« Le premier frein est le volet financier »
Jacques Bois, en charge du volet bâtiment d’élevage à la chambre d’agriculture de la Corrèze jusqu'en décembre 2017, estime que les logettes ont de nombreux avantages en élevage allaitant.
Jacques Bois, en charge du volet bâtiment d’élevage à la chambre d’agriculture de la Corrèze jusqu'en décembre 2017, estime que les logettes ont de nombreux avantages en élevage allaitant.
Le premier frein est le volet financier avec, dans une stabulation à logettes, le montant nettement plus conséquent de l’investissement initial. Il y a ensuite des appréhensions par rapport à l’adaptation d’un cheptel allaitant à un bâtiment à logettes. La crainte d’avoir des animaux blessés au moment des mises à la reproduction est souvent évoquée. C’est peut-être un peu plus périlleux que dans d’autres types de stabulations, mais cela fonctionne. Les élevages qui les ont adoptées en sont la preuve.
Beaucoup d’éleveurs s’interrogent également sur le confort permis par les logettes. Nombre d’entre eux ont du mal à intégrer cette absence de paille alors qu’une logette munie d’un tapis est nettement plus confortable qu’une litière insuffisamment paillée.
Avant de construire, il est surtout essentiel de bien rappeler aux éleveurs quel sera le montant des frais annuels de fonctionnement de leur futur bâtiment. Attention aux fausses économies. Quand ils construisent une stabulation intégrant une litière paillée, beaucoup d’éleveurs sont surpris par le budget englouti dans les achats de paille.
À côté de l’économie liée aux achats de paille, le fait de ne pas avoir à gérer les stocks de paille puis de fumier est aussi un avantage important. Beaucoup d’éleveurs ne comptent pas suffisamment le temps et l’argent consacré à la gestion, l’entretien et le renouvellement d’une litière paillée : constitution du stock de paille, éventuelle mobilisation d’un hangar pour la stocker, présence d’une pailleuse … et d’un tracteur pour la faire fonctionner au quotidien, gasoil consommé...
Un autre gros avantage réside dans le calme des animaux, même s’ils ne sont pas écornés. Quand, dans un lot, certaines vaches « se cherchent » pour mettre en place la hiérarchie, la dominée rejoint le plus souvent rapidement une logette où la dominante lui fout la paix. Le fait de disposer de logettes limite les interactions. Sur une aire paillée, une dominante n’hésite pas à faire lever une dominée et à troubler sa quiétude. C’est un comportement que l’on n’observe pas avec des logettes.
La plupart des éleveurs qui optent pour les logettes estiment dès le départ que ce mode de logement tout à fait adapté pour des vaches allaitantes. En revanche, faire changer d’avis un éleveur qui n’est pas convaincu dès le départ n’est pas chose facile. Mais je me répète, le principal frein est lié à l’investissement de départ.
Quand voici quelques années, le prix de la paille était monté à 120 euros la tonne dans bien des régions d’élevage, tout le monde s’affolait. Puis les tarifs sont redescendus et les éleveurs n’ont pas mordu aux solutions qui leur étaient proposées (plaquettes forestières, transformation de certains bâtiments de façon à les rendre moins gourmands en paille…). Dans les années à venir, on ne peut exclure que le prix de la paille grimpe une nouvelle fois à des tarifs déraisonnables…