Gestion de troupeau : les logiciels s’emparent de l’usage mobile et interconnecté
Les logiciels évoluent pour s’adapter à un usage croissant sur mobile, tout en améliorant l’ergonomie. Ces outils numériques facilitent désormais le travail à plusieurs sur la ferme tout en permettant l’interconnexion avec les équipements de monitoring et les partenaires des éleveurs.

Dans ce monde devenu numérique, le smartphone se positionne aujourd’hui comme l’outil pour gagner en efficacité au quotidien. L’ordinateur, de moins en moins consulté, joue plutôt le rôle de support complémentaire pour les tâches les plus lourdes de configuration ou de reporting. « Sur les 20 000 utilisateurs de Boviclic et les 35 000 de Synel, un tiers est actif sur la solution mobile », rapporte Mickaël Burlaud, directeur des ventes et partenariats de la SAS Elsa pour Boviclic et Synel. Une vraie révolution, selon lui. « Les éleveurs veulent avoir la possibilité de consulter et saisir toutes leurs données d’élevage depuis leur mobile, en temps réel au contact de leurs animaux. Ils souhaitent aussi être alertés en cas d’urgence pour prendre rapidement les bonnes décisions, par exemple avec des alertes BVD pour un bovin ressorti positif IPI », constate Guillaume Courtois, responsable EstÉlevage.
« Les éleveurs cherchent toujours plus de performance et de traçabilité. La digitalisation rapide et facile devient indispensable. Avec des cahiers des charges de plus en plus nombreux et stricts, ils ont besoin d’outils qui absorbent une partie du poids des contraintes. C’est aussi un levier d’attractivité pour les jeunes », estime Frédérick Mouvier, fondateur de Baoba.
Cap sur les technologies embarquées
Pour coller à ces nouvelles attentes, chaque éditeur rénove son logiciel pour rendre l’interface plus ergonomique, intuitive et facile d’utilisation. Le petit nouveau, Baoba, fait figurer la cartographie de l’exploitation de l’utilisateur en page d’accueil de l’application pour une navigation très visuelle. Pilot’élevage, lui, s’appuie sur la reconnaissance vocale pour faciliter le travail des éleveurs : « ces derniers ont juste à citer le numéro de travail ou le nom de l’animal pour passer d’une fiche à l’autre », expose Thomas Gilet, chef de projet informatique chez Seenovia.
Les éditeurs de logiciels veulent aussi aller plus loin dans l’approche utilisateur avec des listes personnalisables pour coller au plus près des attentes de chacun. Dans leurs grands chantiers de refonte, la plupart s’appuient sur des groupes d’éleveurs qui ont testé l’application au fil des mois. Leurs retours sont indispensables pour améliorer l’outil avant le lancement.
Tous ont développé un mode connecté et déconnecté de leur application pour permettre à l’utilisateur de saisir des informations même en zone blanche. Les données se synchronisent dès la reconnexion au réseau. La quasi-totalité des éditeurs propose également une fonctionnalité multi-utilisateur sans surcoût et sans limite du nombre d’appareils. « L’ensemble des associés et salariés peuvent ainsi accéder à leur "jumeau numérique" et consulter en temps réel les éventuels enregistrements apportés par les uns ou les autres. Le collaboratif est essentiel pour gagner du temps au quotidien quand on travaille en collectif », souligne Frédérick Mouvier, fondateur de Baoba.
Tout centraliser pour viser la performance
Autre axe de développement majeur, la centralisation de toutes les données de l’élevage sur un portail unique. « L’éleveur veut pouvoir retrouver toutes les informations dont il a besoin via une seule entrée », relève Mickaël Burlaud, pour Boviclic et Synel. Ceci implique une interconnectivité avec l’ensemble des partenaires qui gravitent autour de la ferme, mais aussi avec les outils de monitoring qui occupent une place croissante dans le paysage. « L’appariement à un lecteur de boucles électroniques présente un réel intérêt en termes de traçabilité, de fiabilité et de gain de temps, notamment sur les chantiers de pesée », indique Frédérick Mouvier, pour Baoba. « Les éleveurs n’ont plus besoin de saisir le numéro des animaux lors de la saisie de pesée, de la création de lot, de l’enregistrement d’un évènement sanitaire… Un simple scan avec le bâton suffit », complète Thomas Gilet, pour Pilot’Élevage.
Contrôler l’accès à la donnée
S’agissant des droits d’accès, « les éleveurs sont pleinement maîtres de leurs données. Via des recueils de consentement, ils décident à qui ils souhaitent partager et récupérer des datas et selon quelles modalités », précise Julien Chevreteau, chef de projet chez Innoval pour iCownect. Cela reste un point essentiel à aborder lorsqu’on souhaite s’équiper.
À noter qu’EstÉlevage, grâce à la plateforme régionale d’échange de données Harmony, est le premier portail à utiliser la technologie blockchain pour la gestion des consentements. « L’éleveur reçoit sur son tableau de bord des notifications de demandes de consentements émanant de différents acteurs auxquelles il répond favorablement ou non, et peut suivre depuis son application l’historique de ses statuts de consentements modifiables à tout moment », souligne Guillaume Courtois, responsable EstÉlevage.
Enfin, sur la prise en main de l’outil et l’accompagnement, les éditeurs proposent différentes formules. Chacun s’appuie sur un réseau de diffuseurs (conseillers, techniciens) pour assurer un suivi de proximité. Certains organisent des formations à l’utilisation de l’outil en présentiel ou à distance. En rythme de croisière, un support clientèle (téléphone ou mail) quotidien et gratuit ainsi qu’une aide en ligne dynamique est à disposition.
Les deux leaders Boviclic et Synel fusionnent
La fusion en une seule entité (SAS Elsa) de Boviclic et Synel a été officialisée en avril 2023. Pour l’heure, les deux conservent leurs marques commerciales et leurs plateformes existantes mais « l’objectif à terme est de développer un outil commun sur un nouveau socle technique pour poursuivre les évolutions informatiques avec l’appui des nouvelles technologies, renseigne Mickaël Burlaud, directeur des ventes et partenariats de la SAS Elsa. Nos outils existent depuis plus de vingt ans, il est nécessaire de les réécrire aujourd’hui. Le fait de travailler ensemble nous permet de capitaliser sur le nombre d’utilisateurs et leur niveau de satisfaction pour construire une version améliorée et unique des deux logiciels actuels. »