû être régulièrement apportée dans les cases « dolomie + paille », « paille + sciure » et « paille » sans pour autant obtenir un niveau de propreté équivalent aux litières à base de granulés de bois, sciure ou miscanthus. »

-3- Confort et bien-être animal

Lors des observations, les animaux étaient régulièrement couchés quel que soit le type de litière. Il y a eu des émissions de poussière uniquement lors de la mise en place de la couche de granulés de bois et de miscanthus alors que les émissions de poussière étaient bien présentes tous les deux jours dans les cases bénéficiant d’apport complémentaire en paille. Émissions qui peuvent avoir un impact négatif sur la santé des animaux comme sur celle de leurs détenteurs. Les litières à base de produits issus de la transformation forestière avaient — au moins dans les jours suivant l’entrée des animaux dans la case — une légère odeur de résine, laquelle n’a pas eu d’incidence sur la santé des animaux.

-4- Analyses du fumier

Quel que soit le substrat retenu pour réaliser ces litières, le pH des fumiers était toujours élevé et largement supérieur à 7 (voir tableau). Aucun de ces fumiers n’est donc susceptible d’acidifier les parcelles sur lesquelles ils seront épandus, même dans le cas de fumiers issus de litière à base de sciure ou de granulés de bois.

En revanche les analyses montrent que le rapport carbone/azote (C/N) est plus élevé pour les fumiers issus de résidus de bois. Cette valeur indique l’aptitude d’un fumier à se décomposer plus ou moins rapidement dans le sol : « plus le rapport C/N est élevé et moins l’azote est rapidement disponible ». À signaler les teneurs particulièrement élevées en calcium et magnésium du fumier issus de litière incluant de la dolomie comparativement aux six autres échantillons. Cela renforce donc l’intérêt du recours à la dolomie sur sols acides, déficients pour ces deux éléments.

 

Avis d’expert - Coralie Sirieix, chambre d’agriculture de la Corrèze

Une météo très favorable en phase d’essai

 

 
Coralie Sirieix
Coralie Sirieix © F. d'Alteroche
« D’autres éléments sont à prendre en compte pour notre étude et notamment l’alimentation des vaches. À noter qu’en fonction de l’équilibre de la ration, la qualité des bouses peut avoir un impact considérable sur la propreté des vaches et des litières. De plus dans l’ensembles des cases le point d’abreuvement était sur la marche du côté du quai d’alimentation et non sur la partie litière. Le point d’abreuvement n’a donc pas eu d’impact sur la qualité de la litière. Enfin tout au long de la période au cours de laquelle a eu lieu ce travail la météo a été très favorable pour limiter le salissement avec un temps sec et venteux et seulement deux jours de pluie pour un total de 20 mm. En pleine période hivernale, on peut considérer que la quantité de litière apportée aurait été plus élevée pour une même durée. »

 

Rédaction Réussir

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