Heatime, un outil d’aide à la détection des chaleurs
Evolution lance en vaches allaitantes son outil d’aide à la détection des chaleurs, après avoir validé son utilisation en élevages charolais. Pour l'entreprise, Heatime doit permettre de conforter le recours à l'IA dans les cheptels allaitants.
Evolution lance en vaches allaitantes son outil d’aide à la détection des chaleurs, après avoir validé son utilisation en élevages charolais. Pour l'entreprise, Heatime doit permettre de conforter le recours à l'IA dans les cheptels allaitants.
Le Space verra le lancement officiel du Heatime en vaches allaitantes. Ce détecteur de chaleurs a été développé en élevage laitier par la société israélienne SCR, qui travaille en partenariat avec Evolution depuis 2008-2009. Une étude a été conduite dans quatre élevages charolais français (soit 365 vaches) au cours de l’automne 2015 et de l’hiver 2016, afin de valider son utilisation en élevages bovins viande. « Les résultats montrent que le système est aussi fiable qu’en élevage laitier, avec un taux de détection des chaleurs de l’ordre de 90 à 95 % », note Hila Kroll, responsable scientifique de SCR en Israël.
Les essais ont permis de « confronter l’outil à des éleveurs avec une bonne maîtrise de la reproduction. Le Heatime offre à certains la possibilité de sécuriser et de maîtriser davantage la période de reproduction pour un meilleur confort et plus de sérénité, et à d’autres d’avoir plus facilement accès à l’insémination », remarque Alain Chevallier, responsable filière monitoring chez Evolution. « Le principal frein à l’insémination reste la détection des chaleurs. Aujourd’hui, la période de stress du vêlage s’est déplacée vers celle de la mise à la reproduction », ajoute Philippe Doradoux, chef produit filière viande chez Evolution, avant de poursuivre : « pour détecter en moyenne 85 % des chaleurs, l’éleveur doit passer chaque jour 3 x 15 minutes dans son troupeau ».
Détecter les chaleurs grâce à l’accélérométrie et la rumination
Depuis septembre 2015, une nouvelle génération de " tags " (colliers) existe. Toutes les mesures se font désormais à partir de l’accélérométrie. Sont ainsi relevés en trois dimensions les mouvements de la tête pour la détection des chaleurs. Les colliers disposent également d’un microphone qui enregistre le son de la rumination. « Le suivi de cette dernière permet de confirmer ou d’infirmer certaines chaleurs et de détecter précocement des problèmes de santé, à l’échelle de l’animal ou du troupeau (épisode de grippe par exemple). Le Heatime HR compare l’activité des animaux par rapport aux dix à douze jours précédents. Chaque animal est donc son propre témoin », explique Matthieu Le Broc, chef de gamme monitoring Evolution.
Les tags envoient toutes les dix minutes l’information captée à une antenne radio, elle-même reliée à un boîtier autonome appelé box. Un historique de 24 heures se trouve dans les colliers. La zone de captage de l’antenne longue distance est de 500 mètres de long et de 200 mètres de côté. « En élevage allaitant, ce système est utilisé par les éleveurs pratiquant l’IA, ce qui suppose que les animaux sont en bâtiment ou à proximité, pour pouvoir être bloqués lorsqu’ils sont en chaleurs », commente Alain Chevallier.
Suivre les informations de chaque animal
Les alertes fournies par le système permettent « de détecter des vaches et génisses en chaleur, de dépister des femelles en anœstrus et d’identifier celles avec des chaleurs irrégulières. Chaque vache dispose de sa fiche d’identité. Le boîtier fournit un résumé par animal, avec le nombre de jours écoulés depuis le vêlage, les pics d’activité, le suivi de la rumination, le nombre de jours depuis les dernières chaleurs et depuis la dernière IA s’il y a lieu », détaille Mathieu Le Broc. Les alertes chaleurs peuvent aujourd’hui être consultées soit directement sur le boîtier, soit sur ordinateur, soit sur smartphone à condition de disposer d’une connexion internet au niveau du boîtier. « Deux niveaux de services sont proposés : le premier suppose une saisie des données des animaux par l’éleveur lui-même, le second permet une synchronisation totale des informations, sans intervention de l’éleveur (Heatime Pro) », poursuit ce dernier. Cette version professionnelle s’adresse surtout aux grands troupeaux laitiers.
L’ensemble box, antenne et transformateur coûte 4 000 euros, auxquels il faut ajouter les colliers, environ 100 euros l’unité. Le nombre de colliers nécessaires dépendra du regroupement des vêlages et du fait d’avoir ou non deux périodes de vêlages. La batterie lithium offre une durée de vie de 6 à 7 ans aux colliers.
« Moins de stress à la mise à la reproduction »
« J’utilise l’insémination à 100 % depuis vingt ans et je gère la partie animale de l’exploitation seul. La période de mise à la reproduction est très courte, du 1er novembre au 20 décembre, ce qui représente pour moi une phase de stress importante. Or, mes responsabilités professionnelles (président à Sèvres Vendée Conseil et administrateur à Charolais univers) m’éloignent assez souvent de l’élevage. J’ai donc besoin d’un système sur lequel je peux compter. Au départ, je surveillais les chaleurs et les données fournies par le monitoring. Je me suis aperçu que cela coïncidait avec mes observations ! Et quand je m’absentais de l’exploitation, c’est l’appareil qui détectait. Le taux de réussite en première IA est resté identique aux années précédentes, soit 75 %. Les 130 colliers nécessaires (pour 150 femelles pleines) ont été posés aux cornadis assez facilement, en une petite matinée (2 à 3 heures). Grâce au détecteur de chaleurs, nous savons exactement à quelle heure a eu lieu le pic d’activité. Nous pouvons alors déterminer le moment optimum pour l’insémination. Grâce à ce système, j’ai pu par ailleurs repérer une anomalie au niveau du bâtiment (abreuvoir bouché) car la courbe d’activité était anormale. Au total, deux colliers sont tombés et un a été perdu. »
Christian Bourdeau, éleveur naisseur-engraisseur à Vernoux en Gâtine, dans les Deux-Sèvres