En 2016, le commerce du maigre est globalement resté fluide, mais le niveau de prix reste assez bas. Comment se porte le marché italien ?
M. F. - Au final, en 2016, on aura exporté en Italie plus d’animaux qu’en 2015. C'est le fait de l'exportation de beaucoup plus de femelles que l’an dernier, mais également de davantage de mâles. Certainement parce que les italiens ont moins importé en provenance des autres pays européens en 2016. C'est aussi parce qu'en 2015, les exportations avaient été bloquées pendant un mois et demi à cause de la FCO. Après les inquiétudes de ces dernières années, on constate que le volume du marché italien a plutôt tendance à se maintenir, voire à se redresser légèrement. Par contre, côté tarif, ce marché reste réglé par le prix de la viande en Italie, bloqué à un bas niveau.
Les marchés des pays tiers n'ont pas, en créant des appels sur le marché, fait décoller les cours du maigre ?
M. F. - Pour la Turquie, nous sommes toujours entravés par le fait que les broutards vaccinés contre la FCO ne sont pas acceptés. Ce marché pourrait absorber 100 000 à 150 000 broutards français par an si cette contrainte venait à être levée. Des animaux plus lourds, de 300 à 350 kilos, sont maintenant acceptés en Turquie. Mais la zone indemme de FCO telle qu'elle est configurée actuellement n'est pas très garnie en broutards et elle ne permet plus vraiment de travailler pour ce marché.
D'autres pays tiers ont cependant été importants en 2016. L'Algérie achète des animaux lourds que l'on avait du mal à placer ailleurs. Maintenant que le système des quotas est supprimé, ce marché est plus stable et plus facile à travailler. Au Maroc, c'est un peu reparti. Par contre, la Tunisie est complètement absente. Enfin, le Liban et la Lybie ont été des pays plutôt actifs avec principalement des animaux pour l'abattage.
Quel impact sur les marchés peut jouer l'aide exceptionnelle aux "jeunes bovins légers" ?
M. F. - Cette aide nous laisse circonspects. Le type d'animaux qu'elle cible correspond aux besoins de la Libye et du Liban mais l'offre est faible à cette période. Et ces marchés sont des marchés de prix, sur lesquels la plus-value est faible. Pour l'Algérie, il faudrait pouvoir faire entrer dans le dispositif de l'aide des animaux avec un certificat d'engraissement, car les contraintes des délais administratifs algériens ne permettent pas d'exporter avec un certificat d'abattage, même si les animaux sont destinés à l'abattage.
Que penser du potentiel marché israëlien ?
M. F. - Israël est un marché intéressant pour les broutards français qui pourrait s'ouvrir dans les prochains mois. Fin novembre, une mission française a permis de bien avancer vers l'obtention du certificat vétérinaire. Israël importe environ 200 000 animaux maigres par an : de 50 000 à 60 000 broutards portugais de 300 à 350 kilos, des veaux et broutards plus légers des pays de l'Est, ainsi que des broutards australiens. Le pays montre déjà de l'intérêt pour les broutards français, qui se démarquent par leur génétique des broutards portugais. On peut raisonnablement viser l'exportation de 20 000 à 30 000 têtes par an sur ce marché.
Qu'est-ce qui peut aujourd'hui faciliter l'exportation des animaux maigres ?
M. F. - J'encourage vraiment les éleveurs à vacciner leurs broutards contre la FCO . Nous avons besoin d'ouvrir davantage de pays afin de placer les différentes catégories de maigre français. Nous sommes au top sur le plan sanitaire et réglementaire. Mais pour avancer, nous avons besoin d'un peu plus de souplesse et de pragmatisme de la part de l'administration française. L'Espagne, par exemple, avance vite par rapport à nous sur ces dossiers de l'export sur pays tiers et nous prend des marchés sur de nombreuses destinations.
"J'encourage vraiment les éleveurs à vacciner leurs broutards contre la FCO"