Des éleveurs engagés pour réduire les émissions de gaz à effet de serre

Fin 2015, la France accueillera la 21è conférence des Nations Unies sur le climat. Dans ce cadre, le Président de la République a souhaité que le SIA soit l’occasion d’ouvrir le débat sur l’agriculture, l’élevage et le changement climatique. Ainsi, Interbev bovins, le Cniel (Centre national interprofessionnel de l’industrie laitière) et la CNE (Confédération nationale de l’élevage) ont participé à une émission spéciale « Les éleveurs, acteurs des solutions climat » en direct du plateau Campagnes TV sur le salon de l’agriculture. L’objectif était d’expliquer comment l’élevage joue un rôle central pour résoudre les défis alimentaires et environnementaux des prochaines décennies.
Lors de l’émission, Bruno Dufayet, éleveur de Salers dans le Cantal et en charge des questions environnement et territoires à l’interprofession Bétail et Viande (Interbev), a annoncé le lancement, à l’automne 2015, du programme européen (France, Espagne, Italie et Irlande) Beef Carbon, la déclinaison en vaches allaitantes du projet Dairy Carbon (élevage laitier), initié en juillet 2013.
6000 éleveurs français dans les deux programmes
« À l’heure actuelle, on n’a pas la capacité de mesurer individuellement sur nos exploitations, le stockage de carbone permis par les prairies ou les émissions de GES. C’est pourquoi, les filières laitières et bovines se sont engagées dans ces deux programmes. Ces projets impliquent 6000 éleveurs en France pour évaluer à l’échelle de l’exploitation quels sont les rôles, mais aussi les pratiques vertueuses qui vont dans le sens d’une amélioration de l’impact climatique. En élevage allaitant, 170 fermes innovantes ont été identifiées pour élaborer un diagnostic », note l’éleveur.
L’enjeu est ensuite de promouvoir et de valoriser les pratiques répertoriées auprès des autres éleveurs, pour continuer de progresser. Ces programmes impliquant les éleveurs, les filières (Cniel et Interbev), les acteurs de la recherche/développement et l’Institut de l’élevage, ont pour objectif de créer une mobilisation nationale pour la mise en place d’une stratégie de réduction des émissions de gaz à effet de serre. « Ils sont ambitieux et représentent une vraie volonté des deux filières. On devrait approcher une réduction d’environ 15 à 20 % des émissions d’ici dix ans."
Des émissions de l’ordre de 10 % des GES
« L’élevage est souvent pointé du doigt « pour sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre (GES). On les a réévaluées l’année dernière à environ 14,5 % des émissions liées à l’activité humaine au niveau mondial. En France, on se situe par contre plutôt autour de 10 %. Les sources d’émissions principales sont la production d’aliment du bétail (45 % du total), la fermentation entérique des ruminants (39 %) et les effluents d’élevage (10 %) », note Anne Mottet, chargée de politiques d’élevage à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture). L’élevage contribue aux émissions de trois gaz : le méthane (55 % de l’ensemble des gaz émis), le protoxyde d’azote et le dioxyde de carbone.
Le stockage de carbone dans les sols des prairies et des haies compenserait en moyenne 20 à 25 % des émissions. Depuis 20 ans, les émissions de l’élevage bovin ont diminué de 14 %.