Chiffres des tableaux de bord : produire plus pour gagner plus
La collecte de données technico-économiques dans des élevages bovins viande des régions Nord, Pas-de-Calais et Picardie ont permis de faire le lien entre le produit viande et la marge brute.
Lors de la journée viande, organisée par la chambre d’agriculture de la région Nord-Pas de Calais, les données issues de 145 GTE (gestion technico-économique) d’élevages bovins viande, des régions Nord et Picardie (Pas-de-Calais, Nord, Somme, Aisne et Oise) ont été présentées. Deux groupes ont été constitués, l’un regroupant les systèmes naisseurs et naisseurs-engraisseurs de bœufs (65 élevages), l’autre rassemblant les systèmes naisseurs-engraisseurs de taurillons (80 élevages).
Quel que soit le groupe sélectionné, on observe une forte différence entre les marges brutes (MB) moyennes des tiers inférieurs et celles des tiers supérieurs, presque deux fois plus élevées. Pour le groupe avec les naisseurs et engraisseurs de bœufs, la marge brute moyenne du tiers inférieur se situe à 256 €/UGB contre 414 €/UGB pour le tiers supérieur. Pour le groupe naisseurs-engraisseurs de taurillons, ces chiffres s’élèvent à 320 €/UGB contre 497 €/UGB respectivement (moyenne 408 €/UGB).
Une marge brute peu corrélée aux charges
« La marge brute se définit comme étant le résultat du produit moins les charges. Selon, les données collectées, on se rend compte que l’incidence des charges est relativement faible. En effet, ce n’est pas parce qu’une exploitation a peu de charges qu’elle obtient une meilleure marge brute. Par contre, en regardant le coefficient de corrélation entre marge brute et produit viande, on constate que ce dernier intervient davantage dans le résultat final », remarque Guy Corbeille, conseiller viande bovine de la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Le tiers supérieur des exploitations naisseurs-engraisseurs de bœufs obtient un produit viande moyen (hors aides) de 782 €/UGB contre 586 €/UGB pour le tiers inférieur. Chez les naisseurs-engraisseurs de taurillons, les chiffres vont de 760 €/UGB pour le tiers inférieur à 940 €/UGB pour le tiers supérieur. Ce constat nous invite « donc à nous demander comment produire plus et à trouver les paramètres influençant ce critère. »
Selon les données des GTE collectées, cette différence de produits ne s’explique pas par le prix de vente de la viande et ce, quel que soit le groupe. La production de viande vive par UGB par contre, s’avère être un facteur impactant pour les deux types de systèmes. « Diminuer la mortalité ainsi que le nombre d’animaux improductifs et augmenter les poids de vente constituent les trois voies d’amélioration mis en lumière. La mortalité est inévitable mais ne doit pas devenir récurrente. Pour diminuer le nombre d’animaux improductifs, réduire l’intervalle vêlage-vêlage est nécessaire. Il faut regarder la moyenne de chaque race pour se donner un objectif. Côté poids, peu d’évolution à noter au niveau régional en race Charolaise. Le poids moyen carcasse des vaches de réforme avoisine les 410 kilos depuis quatre ans », note Guy Corbeille.
Des disparités fortes entre le quart supérieur et le quart inférieur
Une grande disparité est par contre observée entre le quart supérieur et le quart inférieur situés respectivement à 455 kilos contre 370 kilos. Du côté des broutards, l’objectif, selon le conseiller, est d’atteindre 330 kilos à 7 mois pour les mâles soit 1,360 kilo par jour et de 300 kilos pour les femelles soit 1,240 kilo par jour. Pour les génisses de boucherie, le but est d’obtenir un GMQ naissance — vente de 700 grammes/jour. Selon les chiffres du tableau de bord, les génisses de boucherie charolaises sont en moyenne vendues à un poids carcasse de 383 kilos pour un GMQ naissance — abattage de 673 grammes. Le quart supérieur atteignant les 427 kilos et le quart inférieur 342 kilos.
Concernant les taurillons charolais, « on observe peu de variation de moyenne depuis 2007. Il n’y a pas eu d’augmentation des performances. » La moyenne régionale se chiffre à 438 kilos pour un âge à la vente de 18,5 mois et 1279 grammes/jour pour un produit par jour de vie de 3 €/jour. Au sein de cette moyenne, une forte disparité est constatée avec un GMQ de 1475 grammes/jour pour les élevages du quart supérieur et de 1126 grammes/jour pour le quart inférieur. De plus, les élevages avec les meilleurs GMQ vendent les taurillons à 16,8 mois pour 444 kilos carcasse contre 20,2 mois et 420 kilos pour les moins bons.
Le produit viande est donc en lien direct avec le rendement de l’atelier (la production brute de viande vive). « Pour l’améliorer, un soin tout particulier est à apporter à l’alimentation des animaux, à la génétique, aux bâtiments et à la prévention sanitaire. Si vous avez un bon produit viande, alors vous aurez de grande chance d’avoir une bonne marge brute. C’est une succession de petites choses à mettre bout à bout. »