Effectifs Aubrac en progression, croisement en régression
Il y avait 218 000 vaches Aubrac en juillet dernier sur le territoire français, soit une progression quasi linéaire de 5 % par an depuis plusieurs années. Cette tendance, alors même que le troupeau allaitant hexagonal est en phase de décapitalisation, est un motif de satisfaction pour les sélectionneurs Aubrac. Il démontre que dans un contexte économique et climatique difficile, les aptitudes de leurs animaux répondent aux attentes d’un nombre croissant d’éleveurs. « Autant de perspectives plutôt saines, sans être euphoriques, à l’image de la trésorerie de l’Union Aubrac », a souligné Yves Chassany, son président, lors de la dernière assemblée générale de l’organisme. Les nouveaux adhérents sont majoritairement des élevages situés hors berceau de race. Avec actuellement 640 élevages, l’élargissement de la base de sélection va d’ailleurs se traduire par la nécessité de mieux représenter ces élevages au sein des administrateurs décidant du devenir de la race.
Offre pléthorique de génisses d’élevage
Le taux de croisement a tout bonnement dégringolé ces dernières années : 14 % pour les naissances 2017 en base de sélection et 22 % sur l’ensemble des femelles de la race. Cette évolution est une tendance de fond. Elle découle de la plus grande facilité de conduite d’un troupeau en race pure et de la différence de prix entre broutards purs et croisés souvent analysée comme insuffisamment incitative par les éleveurs. Cette baisse du croisement accroît mathématiquement les disponibilités en génisses d’élevage en incluant celles issues de mères bien « ordinaires » sur lesquelles il aurait mieux valu mettre un Charolais ou un Blanc Bleu et non un Aubrac. « Les vaches qualifiées 'mères de service' qui gagneraient À être conduites en croisement, elles ne sont pas toutes chez le voisin ! Il y en a dans tous les élevages. À chaque fois on me dit 'c’est le marché qui régulera les volumes'. Soit, laissons faire le marché ! Mais je ne pense pas que ce soit la meilleure solution pour le revenu des éleveurs », soulignait Jacques Renou, directeur de l’Union Aubrac.
758 taureaux et génisses inscrits ont été exportés l’an dernier, mais même si ce nombre est reconduit cette année, il sera bien insuffisant pour trouver un exutoire à la flopée de génisses Aubrac actuellement présentes dans les élevages. Confortée par sa médiatisation suite au dernier salon de l’Agriculture, la viande Aubrac bénéficie heureusement d’une bonne image et de tarifs à la production relativement attractifs dans le contexte du moment.
Attention aux facilités de naissance
Autre préoccupation, les facilités de naissance ne sont plus ce qu’elles étaient. Que cela concerne des veaux purs ou croisés, 88 % des vêlages au sein de la base de sélection ont eu lieu sans aucune assistance, mais ce chiffre ne donne pas satisfaction. « On arrive plus à retrouver le pourcentage de vêlages sans aide que nous avions ces dernières années », déplorait Yves Chassany. « C’est le sujet qui aujourd’hui nous interroge le plus », insistait Jacques Renou. Les éleveurs sont donc invités à être plus rigoureux dans l’enregistrement des poids naissance et des conditions de vêlage. Une collecte parfaitement fiable de ces données est indispensable pour mener à bien les travaux de sélection visant à mettre en avant les reproducteurs les mieux à même de transmettre ces aptitudes à leur descendance.
Le conseil d’administration a donc validé le principe de vérification dans certains élevages de la véracité des poids naissance déclarés. Un travail d’étalonnage du procédé retenu pour vérifier la compatibilité entre le poids annoncé et celui effectivement pesé dans le cadre de contrôles va dans un premier temps être testé lors de l’hivernage à venir chez les administrateurs de l’Union Aubrac.