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Des dérobées derrière des céréales destinées à être pâturées

Le pâturage de dérobées sur parcelles d’autrui offre un intérêt tant sur le plan agronomique que zootechnique. Cette pratique concerne essentiellement les troupeaux ovins et elle est en France quasi confidentielle avec des bovins.

Ici un couvert d'été (sorgho colza radis trèfle vesce) pâturé par un lot de génisses sur une exploitation du Tarn et Garonne.  © B. Griffoul
Ici un couvert d'été (sorgho colza radis trèfle vesce) pâturé par un lot de génisses sur une exploitation du Tarn et Garonne.
© B. Griffoul

La directive nitrate impose en zone vulnérable l’implantation de couverts avant cultures de printemps. Autant de couverts le plus souvent broyés pour une utilisation en engrais vert mais également parfois utilisés pour alimenter des méthaniseurs alors qu’ils pourraient être valorisés par du pâturage. L’utilisation de ces couverts semés en interculture puis valorisés par du pâturage avec des ruminants s’est développée en particulier dans des départements en périphérie du bassin parisien, où ils concernent alors principalement des cheptels ovins.

Ces couverts végétaux ont différentes fonctions. D’une part, ils jouent un rôle réglementaire de piège à nitrate pour réduire le lessivage de l’azote et préserver la qualité de la ressource en eau. Leur autre fonction est de protéger et nourrir la vie du sol. Les couverts utilisés sont le plus souvent des mélanges de graminées et de légumineuses en incluant des crucifères. La composition du couvert est choisie en fonction de l’assolement et de l’objectif de pâturage avec un vaste choix d’espèces possible (voir encadré). Il s’agit alors d’avoir des associations adaptées à la période de semis tout en étant appétentes, sans risque pour les animaux, minimisant les contraintes en matière de travail et en intégrant évidemment le coût de la semence avec la possibilité d’utiliser des semences fermières, en particulier pour les graminées.

Très dépendant de la météo

Les volumes de fourrages sur pieds produits sont très dépendants du bon vouloir de la météo estivale et essentiellement la pluviométrie. Sans possibilité d’irrigation, ils sont impossibles à prévoir et varient de pratiquement rien jusqu’à 4 t MS/ha quand la nature sait se montrer généreuse. En plaine, ces fourrages sur pied se pâturent le plus souvent à compter de la fin d’été jusqu’en début d’hiver, avec souvent en complément un râtelier de fourrages grossiers type paille. Ils permettent de prolonger tardivement la saison de pâturage pour des animaux peu exigeants (génisses, vaches taries, brebis). De plus, le risque de parasitisme est quasiment nul.

Côté cultures, cette pratique permet un apport de matière organique favorable aux cultures qui suivront. Les déjections apportent également leur contribution pour relancer la vie du sol sur des terres qui ne connaissent que rarement des apports de fumier. En outre, la transformation de la biomasse restitue de l’azote sous une forme plus rapidement disponible pour la culture suivante. Cette restitution diminue également le rapport carbone/azote (C/N) du couvert. Qui plus est, sans pâturage, l’enfouissement d’une quantité trop importante de matières végétales peut être préjudiciable en asphyxiant la vie du sol. Tant que les conditions sont suffisamment portantes, l’effet piétinement serait également bénéfique pour réduire la présence des mulots et des limaces.

Cette pratique s’est bien développée avec des cheptels ovins. Elle est encore confidentielle avec des bovins. Les notions de portance des sols, de gestion des clôtures et de l’abreuvement sont un frein important. Il existe de rares exemples en particulier en Aquitaine sur les sols sableux des exploitations céréalières du massif landais où des bovins à faible besoin sont utilisés sur des dérobées souvent semées derrière des maïs doux. En revanche, il n'est pas facile de trouver des éleveurs qui acceptent de témoigner sur ces pratiques pourtant intéressantes à mettre en avant.

Nombreuses espèces

Il est possible d’utiliser de très nombreuses espèces pour la composition des cultures dérobées en tenant compte des animaux qui les valoriseront et surtout de la nature de la culture qui suivra. Parmi les principales possibilités, on peut citer le sorgho, le chou fourrager, le radis fourrager, la navette fourragère, le radis fourrager, le ray-grass italien, le pois fourrager, le pois protéagineux, l’avoine rude, le seigle, le colza fourrager, le moha, le millet perlé, le trèfle incarnat, le trèfle d’Alexandrie, la vesce commune et la vesce velue.

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