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Celmar met en service un nouveau centre d’allotement

Spécialisée dans la limousine, la coopérative Celmar vient de mettre en service un nouveau centre d’allotement. Un bâtiment novateur sur bien des volets. Il est réservé aux seuls bovins de boucherie.

Le siège de la Celmar est en périphérie de La Souterraine, petite ville de l’ouest de la Creuse à proximité immédiate de la nationale 145, un des trop rares grands axes routiers traversant la France d’Est en Ouest en reliant Chalon-sur-Saône à Poitiers. Visible depuis cette route, un imposant bâtiment (60 x 40 m) entièrement bardé de bois, abritant le centre d’allotement réservé aux animaux de boucherie, est récemment venu compléter les installations de cette coopérative. Il s’est substitué à un outil vieillissant, peu fonctionnel et devenu dangereux. « Si on fait une comparaison avec des bâtiments d’élevage, notre précédent centre avait une obsolescence similaire à un bâtiment entravé des années soixante-dix comparativement à une stabulation libre dernier cri ! », précise Jean-Christophe Dufour, président de Celmar.

Comme une bouverie d’abattoir

Les plans ont été mûrement réfléchis. Ils ont été conceptualisés comme une bouverie d’abattoir. « Nous avons d’abord décidé de l’agencement intérieur puis on a posé le bâtiment par-dessus ! », résume Michel Ringuet, responsable production bovine pour cette coopérative. Les ruptures dans la pente du toit sont volontaires. Elles correspondent à la nécessité de poser des ventelles pour une bonne ventilation.

« Avant toute chose, nous avons pris le temps d’aller voir les réalisations d’autres OP (Ter’élevage, Bovineo…) avec des visites associant administrateurs et salariés de Celmar. Tout le monde a donné son avis, ajoute Michel Ringuet. Nous avions trois données clés dans notre cahier des charges : mise aux normes, sécurité des intervenants et bien-être animal. Le gabarit des bovins et les conditions d’élevage (plein air et stabulation libre) ont bien évolué en quarante ans avec des animaux parfois assez vifs », souligne Jean-Christophe Dufour. Le plan a été réalisé en concertation étroite avec la société Normandie stabulation, spécialisée dans ce type d’installation, en y associant également l’Institut de l’élevage et Marc Dudrut, technicien en contention et comportement animal à la chambre d’agriculture de la Creuse.

Lire aussi : Une cage à veau pour sécuriser le bouclage

« Notre activité 'animaux finis' est actuellement de 22 500 têtes par an avec deux grosses journées — les lundis et mercredis — au cours desquelles nous faisons pratiquement 90 % du volume de la semaine. » Les installations ont donc été conçues pour accueillir, trier, puis réexpédier aux clients jusqu’à 350 têtes dans la journée et tout un travail a été réalisé sur la lumière pour fluidifier leur déplacement.

Tout est regroupé sous un même toit, mais le bâtiment est scindé en trois entités : une partie déchargement-contention-identification-pesée, une seconde pour les 160 logettes individuelles réparties en quatre épis avec pour chacun deux rangées de 20 logettes avec sortie des animaux par l’avant. La troisième est une stabulation paillée avec 10 cases permettant de faire patienter dans chacune cinq à huit têtes.

Assourdir les bruits métalliques

Dans un bâtiment de ce type, forcément occupé en grande partie par des couloirs de circulation, des systèmes de contention et des logettes, réduire l’intensité des bruits métalliques tout au long de l’itinéraire emprunté par les animaux a été une priorité. « Le bruit est une nuisance majeure pour les salariés et il est source de stress pour les bovins. »

Tous les verrous des barrières sont « antibruit ». Les commandes des sorties des logettes sont montées avec un ressort de compensation de tension pour absorber le bruit de verrouillage et déverrouillage. Les aimants des portillons antirecul des logettes sont montés sur amortisseurs de caoutchouc. Dans les deux couloirs de réception qui suivent le quai de déchargement, les dispositifs antichevauchement sont réalisés en câbles composites, lesquels limitent la propagation du bruit et les risques de blessure.

Toujours sur le volet sonore, deux cloisons permettent une séparation partielle des trois principales parties du bâtiment. Elles limitent les courants d’air mais leur finalité est d’abord de réduire la propagation des nuisances acoustiques. C’est également ce qui explique le choix du bardage bois avec des planches légèrement ajourées pour un bon renouvellement de l’air sans courants d’air. Plus que le métal, le bois absorbe les bruits. Il les étouffe et favorise comme pour n’importe quelle stabulation une bonne ambiance et une meilleure intégration paysagère. « Au final, notre principale nuisance acoustique est celle du passage des camions sur la nationale ! », résume avec humour Michel Ringuet.

