Stabulation vaches allaitantes
Le fonctionnement peut s´avérer coûteux
Stabulation vaches allaitantes
En plus du prix de revient d´un bâtiment, son coût de fonctionnement est un élément essentiel à prendre en compte bien avant de construire. Ce dernier peut être considérablement accru s´il s´agit d´un bâtiment trop gourmand en paille.
Sécheresse oblige, le prix de la paille atteint des sommets en cette fin d´hiver. Dans ces conditions, confectionner avec cette même paille une litière épaisse et confortable est devenu quasiment un luxe. D´autre part, depuis plusieurs années, le fort développement des constructions de stabulation et notamment des stabulations laissant la part belle aux aires paillées intégrales a renchéri - et probablement de façon durable - la demande en paille pour les années à venir. Bien entendu, la climatologie de l´année 2003 a été exceptionnelle et la logique voudrait que cette situation ne se reproduise pas tous les ans. On peut donc raisonnablement penser que l´année en cours sera une année fourragère plus « normale » permettant ainsi d´afficher des tarifs plus raisonnables pour les sous-produits issus des cultures. Et en la matière, la réduction de 10 à 5 % des surfaces en jachère pour les scop dans les zones céréalières sera un atout supplémentaire pour détendre le marché.
©F. d´Alteroche |
Les achats de paille doivent se calculer sur le long terme
Il n´empêche. Pour des exploitations très herbagères situées loin des zones à dominante céréalières, le fait d´avoir vu monter en flèche le prix de la paille doit être un avertissement supplémentaire pour réfléchir mûrement son projet si l´on s´apprête à investir dans un bâtiment d´élevage. D´autre part et même si elle est la matière la plus utilisée, la paille n´est pas le seul produit utilisable pour confectionner une litière. Les co-produits d´autres cultures mais aussi du bois sont des alternatives à creuser.
Pourtant, à première vue, les stabulations « avec aire paillée intégrale » peuvent apparaître comme la solution évidente. En effet, ce mode de logement présente un coût d´investissement plus limité comparativement aux autres solutions et génère peu de nuisances pour le voisinage (odeurs). De plus, les possibilités de mécanisation quasi-totale des tâches d´alimentation et de paillage offrent une bonne souplesse pour le travail tout en limitant la main-d´oeuvre nécessaire.
Mais attention, « si le coût d´investissement à la place logée peut apparaître comme un des critères de réflexion dans la conception de votre projet, les coûts de fonctionnement ne sont pas à négliger dans cette approche économique. Une réelle estimation du coût de revient annuel à la place logée doit prendre en compte, outre le coût d´investissement, les coûts de fonctionnement (dont la consommation de paille) et les charges liées à certains investissements induits à court ou moyen terme : pailleuse, matériel d´épandage, hangar de stockage. », soulignent les techniciens de la région Bourgogne dans un ouvrage collectif sur les bâtiments. Il est par exemple dommage de consacrer des sommes rondelettes aux achats de paille pour ensuite la stocker à l´extérieur !
L´inconvénient majeur des aires paillées intégrales est d´être particulièrement gourmandes en paille, surtout si le système d´élevage est basé sur des vêlages d´automne. Il oblige à prévoir autour de 1,5 tonne par couple mère-veau et par hiver pour avoir un confort optimum des animaux.
Cette dépense qui est à calculer sur le long terme doit être bien appréhendée avant d´opter pour ce type de construction, surtout si la climatologie locale nécessite une longue période de stabulation et si le mode d´alimentation retenu fait la part belle à l´ensilage d´herbe. A quoi sert de choisir ce type de bâtiment si c´est pour laisser les animaux patauger jusqu´au jarret dans un fumier mou ? Cette situation n´est malheureusement pas exceptionnelle - surtout cette année - et elle va sensiblement réduire les performances des animaux tout en faisant grimper en flèche les taux de mortalité sur les jeunes veaux. « Toute recherche d´économie sur le paillage ou toute augmentation de la densité animale se traduit rapidement par une nette dégradation des conditions de vie des animaux : agressivité entre eux, litière difficile à maintenir propre. Un mode de logement avec « aire paillée intégrale » nécessite de l´ordre de 8-10 kilos de paille par jour et par couple mère-veau. »
©D. R. |
Avant de choisir, ne négliger aucune visite, être curieux
Cependant, aucun mode de logement n´est parfait. « Tous présentent des avantages et des inconvénients, à peser en fonction de ses priorités et du contexte de son exploitation. » Le choix de tel ou tel type de bâtiment résulte toujours d´un compromis entre le coût, les possibilités de financement, les contraintes existantes, la réglementation, les possibilités d´évolution et d´extension futures, les conditions de travail pour l´éleveur et le bien-être des animaux. Choisir tel ou tel type de bâtiment, c´est aussi s´engager pour plusieurs années sur une façon de travailler et sur un mode de conduite. Sans oublier d´abord de contacter au plus tôt son technicien bâtiment, mais aussi son centre de gestion et son banquier, on ne peut que conseiller à tout éleveur qui envisage de construire un bâtiment de ne négliger aucune visite et de profiter des différentes portes-ouvertes régulièrement organisées. Même si le bâtiment visité ne correspond pas tout à fait à ce que vous recherchez, il faut être curieux. Il y a partout de bonnes idées à prendre.
(Article extrait du dossier de Réussir Bovins Viande du mois de Mars 2004 consacré à la « Stabulation libre ». RBV nº 103, 22 pages.)