« Il faut ouvrir nos entreprises »
L’abattoir EVA, dans le Calvados, a ouvert ses portes au public le temps d’une matinée, à l’occasion des journées Made in Viande. Des rencontres organisées pour créer du lien et expliquer.
L’abattoir EVA, dans le Calvados, a ouvert ses portes au public le temps d’une matinée, à l’occasion des journées Made in Viande. Des rencontres organisées pour créer du lien et expliquer.
« Avec ces journées, nous voulons faire connaître notre activité. Nos métiers ont besoin d’être connus et reconnus », explique Émilie Lenôtre, responsable qualité d’EVA (Entreprise viande abattage) à Saint-Pierre-sur-Dives (14). La PME, créée en 1987 par Henri Demaegt, a commercialisé 17 000 tonnes de viande en 2015, soit 800 gros bovins et 150 veaux abattus par semaine, environ 1 % du tonnage national. Elle génère 191 emplois, dont 133 salariés, sur deux sites de production dans le Calvados.
« Il faut expliquer notre métier et montrer comment nous travaillons. Les personnes qui visitent notre entreprise sont souvent surpris. Ils connaissent le produit fini, la viande, mais ne savent pas comment il se prépare. Souvent, ils n’ont aucune idée des opérations de préparation et découpe. Ils sont ravis d’avoir appris beaucoup de choses », résume Émilie Lenôtre.
« Tout au long de l’année, nous recevons nos clients, bouchers et grossistes, ainsi que les élèves du lycée agricole voisin, explique Henri Demaegdt, président d’EVA. Nous avions participé aux journées Made in Viande il y a deux ans, et aux journées de l’industrie. Début juin, nous organisons une journée pour nos salariés et leurs familles au cours de laquelle nous accueillerons cent trente personnes. Nous avons l’habitude d’expliquer notre métier. »
Expliquer et faire connaître les métiers de la viande
Pour sa deuxième participation aux rencontres Made in Viande, EVA a ouvert à la visite l’atelier de production, la coupe des carcasses vers l’expédition, le désossage et le conditionnement des viandes bovines. « Nous n’avons pas de contact direct avec les consommateurs. Nos clients sont des industriels de troisième et quatrième transformations, des GMS, des grossistes et des bouchers indépendants. Nous les appelons tous deux fois par semaine, nous sommes en contact permanent. Même les bouchers sont curieux de voir le processus de transformation de la viande, de comparer les conformations et les états d’engraissement. C’est important d’ouvrir notre entreprise, tant à nos clients directs qu’aux consommateurs. »
L’objectif des journées Made in Viande est aussi de faire connaître les métiers de la viande et, pourquoi pas, susciter des vocations. Et devant la dextérité et la rapidité des hommes sur la ligne de désossage et de découpe, on ne peut qu’être admiratif. « Il y a un vrai savoir-faire technique, mais aussi des exigences de cadence, de respect des bonnes pratiques d’hygiène… C’est un secteur qui forme et qui embauche, il faut venir le découvrir », rappelle Émilie Lenôtre.
Pour rassurer les visiteurs, Émilie Lenôtre explique lors de la visite toutes les règles à respecter : traçabilité, règles sanitaires, de sécurité des personnes et de bien-être animal. « Ici, à Saint-Pierre-sur-Dives, il y a dix personnes de la DDPP (1), dont neuf préposés sanitaires et un vétérinaire. Le bien-être animal est travaillé depuis plusieurs années. Nous avons des responsables protection animale, et tous les salariés au contact avec les animaux sont formés spécifiquement. »
(1) Direction départementale de la protection des populations.Huit cent quarante entreprises ouvertes
La deuxième édition des rencontres Made in Viande s’est déroulée du 21 au 25 mai dernier. Au total, 840 établissements ont ouvert gratuitement leurs portes au public, avec plus de 200 fermes et exploitations d’élevage, une vingtaine de marchés aux bestiaux et centres d’allotement, 70 abattoirs et entreprises de viande, près de 400 boucheries et triperies artisanales, plus de 100 boucheries en grandes et moyennes surfaces, et une trentaine de restaurants.
"Les gens ne sont pas obnubilés par les vidéos de L214. Le public qui a fait l’effort de venir à la rencontre des professionnels de la filière était curieux et bienveillant vis-à-vis de l’élevage", avance Yves Quilichini, directeur d’Interbev Normandie."Il y a beaucoup d’interrogations sur la traçabilité, les métiers, avec de nombreuses idées reçues sur l’alimentation des animaux, par exemple, rapporte Xavier Nicolle, d’Interbev Limousin. Il y a un réel intérêt des consommateurs pour connaître les métiers et les produits. Ces journées permettent de lever des incertitudes et de démystifier certains métiers."
Les premiers retours quantitatifs et qualitatifs sont plutôt positifs, même si les fréquentations ont varié en fonction de la date, des conditions climatiques, des lieux et de la communication faite en amont de l’événement. Il semble également plus difficile d’attirer le grand public dans les lieux qui ne sont pas en contact direct avec les consommateurs, qui sont pourtant les entreprises qui font le cœur des volumes : abattoirs, ateliers d’engraissement, centres de tri…