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Le Sabot d’Or 2018 pour l’EARL de la Mare du Bois

L’EARL de la Mare du Bois, en Seine-Maritime, élève un troupeau de 65 Charolaises "valeurs sûres" pour les qualités maternelles, qui ne manque pas de profondeurs ni d’arrondis. Il est conduit à 100 % en IA avec Gènes Diffusion.

En Seine-Maritime, à Haudricourt, le troupeau charolais de l’EARL de la Mare du Bois a été créé en 1993 par François-Xavier Nuttens, à partir d’une douzaine de génisses achetées au moment de son installation. Les Charolaises ont remplacé l’atelier d’engraissement en progressant de 30 à 65 vêlages. En quelques étapes, l’insémination a totalement remplacé la monte naturelle. « L’insémination était pour moi d’abord le moyen d’accéder aux meilleurs taureaux, et de ne pas se tromper. J’ai toujours travaillé avec l’opérateur qui était local à l’époque, Gènes Diffusion », explique François-Xavier Nuttens. Avec son fils Quentin, qui l’a rejoint en 2018 sur l’exploitation, ils élèvent des Charolaises « valeurs sûres » pour les qualités maternelles, avec du gabarit et du lait, sans avoir laissé de côté la croissance et le développement musculaire. « Le troupeau présente des profondeurs et des arrondis, des largeurs de bassin et un grain de viande qui correspond aux besoins du marché », commentent les éleveurs. Il a été marqué par Jumper et Pinay entre autres.

Une partie du troupeau est orientée sur la génétique sans cornes depuis que le niveau des index des taureaux « SC » est devenu attrayant. Quelques vaches affichent une jolie robe froment. Mais malgré les qualités de leur troupeau, les éleveurs ne cherchent pas spécialement à vendre des reproducteurs. Ils ne souhaitent pas multiplier les types de conduite des animaux. Ils produisent des jeunes bovins de treize à quatorze mois qui "carburent" très bien, et des vaches de réforme sur un créneau de boucherie artisanale dans la région rouennaise.

VA4, pesées et programme Valoris 38

Pour orienter leur sélection, les éleveurs disposent d’une mine d’informations. Ils font d’abord fonctionner la bascule à toutes les occasions — pour les veaux, les génisses en croissance et les jeunes bovins, mais aussi deux fois par an pour les mères — et le troupeau est suivi en VA4 par Littoral Normand. L’élevage participe d’autre part depuis deux ans au programme Valoris 38 de Gènes Diffusion qui porte sur cinquante élevages charolais. François-Xavier et Quentin Nuttens récoltent dans ce cadre de très nombreuses informations sur chaque femelle, comme sa précocité sexuelle, le niveau d’expression des chaleurs, différents critères décrivant son comportement au moment du vêlage et celui de son veau, la reprise de cyclicité… et les ouvertures pelviennes sont mesurées à l’âge de douze à quinze mois. Les génisses sont également toutes génotypées à l’âge de huit mois. « J’avais commencé à le faire depuis quelques années. Pour moi, le génotypage permet de conforter ce qu’on pense de la génisse, en général sans grande surprise. Il dit le devenir de la génisse. »

Insémination par l’éleveur et vêlage à deux ans

Toutes les génisses sont élevées jusqu’au premier vêlage. Quatre ou cinq taureaux sont utilisés par campagne. François-Xavier Nuttens s’est formé pour réaliser lui-même les inséminations il y a cinq ans. « L’objectif est d’être autonome pour organiser les inséminations. Il faut en contrepartie ne pas s’enfermer sur son élevage et rester ouvert à l’avis des personnes extérieures. » L’éleveur travaille sur chaleurs naturelles et elles sont détectées par observation des animaux, au moins trois fois par jour et souvent un peu plus. Les IA sont réalisées au cornadis. L’élevage bénéficie dans le cadre du programme Valoris d’un suivi de la reproduction avec des échographies 30 jours, 40 jours et 45 jours après l’insémination, puis entre 60 et 70 jours. « Le résultat est très satisfaisant avec par exemple l’an dernier 1,2 paillette utilisée par génisse », observe Guillaume Delamotte, conseiller viande bovine pour Littoral Normand. "Les vêlages ont pu être regroupés sur deux mois, à partir du 1er septembre, alors que les éleveurs sont en train de passer complètement au vêlage à deux ans. Cette année, ce sont en effet 80 % des génisses qui ont vêlé à deux ans (et les autres à trois ans). En 2017, le bilan de la reproduction est impeccable, avec 65 veaux nés pour 65 vêlages, un IVV moyen de 357 jours (361 jours pour les primipares), et un taux de mortalité des veaux de 3 %." Actuellement, le seul motif de réforme est la fécondité après deux mois de reproduction. « Quand on arrivera à 100 % de vêlages à deux ans, on pourra rallonger un peu la période de reproduction », observent les éleveurs.

La moitié des vêlages se déroulent sans aide, 40 % avec aide facile et 5 % avec césarienne. François-Xavier et Quentin Nuttens apprécient beaucoup leur système de monitoring pour la détection des vêlages (SmartVel). Ils s’appliquent à travailler la docilité. Les veaux sont séparés des mères et têtent deux fois par jour. Au bout de quelques semaines, ils sont « dressés » au sifflet. Les vaches sont bloquées au cornadis un moment matin et soir. Les génisses sevrées sont soigneusement manipulées et restent autour du corps de ferme jusqu’au vêlage.

Betteraves fourragères et enrubannage de luzerne

Le troupeau pâture de mi-avril à fin octobre. Les rations hivernales sont construites sur la base de betteraves fourragères, enrubannage de luzerne, avec de la paille de blé. La minéralisation a été revue de près. « Nous sommes passés à deux repas par jour et avons réintroduit l’enrubannage de prairies pour éliminer la subacidose liée aux betteraves fourragères, qui a pu expliquer des pertes embryonnaires il y a quelque temps. » Les vaches suitées sont complémentées avec 2 kilos de pulpes déshydratées et 0,5 kilo de tourteau de soja. Les primipares ont une UF supplémentaire. Pour les génisses d’un an, avec un objectif de croissance de 900 g/jour, la ration est composée d’enrubannage de luzerne, betteraves fourragères, avec 1,2 kg d’orge, 0,5 kg de tourteau de soja, 0,5 kg de féverole, et 2 kilos de paille et des minéraux. Les jeunes bovins réalisent après sevrage une croissance de 2 kg par jour. La ration est composée à moitié de pulpes de betteraves déshydratées et maïs grain, et à moitié d’un aliment du commerce à 23,5 de MAT, avec deux kilos de paille de blé. L’objectif de 430 kilos de carcasse est atteint entre treize et quatorze mois. Les vaches de réforme donnent des carcasses de 530 kilos de moyenne sur les cinq dernières années. Elles étaient à 460 kilos il y a dix ans.

Chiffres clé

Niveau génétique de l’ascendance maternelle 2017

103,6 d’ISEVR

105,9 d’IVMAT

100,7 d’IFNAISS

102,4 de CRsev

101,5 de Dmsev

102,1 de DS sev

102,9 de FOSsev

106,7 d'Avel

103,8 d’Alait

IABjbf : 104,8

Niveau génétique de l’ascendance paternelle 2017

115,2 d’IVMAT

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