Le poids des investissements dans le coût de production
Le poids des investissements est souvent pointé du doigt dans les coûts de production. L’Institut de l’élevage s’est penché sur la question.
Le poids des investissements est souvent pointé du doigt dans les coûts de production. L’Institut de l’élevage s’est penché sur la question.
Le poids des investissements est régulièrement évoqué comme un des facteurs de la crise que traverse l’élevage ruminant. Leur financement pèse de façon croissante sur la trésorerie des élevages. L’Institut de l’élevage a ainsi édité un document présentant l’évolution de 2008 à 2015 des investissements en mécanisation, bâtiments d’élevage et installations, pour les cinq filières herbivores (bovins viande, bovins lait, ovins viande, ovins lait, caprins) et compare cette évolution avec celle des structures et de la productivité du travail.
Les analyses, conduites sur les bases des données du Rica (Réseau d'information comptable agricole) et d’Inosys-Réseaux d’élevage, mettent en évidence une évolution des structures des élevages naisseurs-engraisseurs de plaine caractérisée par des augmentations des UTA (unités de travail annuel) de 4%, du nombre de vaches de 7 % et de la SAU de 16 %. Toutefois, ces hausses restent légères au regard de l’envolée du capital immobilisé dans le matériel (+ 59 %) et plus particulièrement depuis 2013. Le capital immobilisé dans les bâtiments a, quant à lui, grimpé plus vite que le cheptel (+ 17 %). « Rapportées à l’UGB, les progressions des capitaux sont conséquentes, de 369 à 455 €/UGB pour les bâtiments et surtout, de 358 à 535 €/UGB pour le matériel, bien au-delà de l’inflation enregistrée par l’indice Ipampa sur le matériel. Les données montrent également un décalage entre capitalisation en matériel et progression de la productivité (de 37 à 44 tonnes de viande vive par UMO consacrée à l’atelier) », note l’Institut de l’élevage.
Une évolution moindre chez les naisseurs
Que ce soit pour les naisseurs de plaine ou ceux de montagne, l’évolution des structures est assez modérée par rapport à celle des naisseurs-engraisseurs. La progression de la main d’œuvre est restée stable chez les naisseurs de montagne et très limitée chez les naisseurs de plaine (+ 3 %). Naisseurs de plaine comme de montagne ont vu leurs surfaces croître de 12 % et leur cheptel de 13 %. « Toujours en comparaison avec les naisseurs-engraisseurs, les capitaux immobilisés apparaissent relativement stables chez les naisseurs de plaine, avec une hausse de seulement 6 % pour le matériel et même une baisse de 8 % pour les bâtiments. La capitalisation est un peu plus marquée chez les naisseurs de montagne avec + 17 % pour les bâtiments-installations et + 19 % pour le matériel. »
Pour les deux groupes concernés, le ratio par UGB de capital immobilisé en bâtiments est resté relativement stable, entre 410 et 460 €/UGB, à l’exception de la baisse marquée de 2015 en plaine. « Le capital immobilisé en matériel a fluctué entre 340 et 380 €/UGB en plaine alors qu’en montagne, il a présenté un certain creux entre 2009 et 2010, avant de retrouver son niveau initial, autour de 500 €/UGB. »
Une capitalisation qui a contribué à la productivité du travail
L’augmentation du capital immobilisé en matériel dans les élevages naisseurs de plaine a contribué à une progression de plus de 20% de la productivité du travail (35 tonnes de viande vive par UMO en 2015). En montagne, même constat avec une hausse de 23 %, atteignant 26 tonnes de viande vive par UMO en 2015.
Ces données permettent de confirmer la forte hausse des capitaux immobilisés en matériel et bâtiments dans les différentes filières. Ces capitalisations importantes ont contribué à l’augmentation de la productivité du travail.
« En règle générale, on n’observe pas de dérives concernant le niveau de ces capitaux rapportés à la taille du cheptel. On peut par contre pointer la forte capitalisation en matériel dans les élevages bovins viande naisseurs-engraisseurs. L’origine des difficultés de trésorerie évoquées dans différents travaux, en bovins lait et viande essentiellement, est donc plutôt à rechercher du côté du financement de ces croissances très rapides des outils de production. Au-delà des évolutions moyennes, des dérives individuelles ne peuvent être exclues, notamment en lien avec des motivations plus « court-termistes », comme l’optimisation fiscale et sociale. Il serait donc nécessaire de renforcer les travaux permettant d’établir des repères techniques et économiques, afin de disposer de seuils d’alerte, d'indicateurs de surinvestissement », souligne l’Institut de l’élevage.