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Congrès 2024 : la Fédération nationale bovine réclame un cap clair pour l’élevage bovin

À l’occasion de l’assemblée générale de la Fédération nationale bovine, le gouvernement français a été interpellé sur l’incohérence des politiques environnementales et alimentaires, et invité à définir clairement sa vision de l’élevage de demain.

Table ronde Fédération nationale bovine congrès 2024 Vichy Allier
De g. à d., Dominique Fayel, président du groupe de travail Viande bovine au Copa-Cogeca), Aurélie Catallo, directrice agriculture France du think tank IDDRI, Grégoire Leroy, chercheur à la FAO et Antoine Pellion, Secrétaire général à la planification écologique.
© Anne-Laure Galon

L’élevage bovin a-t-il un avenir compatible avec les orientations européennes et nationales ? Oui, répondent sans hésitation les invités de la table ronde du congrès de la Fédération nationale bovine (FNB) les 7 et 8 février à Vichy, dans l’Allier. Mais pour cela, il faudra remédier aux incohérences qui persistent dans les décisions politiques entre transition écologique et souveraineté alimentaire. « Une norme qui n’est pas appliquée par les autres, c’est une taxe pour nous », appuie Emmanuel Bernard, éleveur dans la Nièvre et président de la section bovine de l’interprofession du bétail et des viandes (Interbev).

Des incohérences systémiques

« À la Commission européenne, les sujets environnementaux sont souvent traités à part des sujets agricoles », déplore Anne Sanders, eurodéputée, pour qui la commission environnement « prend le sujet par le petit bout de la lorgnette » et néglige les impacts sur le terrain, notamment agricole, des directives qu’elle produit. Les services rendus par l’élevage pour la souveraineté alimentaire, la biodiversité, la qualité de l’eau… sont trop souvent mis de côté face à la sacro-sainte décarbonation. Pascal Berthelot, qui anime la table ronde, résume le ressenti des éleveurs : « au nom de sauver la planète, vous êtes en train de nous tuer. »

Pourtant, l’élevage bovin « a un avenir », réaffirme le Secrétaire général à la planification écologique, qui se dit « persuadé que les sujets de souveraineté alimentaire et de transition écologique ne sont pas incompatibles, et qu’il y a chemin » permettant de travailler sur ces deux objectifs.

Le rendez-vous est donné au Salon de l'agriculture

Mais quel chemin ? Malgré des demandes répétées, la FNB attend toujours que le gouvernement réponde par des actes aux revendications des éleveurs. « Les dossiers en souffrance sont nombreux en élevage bovin viande », plaide le syndicat, qui liste ses demandes sur les prix à la production et l’application d’Egalim, « l’arrêt de la logique destructrice des accords de libre-échange », les diverses aides des pouvoirs publics (mesure fiscale, MHE), ou encore l’application du nouveau système de gestion des risques pour les prairies.

Le Plan de souveraineté pour l’élevage, dont le renforcement a été promis par Gabriel Attal, devra donner un cap clair, dès le Salon de l’agriculture. « Quel modèle d’élevage ? Quel type d’élevage, quelle production demain pour assurer cette souveraineté ? Quel nombre de bovins, quel nombre d’éleveurs ? » martèle le président de la FNB, Patrick Bénézit.

En guise de réponse, le ministre de l’Agriculture a rappelé les actions prises suite à la mobilisation nationale des agriculteurs : des mesures concrètes comme l’indemnisation de la MHE, mais surtout beaucoup de dossiers en cours, dont les intitulés s’accumulent sans être réglés. Cette intervention, réalisée en visioconférence depuis Paris, n’a guère convaincu l’assemblée, qui a critiqué à de nombreuses reprises l’absence du ministre quelques semaines seulement après que le gouvernement a promis des « preuves d’amour ».

À deux semaines de l’ouverture porte de Versailles, la position de la FNB est claire. « Si une méthode de travail n’est pas mise en place par le ministre […] très vite, et si les choses n’ont pas évolué concrètement dans les jours qui viennent, les éleveurs se mobiliseront en amont et pendant le Salon de l’agriculture », menace Patrick Bénézit.

Des coûts de production toujours pas couverts

Malgré l’embellie des cours du marché en 2022 et leur bonne tenue sur l’année 2023, les coûts de production ne sont toujours pas couverts. « Dans des perspectives de rémunération aussi incertaines, les éleveurs ne sont pas en capacité à se projeter et la décapitalisation du cheptel se poursuit », se désole Cédric Mandin, secrétaire général de la FNB en conférence de presse quelques semaines avant le congrès. Se basant sur les indicateurs interprofessionnels calculés par l’Idele, le syndicat estime qu'« il manque entre 50 ct€ et 1 €/kg pour atteindre le coût de production ». Les premières estimations de l’Idele et du Rica pour 2023 font apparaître un revenu moyen des éleveurs allaitants « tout juste au Smic, à 16 000 € par an, reprend Cédric Mandin. Ramené aux nombres d’heures travaillées et aux capitaux investis, ce niveau de rémunération est très problématique. »

Lucie Pouchard

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