« Je teste la gestation de mes vaches sur un échantillon de sang »
Élodie Taillandier, éleveuse de limousines, utilise depuis deux ans un test de gestation sur le sang pour toutes ses vaches. Elle organise en toute autonomie son suivi de la reproduction.
Élodie Taillandier, éleveuse de limousines, utilise depuis deux ans un test de gestation sur le sang pour toutes ses vaches. Elle organise en toute autonomie son suivi de la reproduction.
À l’Earl de La Cense, à Saint-Lambert-la-Potherie dans le Maine-et-Loire, Élodie Taillandier élève 70 limousines. « L’effectif de vaches a doublé il y a deux ans, et je suis en train de resserrer les boulons sur la répartition des vêlages », expose l’éleveuse. Après avoir travaillé avec des vêlages étalés sur l’année en veaux de lait sous la mère Label rouge, elle axe désormais son système sur la conduite de bœufs avec double période de vêlage.
Pour les diagnostics de gestation, le vétérinaire passait auparavant échographier une partie des femelles : celles qui avaient vêlé en dernier, celles dont la saillie n’avait pas été observée et celles pour lesquelles un retour en chaleurs était soupçonné. « Organiser un chantier pour l’échographie est contraignant. On le réalisait une fois par an, en septembre, et cela faisait tard pour réformer certaines vaches », explique Élodie Taillandier. Pour les vaches de réforme, le temps moyen entre vêlage et abattage était de neuf mois, ce qui était beaucoup trop long à ses yeux. « Pour gagner en productivité, je me fixe de commencer à engraisser les vaches avant le sevrage de leur veau. »
Aussi le test de gestation sur le sang réalisable en élevage, lancé en 2022, a tout de suite suscité son intérêt. « Avec ce test, je m’organise comme je veux. Cela me permet de savoir "au fil de l’eau" où en sont les vaches. C’est aussi moins stressant pour le troupeau comme pour moi de manipuler sans personne extérieure et en prenant mon temps. »
Le test sur le sang est devenu son unique méthode de détection des gestations. Le coût est équivalent par rapport à celui de l’échographie dans ces conditions. L’éleveuse achète sur le site internet de San’élevage les tests par 50, en kit avec un tube EDTA (de couleur violette) et une aiguille pour chacun des tests, pour un prix revenant à environ 5 euros par test.
Le test intervient 30 jours après le retrait du taureau
« Je teste toutes les génisses et les vaches mises à la reproduction 30 jours après le retrait du taureau. J’ai maintenant un lot à tester vers le 20 février et l’autre autour du 20 août. Et je teste aussi une à trois vaches douteuses à la fois quand j’ai besoin. » Élodie Taillandier a ainsi réalisé 70 tests cette année, et près d’une centaine au total. Elle a toujours obtenu un résultat conforme au statut de la vache.
« Ce test permet, avec des résultats fiables, de prendre rapidement des décisions de réforme et ainsi de gagner en productivité sur le troupeau », confirme Axel Babonneau, conseiller chez Seenovia. Il trouve sa place en élevage allaitant sur l’ensemble du troupeau comme unique méthode de détection de gestation ou bien au cas par cas en complément de chantiers d’échographie. Par exemple, pour une vache douteuse quelques semaines après une échographie positive, pour se rassurer sur l’efficacité d’un taureau qu’on ne voit pas saillir, ou encore pour certifier le statut d’une vache vendue ou achetée…
Pour faire les prises de sang sous la queue, Élodie Taillandier installe trois vaches dans le couloir de contention. « Ça ne bouge pas trop comme ça. Je ne maîtrise pas encore parfaitement le geste technique, et j’en rate quelques-unes. Je note le numéro de travail de la vache avec un marqueur indélébile sur le tube de sang, puis sur la caissette du test. »
Il lui arrive de garder le tube de sang au frigo une journée pour faire le test à un moment où cela l’arrange. « Je fais le test à la maison. En bâtiment, il fait parfois trop froid pour que le test fonctionne. C’est aussi plus pratique d’être au bureau pour enregistrer les résultats. » Le résultat est disponible en une dizaine de minutes.
« Un résultat garanti dès 28 jours après la fécondation »
« Le test de gestation Alertys OnFarm d’Idexx détecte les protéines associées à la gestation (PAG). Les PAG sont fabriquées par le placenta, donc elles sont présentes uniquement en cas de gestation. Nous garantissons la sensibilité du test à plus de 99 % dès 28 jours après la fécondation. Il peut ensuite être utilisé durant toute la durée de la gestation », présente Laurence-Gabriel Lambert, vétérinaire pour les laboratoires Idexx.
Une aiguille neuve doit être utilisée pour chaque vache, car une très petite quantité de sang restant pourrait fausser le résultat. « Le sang doit être bien homogénéisé avec l’anticoagulant en retournant le tube (capuchon violet) une dizaine de fois sans le secouer au moment de son prélèvement, et encore deux ou trois fois avant de prélever la sang avec la petite pipette fournie pour la disposer sur la tablette du test. Il est important d’ajouter la quantité exacte contenue dans la pipette. Pour effectuer le test, l’échantillon doit être à au moins 15 °C – l’idéal étant 20 °C – et pas à plus de 30 °C. Ceci pour que la réaction enzymatique sur laquelle repose le test fonctionne. La barre de résultat, qui est de couleur rose à rouge, peut présenter une intensité plus ou moins marquée. Même quand elle est pâle, le résultat est positif. »