Reproduction
Grouper les vêlages et s'y tenir
Toujours gagnant par son impact sur les performances animales ainsi que sur l’organisation du travail, le groupement des vêlages peut être long à obtenir et difficile à maintenir.
Grouper les vêlages a d’ailleurs l’avantage de permettre de sélectionner les vaches sur le critère de fertilité. « Il ne faut pas hésiter à inséminer ou mettre au taureau dès les premières chaleurs pour les femelles qui ont vêlé en fin de période l’année précédente », conseillent les réseaux d’élevage des chambres d’agriculture et de l’Institut de l’élevage de Normandie. Si le vêlage précédent s’est déroulé normalement, en race allaitante, il n’y a pas de raison de retarder la mise à la reproduction pour espérer une meilleure fertilité aux cycles suivants. Le regroupement des vêlages impose de réformer systématiquement les vaches qui décalent de la période choisie. Pour compenser ces réformes, le taux de renou- vellement doit être majoré de 10 à 15 %, voire de 20 %. Il sera ainsi d’au moins 30 %.
Savoir être intransigeant sur les réformes
La première étape consiste à déterminer précisément la date souhaitée de début des vêlages. Décision stratégique, celle- ci doit être en cohérence avec le système fourrager, les bâtiments, et avec les objectifs techniques et commerciaux de l’élevage. « Ensuite, on calcule la date de début de mise à la reproduction–le«jourJ»- en tenant compte de la durée moyenne de gestation de la race des vaches. Au moins un mois avant le « jour J », on commence à surveiller et à noter les dates des chaleurs. Ceci facilite la détection des chaleurs suivantes qui interviendront entre 18 et 23 jours plus tard », expliquent les réseaux d’élevage de Nord-Picardie. « Leur report sur un planning est nécessaire pour un suivi rigoureux ».
Le jour J, sont mises à la reproduction les génisses et les vaches ayant vêlé depuis plus de 45 jours. On note à partir de ce moment les IA ou les saillies et les éventuels retours en chaleur. À la fin de la période de reproduction (trois mois plus tard pour un groupage sur une période de trois mois par exemple), on arrête les inséminations et/ou on retire le taureau pour les vaches. « Ceci peut intervenir plus tôt si le nombre de femelles pleines suite à un diagnostic de gestation est suffisant. On s’assure contre d’éventuels accidents de gestation en conservant 5 % de femelles gestantes supplémentaires.
» Un diagnostic de gestation s’effectue 40 jours après la fin de la mise à la reproduction ou à des périodes stratégiques comme la mise à l’herbe ou la rentrée en stabulation pour les vêlages de printemps. Les vaches vides doivent être systémati- quement réformées. Pour maintenir le groupement des vêlages, les femelles ayant été les dernières à avoir été fécondées seront elles aussi réformées lors de la campagne suivante. Le recours au groupage de chaleurs peut permettre de maximiser le nombre de vêlages en tout début de période. « Cette technique donne de bons résultats à condi- tion de respecter certaines conditions, comme la surface disponible par animal, l’éclairement des bâtiments, l’état corporel des animaux, la prévention parasitaire, l’alimentation... », estiment les réseaux d’élevage de Normandie. Ceci est vrai aussi d’ailleurs pour les IA sur chaleurs naturelles.
De nombreux avantages pour le bon fonctionnement de l’élevage
Grouper les vêlages permet de limiter la période pénible de surveillance des vêlages. On se lève moins souvent la nuit, ou du moins on se lève une fois pour plusieurs vaches à surveiller, au lieu de se lever plusieurs fois pour la même vache. Ce système facilite la surveillance des chaleurs, des saillies, de la santé des veaux et de leurs mères. De nombreux autres rouages de fonctionnement de l’élevage s’en trouvent améliorés sur le plan de l’organisation du travail et des résultats techniques. « Le nombre de lots en bâtiments et au pâtu- rage est réduit. Le rationnement des différentes catégories d’animaux est précis. Les interventions sur les animaux (vaccina- tions, écornage, déparasitage, sevrage...) sont groupées. Ceci a aussi le grand avan- tage de faciliter la valorisation commer- ciale des animaux par la présentation de lots plus importants et homogènes », selon les réseaux de Nord-Picardie.
Le groupement des vêlages améliore la productivité numérique
D’après l’analyse nationale des résultats des éleveurs adhérents à Bovins Crois- sance, seulement 59 % des éleveurs regroupent plus de 60 % des vêlages sur une période de 90 jours (que ce soit en automne, en début d’hiver ou au printemps). La double période(1) est choisie par très peu d’éleveurs et de façon variable selon la race. C’est le cas de 4 % des éleveurs en Charolais et de 12 % en Rouge des Prés. Ceci montre que le groupement des vêlages est loin d’aller de soi pour une grande partie des éleveurs. Or il ressort de l’analyse des données que les élevages avec vêlages étalés sont toujours moins bien placés que les autres, quelles que soient la zone d’élevage et la race concernée. « On constate toujours des écarts de perfor- mances sur l’intervalle vêlage- vêlage et sur la mortalité des veaux en particulier », explique Julien Belvèze de l’Institut de l’élevage. Prenons l’exemple des naisseurs charolais du Nord Massif central. La productivité globale est améliorée en moyenne de 4 % entre des vêlages groupés à au moins 60 % en automne contre des vêlages étalés. L’intervalle vêlage-vêlage est réduit de 16 jours, et la mortalité des veaux avant sevrage est inférieure de 1,3 %. La mortalité des veaux est même améliorée de 2,3 % entre des vêlages étalés et des vêlages en double période (9,3 % contre 7 %). « Plus les vêlages sont concentrés, plus ces critères techniques sont améliorés », analyse aussi Julien Belvèze (voir tableau). Les élevages ayant des vêlages groupés à 90 % sur une période de trois mois maximum s’en sortent mieux. Ceci montre qu’il est certainement judicieux d’aller assez loin dans le groupement des vêlages.