Marque
La " Nouvelle agriculture " se déploie en viande bovine
Ter’élevage développe progressivement sa filière d’agriculture " écologiquement intensive ». En production bovine, trois segments ont été définis et ont tous démarré à ce jour.
Ter’élevage développe progressivement sa filière d’agriculture " écologiquement intensive ». En production bovine, trois segments ont été définis et ont tous démarré à ce jour.
La « Nouvelle agriculture » est une marque à destination du grand public. Créée en 2013 par des agriculteurs adhérents de la coopérative Terrena, elle est née du concept de " l’agriculture écologiquement intensive " et travaillée depuis dix ans par Terrena. Elle propose une farine (lancé en 2015) et quatre types de viandes : lapin (démarré en 2013), porc (engagé en 2014), poulet (lancé en 2015) et bœuf. La filière viande bovine est la dernière à avoir vu le jour, en avril 2017. Les produits estampillés Nouvelle agriculture (NA) sont aujourd’hui disponibles au niveau des rayons traditionnels ou libre-service dans 2 333 grandes et moyennes surfaces (GMS) de l'Hexagone. Ces agriculteurs de l’Ouest de la France souhaitent retisser un lien fort et direct avec le consommateur. « L’objectif est d’améliorer la rémunération de l’ensemble des producteurs en construisant une filière rentable, capable de s’adapter aux évolutions de la consommation », souligne Joseph Locqueville, ingénieur filières la Nouvelle agriculture.
Leur volonté est de « tendre vers des pratiques plus naturelles, plus respectueuses de l'écosystème et du bien-être des animaux en encourageant l'usage d'alternatives aux pesticides ou aux antibiotiques en élevages ». Pour cela, onze engagements rassemblent ces agriculteurs.
Trois segments en viande bovine
Trois segments concernant les bovins ont été développés. Le premier touche les « génisses d’excellence ». Il porte sur des bêtes de race Charolaise, âgées de 24 à 48 mois pour un poids carcasse allant de 300 à 390 kilos maximum, classées R-. « Le prix payé à l’éleveur est fixé à l’année et dépend des coûts alimentaires et de mise en place. Il est variable selon la saison et s’élève de 4 à 4,35 € le kilo carcasse. Le second segment, celui des « vaches prestige », concerne des Charolaises en finition à l’herbe ou à l’auge, âgées de 28 à 96 mois, pour un poids carcasse compris entre 320 et 470 kilos carcasse. La moitié des bêtes est classée R =, l’autre moitié R+. La plus-value éleveur s’échelonne de 15 à 40 centimes d’euros par rapport à la grille FranceAgriMer », souligne Mickaël Piveteau, responsable marché à Ter’élevage. Enfin, le dernier segment, « sélection vaches laitières » (SVL), vise des réformes et bœufs laitiers.
Ce dernier secteur a été lancé récemment et se tourne vers le marché surgelé (steaks hachés, boulettes de viande). « Nous avons affaire à de nouveaux interlocuteurs. C’est un marché qui démarre doucement », précise Joseph Locqueville, avant d’ajouter : « pour la filière bovine, il était difficile de mettre la diversité existante en un seul produit ; c’est pourquoi nous nous sommes focalisés sur la race Charolaise. Le segment génisses a été créé pour répondre aux besoins émanant du client, autrement dit disposer de morceaux rentrant dans une barquette et d’un produit de qualité constante. Puis nous avons avancé sur les vaches. À l’avenir, il n’est pas exclu d’aller sur d’autres races ou d’autres catégories. La filière bovine a tout juste un an de recul, il est important encore d’évaluer le potentiel et d’attendre que ces premiers segments soient établis. Un produit « jeunes bovins » existe déjà mais il doit encore trouver sa place auprès des clients étrangers, la différence de prix avec des concurrents internationaux étant difficile à faire passer ».
Actuellement, 200 bovins (70 « génisses d’excellence », 60 vaches et bœufs laitiers « sélection vaches laitières » et 70 « vaches prestige ») sont produits selon ces cahiers des charges et sont mis sur le marché, chaque semaine. « Dès septembre 2018, on devrait atteindre 100 génisses d’excellence et 80 animaux pour les deux autres segments. Des pistes sont à l’étude pour développer les volumes dans les segments excellence et prestige. Ils pourraient permettre une augmentation de 40 % sur l’année 2019. Actuellement, plus de 1 000 éleveurs sont engagés dans cette démarche en bovins viande (317 producteurs en génisses, 336 en prestige et 400 en SVL). Un outil de planification a été créé. Il fonctionne en trois étapes. L’éleveur inscrit dans un premier temps ses bovins dans la démarche avec une carence de 50 jours. Puis, dix semaines avant la date envisagée, le technicien valide la mise en finition. Enfin, l’éleveur ou le commercial annonce quatre semaines avant le départ prévu de l’animal, avec une variable d’une semaine pour les enlever. On incite les producteurs à peser les animaux avant leur départ pour faire du direct abattoir. Sinon, ils passent par un centre de tri pour être classés et pesés », note Mickaël Piveteau.
La Nouvelle agriculture pour les bovins est positionnée sur des programmes alimentaires basés sur l’herbe et le lin. « Les cahiers des charges stipulent l’enrichissement en oméga 3 de l’alimentation (suivant les exigences de production Bleu blanc cœur) et l’utilisation à l’auge de nutrifacteurs. Cet enrichissement peut être obtenu soit à l’herbe, soit par un complément alimentaire agréé par Terrena, avec un minimum de 70 jours de finition. On incite à l’engraissement à l’herbe. Le mode alimentaire est le même sur la zone Terrena pour obtenir un produit le plus homogène possible. Les éleveurs signent un contrat qui les engage à respecter le cahier des charges, qui nous donne accès au droit à l’image et autorise une visite de l’exploitation par le consommateur ou un client distributeur », observe Mickaël Piveteau.
