De la fibre de blé pour les jeunes bovins
Au Gaec Crèvecœur en Seine-Maritime
de la fibre de blé est mélangée à de la pulpe surpressée pour donner, avec du tourteau de colza, une ration d’engraissement simple et très efficace pour les jeunes bovins.
à stocker en la tassant avec un godet.
En Seine-Maritime, Alban et Samuel Crèvecœur valorisent leurs céréales à travers l’atelier naisseur-engraisseur de porcs et de la vente. Pour l’engraissement des jeunes bovins salers, les éleveurs se sont tournés avec succès vers une autre source d’énergie depuis plusieurs années : la fibre de blé.
Une forte densité énergétiquede la ration
Coproduit de l’amidonnerie du blé, celle-ci vient de l’usine du groupe Tereos Syral située à Nesle, dans la Somme, à une distance de 150 kilomètres. Elle est constituée de sons de blé additionnés d’extraits de protéines solubles. Sa valeur nutritive est de 1,07 UFV, 142 g PDIN et 102 g PDIE. Elle se marie bien avec les pulpes de betteraves surpressées qui sont pour leur part plus riches en PDIE qu’en PDIN.
« Au départ, le mélange est constitué de 45 % de fibre de blé et 55 % de pulpes. Si on monte trop vite en fibre, des diarrhées peuvent apparaître. J’augmente progressivement la part de la fibre de blé pour atteindre au bout de trois mois une ration composée de 49 % de fibre de blé et 51 % de pulpes, qui est distribuée jusqu’à la fin de l’engraissement », explique Alban Crèvecœur. Du tourteau de colza à hauteur de 800 grammes par jour et par animal est distribué tout au long de l’engraissement, et une bonne couche de paille est disposée dans les auges sur le mélange, ce qui favorise sa consommation par les jeunes bovins. « Avec cette ration, la densité énergétique est supérieure à 1,04 UF. Le niveau de performances et la courbe de croissance, en cloche, est similaire à celle que j’obtenais avec des pulpes déshydratées, du blé et un complémentaire azoté. Et ceci pour un moindre coût », observe l’éleveur qui calcule le coût alimentaire à 1,60 euro par jour et par jeune bovin, pour une croissance moyenne de 1 620 grammes par jour. Soit un coût alimentaire par kilo de croît vif de 0,98 euro. Ce résultat témoigne d’une excellente efficacité alimentaire, due au caractère économique de la ration et aussi à l’exceptionnel niveau génétique du troupeau. « J’ai planifié la sortie des jeunes bovins avec mon organisation de producteurs, et j’ai donc besoin d’une ration sûre. Avec la fibre de blé, les performances sont au rendez-vous », commente Alban Crèvecœur.
Cette ration est distribuée à volonté mais de façon contrôlée, c’est-à-dire de façon à ce que les auges soient presque vides le soir. « Je me suis aperçu que sinon, les croissances montent vraiment très haut en première partie d’engraissement, mais qu’elles terminent moins bien. »
10 à 12 kg par jour au départ jusqu’à 25 À 30 kg en fin d’engraissement
Au départ, la consommation journalière est de 10 à 12 kilos de ce mélange et elle monte en fin d’engraissement à 25 à 30 kilos par jour. La même ration est utilisée pour l’engraissement des quelques femelles qui ne sont pas vendues reproductrices. Elles consomment à la fin 35 kilos de mélange. Cette ration fonctionne aussi très bien pour les vaches. Même si elles ne semblent à l’œil pas toujours très finies, elles font de bonnes carcasses. Dans la désileuse équipée d’un système de pesée, les éleveurs chargent une couche de pulpes surpressées, puis une couche de fibre de blé, puis ils recommencent cette opération. Les trois hérissons et le ventilateur assurent un mélange homogène.
Le prix de la fibre de blé s’établissait en ce mois de novembre à 83 euros départ, soit autour de 90 à 95 euros la tonne brute livrée dans les 300 kilomètres autour de l’usine. Ce prix fluctue au cours de l’année mais dans des proportions raisonnables, de plus ou moins 10 euros par tonne. Elle est disponible toute l’année.
Pour les 70 jeunes bovins et les quelques femelles à l’engraissement, le Gaec se fait livrer un camion de 30 tonnes tous les mois. Le produit fait autour de 45 % MS. Quand le camion arrive, Alban Crèvecœur reprend la fibre de blé et la tasse au godet au fur et à mesure, puis la recouvre d’une bâche. Il s’applique à faire un silo pas trop haut, de façon à ce que le front d’attaque avance tous les jours d’au moins 15 centimètres. Il est conseillé de conserver le produit trois mois au plus, mais il est possible de dépasser ce délai sans rencontrer de problème de qualité.