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Des couverts fourragers cultivés chez des voisins et des betteraves

Chez David Chataignier dans les Deux-Sèvres. Le système est adapté aux sécheresses récurrentes, pouvant se présenter aux différentes saisons. Des couverts de seigle-trèfle incarnat sont implantés chez des voisins céréaliers, les betteraves fourragères ont été introduites, et du maïs à ensiler est acheté tous les ans.

David Chataignier, installé à Nueil-les-Aubiers dans les Deux-Sèvres, élève ses Charolaises dans un système dont le chargement est très élevé par rapport au potentiel des sols. Le chargement est de 2,2 UGB/ha SFP alors qu’une bonne partie des surfaces sont des prairies de coteaux. D’autres parcelles dont le potentiel est meilleur sont cultivées, mais elles disposent de peu de réserves en eau. « Mon système est déjà adapté aux sécheresses pouvant survenir aux différentes saisons et aux fortes chaleurs d’été, explique David Chataignier. Les cultures fourragères ont été diversifiées, et leur date de récolte s’échelonne de fin avril à octobre. »

Fin avril en effet, l’éleveur ensile des couverts qu’il a mis en place chez un voisin éleveur de porcs et céréalier. La contractualisation est orale. « Cette année, j’ai 17 hectares d’une association seigle fourrager et trèfle incarnat. Mon voisin déchaume après son blé, et je fais tout le travail du sol, l’implantation et la récolte », explique David Chataignier. Cela fait sept ans qu’il pratique cette association qui répond très bien à ses besoins. « Il y a toujours eu du seigle sur l’exploitation. Cette espèce est intéressante pour sa régularité de rendement. J’ai cherché une légumineuse qui a le même cycle et avec le trèfle incarnat, cela fonctionne », explique David Chataignier. Il sème dans la deuxième quinzaine de septembre 10 kilos de trèfle incarnat et 80 kilos de seigle fourrager en un seul passage. Pour obtenir un semis homogène, il dispose les semences directement dans le semoir en couches, façon millefeuille. À partir du moment où le trèfle est suffisamment développé, avant le 15 mars, 50 unités d’azote sous forme d’ammonitrate sont apportées pour gagner un peu de temps. L’association monte certaines années très haut. Quand le trèfle rouge est en bouton, les récoltes sont déclenchées. Ensilée autour du 20 avril, le rendement est de 7 à 8 tMS/ha (sous réserve que la densité utilisée pour cuber le silo soit correcte), soit plus qu’un RGI pur. La valeur alimentaire est de 0,8 à 0,9 UF et 80 à 90 g PDI. « C’est un couvert facile à faire et peu coûteux, avec un rendement régulier. Le seigle apporte aussi un intérêt de par sa fibrosité pour favoriser la rumination », apprécie David Chataignier.

Début mai, chez un autre agriculteur, David Chataignier récolte 15 ha de RGI, en première coupe en enrubannage et en deuxième coupe en foin. « Je fais tout le travail et je récupère la moitié des bottes. La Cuma est bien équipée pour ce type de travaux, et cela me prend peu de temps. Pour moi, le coût est équivalent au coût d’achat de ce fourrage."

Les betteraves fourragères ont sauvé l’hiver dernier

David Chataignier réalise aussi début mai quelques hectares de fauche précoce qu’il enrubanne. « L’enrubannage est utile pour les périodes de transition alimentaire. » Ensuite, début juin, il récolte les foins de prairies (déprimage ou première coupe) et fin juin les foins de deuxième coupe de RGI.

David Chataignier cultive aussi environ 10 ha de maïs chaque année. « C’est une très bonne plante d’été, qui permet de faire deux cultures dans l’année. Ici le potentiel est d’environ 10-11 tMS/ha, avec une année sur trois plus faible, même si en 2014 le rendement a atteint 14tMS/ha. » Depuis quelques années, l’éleveur a introduit à cette place dans l’assolement une autre culture de printemps sur deux ou trois hectares chaque année : la betterave fourragère. « Le terrain est bien propre derrière le seigle trèfle. Je sème fort, à 120 000 pieds par hectare. Je fais un seul désherbage et je ne bine pas. » A l’automne 2018, l’éleveur a dû récolter très tard et a obtenu 40 à 50 tonnes brutes de betteraves par hectare, à 19 % de MS. « Les betteraves m’ont sauvé l’hiver, en me permettant d’économiser du maïs. Leur valeur alimentaire est très élevée et stable tous les ans. Et les vaches sont ravies, elles adorent ça. » La Cuma avec laquelle l’éleveur travaille s’est équipée d’une arracheuse automotrice il y a quelques années, et les betteraves sont distribuées aux animaux avec la mélangeuse.

Des stocks d’été prévus tous les ans sous forme de foin

Dans le système fourrager est prévu l’affouragement au pré des animaux avec du foin à partir de mi-juin. « On ne peut pas se permettre de ne pas affourrager l’été, c’est récurrent. ». À l’automne, la pousse de l’herbe est tous les ans insuffisante pour pouvoir faire une récolte. David Chataignier fait pâturer le plus possible à cette période. Pour garantir la quantité de stocks hivernaux, il achète d’autre part tous les ans 200 tonnes brutes de maïs à récolter. C’est l’équivalent d’environ 8 ha qui sont en partie irrigués, et implantés sur des terres à potentiel pour le maïs. « Les stocks fourragers sont gérés en flux tendu, sans vraiment de report de stocks, mais grâce à la diversité des sources, entre les achats de fourrages, les betteraves et le maïs cultivés, les couverts ensilés chez des voisins et les prairies, le système est sécurisé », analyse Pascal Bisson de la chambre d’agriculture des Deux-Sèvres. Tous ces fourrages sont ensuite assemblés en fonction des résultats d’analyse pour constituer une ration hivernale, distribuée en ration complète mélangée.

Sophie Bourgeois

Chiffres clé

100 à 110 vêlages de Charolaises inscrites, dont 70 % du 15 août au 15 octobre et le reste entre le 15 février et le 15 mars

105 ha dont 9-10 de maïs, 2,5 de betteraves fourragères, 15 de blé et tout le reste en prairies (prairies naturelles : 44 ha, prairies temporaires de plus de 5 ans : 17 ha, RGI : 15 ha et dérobées avant maïs et betteraves : 10 à 12 ha)

1,6 UMO dont 0,6 UMO salariée

vente de jeunes bovins et de femelles de réforme
 

Le projet de retenue collinaire abandonné

David Chataignier avait il y a quelques années la volonté d’investir dans la construction d’une retenue collinaire pour pourvoir irriguer sept à huit hectares de maïs ensilage. Ce projet n’est plus d’actualité à cause de la complexité des démarches à entreprendre et du montant trop lourd de l’investissement. « J’ai maintenant fait un autre choix : les achats de fourrages. Vu le contexte, je trouve tous les ans facilement du maïs à ensiler à un tarif compétitif. Ce qu’on achète, on est sur de l’avoir », explique l’éleveur.

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