Chez Emmanuel Savary dans la Manche
"Je délègue les travaux gourmands en puissance"
Avec 130 mères charolaises, Emmanuel Savary a préféré investir en temps et en argent sur l’élevage et déléguer le travail des champs.

J’ai commencé à travailler avec une entreprise dès mon installation en 1998. Il est plus rentable de déléguer certains travaux plutôt que d’avoir du matériel dans la cour. » Emmanuel Savary est éleveur à Sébeville dans la Manche d’un cheptel de 130 mères charolaises et leurs suites en système tout herbe. « Il est d’autant plus facile pour moi de déléguer la partie des travaux des champs que cela ne me passionne pas », explique Emmanuel Savary. Questions de rentabilité mais aussi de goût.
Un 50 et un 80 chevaux
L’éleveur a choisi de confier les travaux des champs à des entreprises de travaux agricoles. Seul, un plateau à foin est en Cuma pour rentrer les rouleaux sous le hangar. Curage de la stabulation deux fois dans l’année, épandage du fumier au mois de septembre, fauche et bottelage du foin ainsi que débroussaillage sont les travaux réalisés par trois entreprises différentes. « Il est vrai que je fais appel à plusieurs entreprises car lorsque j’ai commencé à déléguer le bottelage à une petite entreprise locale, elle n’avait pas le matériel pour le fauchage. J’ai alors eu recours à une seconde entreprise pour ce travail. Avant de demander à une troisième de venir pour le fumier, la seconde n’ayant pas le matériel nécessaire à l’époque. Depuis, j’ai gardé ce fonctionnement. En effet, chaque année, la même équipe pour chacune des entreprises vient. Je ne perds donc pas de temps à leur expliquer ce qu’il faut faire. Ils connaissent déjà exactement les lieux et mes besoins. » Emmanuel Savary effectue par contre le fanage et l’andainage. « Le fanage est une tâche que je ne compte pas déléguer car elle doit parfois être réalisée à l’heure près. Faire appel à des entreprises me permet par ailleurs d’avoir du matériel sophistiqué et très précis. La main-d’oeuvre expérimentée qui intervient, travaille avec rapidité et qualité. Il est difficile d’être performant avec un usage ponctuel du matériel. J’ai affaire à des équipes très sérieuses. Je suis donc certain que le travail demandé sera effectué en temps et en heure. » Faisant effectuer les travaux nécessitant de la puissance par l’intermédiaire d’entreprises, Emmanuel Savary est très peu équipé en matériel. Deux tracteurs, unvieux 50 et un 80 ch suffisent. Le 50 ch sert à la distribution du foin l’hiver, environ 200 heures par an. Le 80 ch effectue le fanage, l’andainage et permet de remorquer la bétaillère pour un total de 1100 heures par an. « Si je calcule ce que me coûteraient l’amortissement, l’entretien, le carburant et la main d’oeuvre pour réaliser ces travaux moi-même, je ne me pose pas de questions. Je pense avoir une exploitation plus viable de ce fait. »
Un bâtiment pour ses animaux
Le fait de déléguer les travaux des champs « me permet de dégager du temps pour me consacrer à mes bêtes. De plus, n’ayant pas à investir dans du matériel onéreux, j’ai pu construire une stabulation tout bois avec un couloir arrière pour observer plus facilement mes animaux, ainsi qu’un hangar de stockage pour le foin, en 2003. J’ai préféré m’équiper en bâtiments pour mettre fin au plein-air, plutôt qu’en tracteur de grosse puissance. Construire ces bâtiments, c’était investir pour de meilleures conditions de travail, pour permettre une meilleure surveillance des vaches, notamment au moment du vêlage. Je n’ai plus à leur courir après, la nuit, dans les pâtures durant la période de vêlage. Je suis satisfait d’avoir choisi un bâtiment plutôt qu’un tracteur surpuissant », conclut l’éleveur.
Chiffres clés
■ Travaux par tiers :
- fumier : 2688 €
- fauche : 5272 €
- bottelage (1 410 balles + 110 en enrubannage) : 3 318 €
- débroussaillage : 795 €
- autres (curage fossé, nettoyage stabulation...) : 2910 €
■ total délégation : 11 667 €
■ Coûts de fioul : 3 200 €
■ Coûts d'entretien du petit matériel : 3 757 €