Groupe Terrena en 2016
Ter’élevage en 2016
Communication
Afin de promouvoir la marque la Nouvelle agriculture, des agriculteurs et leurs enfants se sont mis en scène dans un clip, sur une musique originale d’Aldebert (adaptation du titre « mon père il est tellement fort »). Le clip a été tourné sur leurs exploitations et diffusé sur la page Facebook de la marque.
www.lanouvelleagriculture.coop
Par ailleurs, en se connectant sur le site www.jeproduis.coop et en renseignant le numéro de lot et le code-barres qui figurent sur l'emballage, les consommateurs peuvent accéder à de nombreuses informations sur le produit. Selon les filières, ils pourront prendre connaissance du nom de l'éleveur, de son emplacement géographique, voir des photos de l’exploitation et consulter le témoignage de l’éleveur... Ces données sont pour l’instant visibles en filières lapins et volailles. À terme, si un équilibre économique est trouvé pour pouvoir fournir ces mêmes renseignements aux clients, ils seront consultables en porcs et en bovins.
Au Gaec Marionneau : valoriser toutes les femelles dans le circuit Nouvelle Agriculture
« J’ai commercialisé mes premiers animaux sous la marque Nouvelle agriculture en avril 2017. J’ai choisi de m’engager dans cette démarche afin d’optimiser la valorisation de mes bêtes et de la matière première issue de l’exploitation, entre autres l’herbe », explique Olivier Marionneau, installé en Gaec avec son fils Guillaume, à Saint-Vincent sur Graon, en Vendée, sur 250 hectares et à la tête d’un troupeau de 180 mères charolaises. L’objectif des exploitants est de passer l’ensemble des femelles dans ce circuit, soit une centaine par an. C’est pourquoi quelques changements ont été consentis dans la conduite des animaux. L’ensilage de maïs a été supprimé des rations. Désormais, l’alimentation des femelles est basée sur le pâturage ou sur l’herbe conservée l’hiver (ensilage, enrubannage, foin) auxquels s’ajoutent pour la finition un complément à 17 de protéines, 4,6 % de matière grasse afin de respecter le cahier des charges Bleu Blanc Cœur. De la fétuque a été réimplantée.
Une centaine de femelles vendue par an
Les sorties des animaux sont réparties sur l’année. « Les réformes ont 8 ans au maximum pour un âge moyen du troupeau de 5 ans. Toutes les génisses vêlent à 2 ans. Les carcasses ne sont pas trop lourdes et correspondent à la demande en vaches prestige qui ne doivent pas dépasser les 480 kilos. Mes vaches partent en moyenne à 425 kilos carcasse. »
L’engraissement des réformes dure en moyenne 110 jours. L’hiver, elles consomment, sur cette période, environ 800 kg de granulés (4 kilos les 20 premiers jours, 6 kilos les 30 suivants, 8 kilos les 40 jours d’après et 10 kilos les 20 derniers jours). Au pâturage, 300 kilos suffisent. Selon les analyses des carcasses réalisées par la coopérative, 700 kilos de granulés sont nécessaires pour atteindre la dose d’Oméga 3 dans la viande répondant à la démarche Blanc bleu cœur. Les génisses restent 3 mois au pâturage et sont complémentées avec 6 kilos de granulés. « J’établis un planning de référence en début d’année. J’inscris ensuite les femelles sur le registre du groupement en début d’engraissement. À ce moment-là, la date de sortie est estimée. Cette démarche me permet de bien valoriser mes bêtes et de satisfaire les consommateurs. Les retours sont bons. Par rapport au marché actuel, je perçois une plus-value de 0,80 € pour les animaux prestige », précise Olivier Marionneau.
Au Gaec du chêne vert : des génisses d'excellence pour valoriser les prairies et le bâtiment
« Après l’arrêt de l’élevage laitier, notre coopérative nous a proposé de signer un contrat pour engraisser des génisses. C’est ainsi que nous avons démarré en octobre 2016 la production de génisses d’excellence. Cet atelier nous permet de valoriser nos 60 hectares d’herbe et nos anciens bâtiments laitiers », explique Joël Thomas, installé en Gaec avec son fils, à Mauzé-Thouarsais dans les Deux-Sèvres, sur 320 hectares. Des aménagements ont été effectués dans le bâtiment pour disposer de 140 places en box paillés de 8. « On peut ainsi sortir 70 à 80 bêtes à l’année. On achète à la coopérative l’aliment finition et les génisses (2,5 € le kilo vif). Elles ont entre 8 et 12 mois à leur arrivée et pèsent de 250 à 320 kilos. On les garde ensuite au minimum 12 mois car elles doivent être âgées d’au moins 24 mois à la vente, pour des carcasses comprises entre 340 et 370 kilos. »
Généralement, les bêtes arrivent par lots de 16. Elles restent ensuite 15 jours en bâtiments pour réaliser les prises de sang. Au printemps, les génisses repartent à l’herbe. En fin de finition, le complément alimentaire riche en oméga 3 monte à 3 kilos par jour. L’hiver, les génisses ont une ration à base d’ensilage d’herbe, de foin ou d’enrubannage.
« On a installé un couloir de contention avec une bascule à l’extrémité. Les génisses sont pesées tous les mois, voire tous les 15 jours en fin de finition. Elles partent à 700 kilos vifs pour un poids carcasse moyen de 360 kilos. Les dernières sont parties à 4,10 €/kg carcasse. »