Faut-il intervenir sur les prairies abîmées en 2024 ?
En 2024, à cause de la pluviométrie, les passages dans les parcelles pour les récoltes et par les pieds des bovins au pâturage ont pu causer des dégâts dans les prairies. Sursemis, intervention mécanique ? Les questions se posent.
En 2024, à cause de la pluviométrie, les passages dans les parcelles pour les récoltes et par les pieds des bovins au pâturage ont pu causer des dégâts dans les prairies. Sursemis, intervention mécanique ? Les questions se posent.

Avant toute prise de décision d’intervention sur les parcelles, un diagnostic prairial est à réaliser au printemps », ont expliqué Alexis Desarménien de la chambre d’agriculture de la Creuse et Carole Gigot d’Arvalis lors d’une journée technique fin janvier à la ferme expérimentale des Bordes (Indre).
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Le diagnostic prairial se fait en plusieurs étapes et nécessite de faire l'inventaire sur les objectifs de l'éleveur pour cette parcelle, son passé récent, ses caractéristiques et sa flore. Il faut identifier l’origine de la dégradation pour éviter de repartir sur le même schéma, même si cette année l’effet des précipitations est évident. « L’amélioration des pratiques ne suffit pas toujours à la correction, et il est parfois nécessaire d’effectuer une intervention plus agressive : un sursemis ou bien une rénovation totale », ont présenté Pauline Hernandez de la chambre d'agriculture de l'Indre et Yvan Lagrost de la chambre d'agriculture du Cher.
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Le sursemis a pour objectif de regarnir une prairie avec des espèces de bonne valeur alimentaire, rallonger la durée de vie des prairies à moindre coût, améliorer une prairie difficilement labourable, éviter le retournement de la prairie. « C’est une technique très aléatoire avec de nombreux échecs mais on connait des clés pour maximiser la réussite. »
Des essais continuent d’explorer cette technique. Dans le cadre du projet Cap protéines à la ferme expérimentale des Bordes (Indre) sont testés le niveau d’agressivité du matériel, l’agressivité du type de flore sursemé, et l’intérêt d’une fertilisation « starter ». « Un léger avantage pour le rendement a été constaté quand le semis est fait avec un combiné herse rotative plutôt qu’un semis direct dans le contexte de l'essai. D’autres résultats sont en cours d'analyse.»

Il faut intervenir sur une prairie rase (surpâturage, girobroyage, après un été sec..) et qui présente une part de sol nu. Les conditions météo sont déterminantes pour la réussite. L’effet rendement est surtout marqué l’année qui suit le sursemis. Les espèces fourragères à implantation lente peuvent donner de bons résultats, et il ne faut pas se restreindre à des espèces à implantation rapide expliquent les spécialistes. « Le sursemis stimule aussi la flore restée en place via l’agressivité des outils, et favorise la levée du stock grainier qui est déjà là. »
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« Quid d’une intervention mécanique sur les prairies après une année comme 2024 ? Les références d’essais de longue durée sur ce type d’intervention sur prairies datent d’une vingtaine d’années et ne portaient pas sur des années particulièrement arrosées. »
La chambre d’agriculture des Pays de la Loire avait mis en évidence avec un outil de type actisol un bénéfice sur le rendement uniquement sur une prairie fortement tassée, et n’avait pas noté d’amélioration avec un passage en surface avec une herse étrille. L’Institut de l’Elevage dans le Massif central n’avait pas mis en évidence d’effet sur le rendement et la flore avec une herse étrille, une herse bourbonnaise (chisel) ni un scarificateur pour terrain de golf. Arvalis dans la Meuse n’avait trouvé aucun bénéfice au passage de deux sortes de herses et d’un outil de travail plus profond (10-12 cm).
« Plus le cycle de la culture en place est long, moins le tassement impacte la production mais pour les prairies, qu’en est il ? les références manquent », notent Alexis Desarménien de la chambre d’agriculture de la Creuse et Carole Gigot d’Arvalis.
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