« J’aime les vaches efficaces »
Jean-Marc Cazillac est animateur génétique à l’UALC et spécialisé sur la race Limousine. C’est aussi un passionné de photos et pas seulement de bovins !
Jean-Marc Cazillac est animateur génétique à l’UALC et spécialisé sur la race Limousine. C’est aussi un passionné de photos et pas seulement de bovins !
100% Haut-Viennois
À force de parler des origines des bovins, j’ai voulu en savoir davantage sur les miennes ! Je me suis pris de passion pour la généalogie. J’ai fouillé les registres pour remonter les branches de mon arbre généalogique sur parfois dix générations. Dans l’état actuel de mes recherches, tous mes ancêtres sont natifs de Haute-Vienne.
Photos
J’ai toujours aimé la photo. Des clichés de vaches, j’en ai des milliers, de toutes les races et dans toutes les situations. J’aime aussi photographier la montagne ou les gestes sportifs en cherchant à immortaliser des attitudes, des expressions ou un beau mouvement. Pour cela, je vais voir mon fils jouer au rugby et j’aime aussi promener mon appareil sur les cours de tennis et les concours hippiques.
Le plus de vaches au m2
Le Sommet de l’élevage est le salon où il y a le plus d’allaitantes au mètre carré ! On y discute « affaires » et on prend plaisir à se retrouver avec les collègues des autres races. L’ambiance est particulière, très conviviale. Il y a un côté « terroir » dans le bon sens du terme que j’apprécie vraiment.
Parallèle chêne-bovin
Lors de mes études à l’Enita de Dijon (actuellement Enesad), j’avais suivi une formation sur la forêt. On nous avait expliqué comment les chênes récoltés actuellement sont issus de glands semés au moment de la Révolution et que ceux plantés actuellement seront bons à abattre dans 200 ans. Cela m’avait frappé. En élevage on raisonne sur des délais très différents, mais c’est un peu la même chose. On prépare la génétique qu’utiliseront nos enfants. D’où la nécessité de savoir anticiper sur nos besoins de demain.
Création et suivi
Mon travail associe création et suivi du programme collectif de sélection des taureaux d’IA et appui aux coopératives de mise en place pour promouvoir les taureaux de ce même schéma. Automne et hiver sont consacrés aux portes ouvertes, aux visites d’élevages et aux plannings d’accouplements. Printemps et été sont davantage consacrés au suivi des descendances en cours d’évaluation à la station de Moussours en Corrèze. Les vaches que je vois en station au quotidien sont les sœurs de celles qui vêleront quatre ou cinq ans plus tard dans les élevages. C’est dans un sens tous les jours un voyage vers le futur.
Gène « vache »
Mes parents n’étaient pas éleveurs, mais mes grands-parents maternels l’étaient. Mon grand-père avait des Limousines dont j’ai retrouvé quelques photos que je conserve précieusement. Il est décédé l’année de ma naissance et ma grand-mère a poursuivi l’exploitation avec quelques laitières et du maraîchage. Je me souviens de ses Frisonnes…
Diversifier et préserver
Quand je fais un planning d’accouplement, je n’hésite pas à utiliser jusqu’à 20 taureaux s’il y a 100 femelles à accoupler et j’ai donc régulièrement recours à des taureaux souvent moins utilisés car passés de mode mais à la production confirmée. Il est important de diversifier les origines et préserver certains courants de sang minoritaires. Si tout le monde utilise au même moment un nombre limité de reproducteurs, cela peut restreindre cette diversité.
Rester poli
Bien des Parisiens viennent au Salon de l’agriculture comme ils viendraient au zoo. Certains sont désagréables. Sept à huit années consécutives j’ai eu droit à la même dame qui venait nous agresser sur le stand, prétextant que le recours à l’IA empêchait les vaches d’avoir une vie sexuelle épanouie. Il est parfois difficile de rester patient et poli…
Efficaces et productives
J’aime les vaches efficaces et productives. Ma satisfaction professionnelle est d’être avec un éleveur qui face à son lot de génisses issues d’IA ne sait pas lesquelles il va devoir éliminer au vu de leurs performances. Mais trop d’éleveurs donnent pour moi une importance excessive à la morphologie. Le bel animal est loin d’être forcément le meilleur choix pour produire des kilos de la façon la plus économique possible.