FCO : dans le Massif central, l’apparition « inédite » de cas cliniques chez des bovins et des ovins interroge
Depuis le début du mois d’août, plusieurs « cas cliniques » de fièvre catarrhale ovine (FCO) ont été détectés dans le sud du Massif central, apprend-on dans une note rédigée le 6 septembre par GDS France, l’Anses et plusieurs organisations professionnelles. Le point sur la situation à date et les recommandations émises à destination des éleveurs.
Depuis le début du mois d’août, plusieurs « cas cliniques » de fièvre catarrhale ovine (FCO) ont été détectés dans le sud du Massif central, apprend-on dans une note rédigée le 6 septembre par GDS France, l’Anses et plusieurs organisations professionnelles. Le point sur la situation à date et les recommandations émises à destination des éleveurs.
« L’intensité des signes cliniques et la mortalité associée, y compris chez les adultes, interrogent », partagent les auteurs (1). « Des investigations sont en cours » pour tenter d’expliquer une situation « inhabituelle » pour le sérotype 8 de la maladie, actuellement en cause.
Le virus se déplace vite et peut impacter les élevages
Touchant des bovins et des ovins, la maladie était « initialement localisée à quelques communes » dans le sud du Massif central (2), mais elle s’est ensuite « propagée en quelques semaines », d'après les éléments remontés par les vétérinaires et les éleveurs auprès des autorités sanitaires. « Les symptômes et leur gravité sont très variables d’un élevage à l’autre » rapporte Audrey Carriere, directrice de FODSA-GDS Aveyron.
Parmi les signes cliniques observés dits « classiques » des différentes sérotypes de FCO. : hyperthermie, difficultés de locomotion, salivation, croûtes sur le mufle, ulcérations dans la bouche, jetage (écoulements par le nez), ou encore langue bleue (chez les ovins).
« Depuis la résurgence du sérotype 8 en 2015, très peu d’animaux exprimaient des signes cliniques, et encore moins des adultes. Ce phénomène est assez inédit, et les raisons sont, pour l’heure, encore difficiles à déceler », confie Emmanuel Garin, vétérinaire épidémiologiste à GDS France. Dans différents troupeaux, « nous constatons une morbidité qui peut être importante et dans certains cas, la maladie provoque de la mortalité, y compris chez les adultes ».
Le GDS de l'Aveyron conseille aux éleveurs de renforcer leur vigilance sur un possible impact sur la reproduction. « Difficile d’évaluer les répercussions à moyen terme, mais la maladie peut causer des avortements ou des malformations ». Également, chez les mâles, il existe un risque d’infertilité temporaire voire définitive.
Nous constatons une morbidité qui peut être importante et dans certains cas, la maladie provoque de la mortalité, y compris chez les animaux adultes
Se rapprocher de son vétérinaire d’élevage en cas de suspicion
Les éleveurs suspectant des cas sont invités à contacter leur vétérinaire, à réaliser des analyses de confirmation et à se déclarer à la DDPP car il s'agit d'une maladie réglementée au niveau européen. « L’objectif premier est que tous les éleveurs et leurs partenaires soient informés de cette situation, et que ceux qui souhaitent mettre en place une protection de leur troupeau, via la vaccination, puissent le faire », indique Emmanuel Garin, de GDS France.
La « recommandation de base » est de vacciner les animaux, en priorité « dans les départements limitrophes ainsi que ceux situés dans la zone atteinte » (sauf les animaux de moins de 91 jours (3)), appuient les auteurs.
Il convient de contacter son vétérinaire afin qu’il prenne en compte la situation sanitaire de l’élevage et le contexte épidémiologique de la zone où il se situe
En cas de mouvements d’animaux avant vaccination, les experts préconisent une désinsectisation des animaux sept jours avant le transfert, ainsi qu’un test PCR. Pour les concours, des recommandations spécifiques ont été faites aux organisateurs. Si les éleveurs ont des questions, qu'ils n'hésitent pas à contacter leur GDS.
Également, le nettoyage et la désinsectisation des moyens de transport avant le chargement des animaux sont vivement recommandés.
Des outils à développer pour compléter la surveillance de la maladie
Le front d’avancement de la FCO - sérotype 8 dépend grandement du déplacement des moucherons (Culicoïdes), vecteur de la maladie, mais également de l’immunité acquise des troupeaux. « GDS France, son réseau et ses partenaires s’emploient à obtenir les informations les plus claires et les plus fiables possibles », indique Emmanuel Garin, s’appuyant notamment sur les résultats d'analyses issus des laboratoires départementaux, des déclarations DDecPP et des informations en provenance des GDS.
Pour compléter la surveillance de la maladie, et de façon plus large dans le cadre du suivi sanitaire, « nous aurions besoin d’outils qui permettent de suivre en temps quasi-réel l’apparition des signes cliniques au sein des cheptels français. Un tel système de surveillance n’existe pas encore mais il faudrait songer à le développer », estime le vétérinaire épidémiologiste.