Une lumière douce et constante

Le fait que le bâtiment soit entièrement « aveugle », sans ouverture latérale, ni translucides sur les toits en dehors de la lumière qui passe au travers des ventelles est un choix délibéré. Cela permet un éclairage par le seul réseau d’ampoules led, à la fois très économes en électricité et générant une lumière douce, constante tout au long de la journée mais aussi de l’année et qui ne génère pas d’ombre portée. Leur positionnement a été mûrement réfléchi pour éclairer les couloirs et faire en sorte que les animaux avancent facilement.

Lire aussi : Stabulation : une Roundhouse dans le paysage creusois

Parallèlement au dossier technique, le temps nécessaire au montage financier fait que les travaux ont débuté en novembre 2019. Les premiers animaux sont entrés en décembre 2020, soit deux mois de retard dans les délais. Le confinement a perturbé le déroulement des travaux. Le coût total du bâtiment et de ses à-côtés est de 2,5 millions d’euros dont 40 % de subventions. En dehors de Normandie stabulation (installations de tri-contention et couloirs de circulation), les autres intervenants (terrassement, maçonnerie, charpente, bardage, électricité, plomberie…) sont des entreprises locales.

Portes ouvertes à venir

« Le bâtiment fonctionne bien. Quelques aspects sont à affiner comme le fait de mettre un écran opaque sur le haut d’un couloir de circulation qui suit le quai de déchargement pour éviter que des animaux puissent voir au-dessus. Mais ce sont des détails. » Côté ventilation entre les ventelles et le bardage, c’est parfait en conditions hivernales. Le véritable verdict aura lieu en période de canicule. Un système de brumisateur a déjà été mis en place au-dessus des logettes pour rafraîchir l’ambiance.

La plus importante évolution sera la pose de panneaux photovoltaïques. Les pentes du toit et la charpente métallique ont dès le départ été conçues pour intégrer cette production d’électricité, mais les panneaux n’ont pas encore été posés à la fois pour rester prudent sur le plan financier mais également par crainte de retard dans le déroulement des travaux. Au final, Celmar disposera de quatre centres d’allotement à proximité de ses bâtiments administratifs. Un pour les bêtes de viande, un second pour le maigre, un troisième pour les reproducteurs totalement isolé des deux autres pour d’évidentes raisons sanitaires et le quatrième pour l’activité ovine.

« Nous avons organisé notre assemblée générale l’été dernier dans le bâtiment alors en cours de construction. Cela a permis à nos adhérents d’en avoir un premier aperçu. Nous organiserons à leur intention une journée portes ouvertes dès que le contexte sanitaire le permettra », ajoute Jean-Christophe Dufour.

Gestion de l’eau et des effluents

Pour faciliter son nettoyage, toutes les surfaces du bâtiment (hors caillebotis) sont en béton grossièrement strié avec la particularité de n’avoir aucune surface plane et horizontale, mais bien au contraire partout de légères pentes réfléchies pour favoriser l’écoulement des jus. Ce même principe a été retenu pour les surfaces goudronnées en périphérie.

Les eaux pluviales récupérées dans les gouttières et les caniveaux partent dans une « noue » qui est ni plus ni moins qu’une mare végétalisée. Elle recueille l’eau de ruissellement et lui permet de s’infiltrer dans la nappe phréatique. L’eau de lavage dont les besoins sont estimés à 2 800 m3/an est issue d’un captage profond. Les eaux brunes mélangées au lisier récupéré sous les caillebotis sont temporairement stockées dans des caniveaux sous le bâtiment, lesquels sont régulièrement vidangés en ouvrant une trappe qui génère un effet « chasse d’eau » pour faire descendre le tout dans une fosse extérieure non couverte de 750 m3. Laquelle sera vidée régulièrement pour approvisionner une unité de méthanisation appartenant à des tiers à laquelle sont également destinés les fumiers des parcs paillés.

Une signalétique claire pour la sécurité des hommes

Les installations sont conçues pour réceptionner des animaux de format contrasté : depuis la génisse de Saint-Étienne de 450 kg vif jusqu’au taureau de réforme d’1,3 tonne ! Elles reposent sur le principe de marche en avant. Les camions déchargent les bovins sur des quais dédiés qui après identification, pesée et tri sont rechargés sur les quais de chargement pour repartir vers les différents abattoirs auxquels ils sont destinés. Chercher à mettre à profit l’instinct de fuite des bovins a été largement pris en compte. Pour sécuriser le travail des intervenants, les passages de sécurité positionnés dans les zones à risques, sont repérés par une signalétique spécifique noire et jaune. Les zones sécurisées où on est certain de ne pas se trouver face à un bovin sont matérialisées par une signalétique verte et blanche. Les passages d’homme sont masqués par une bavette souple blanche. Ils n’en sont que plus visibles.

Chiffres clés

L’activité de Celmar en bref

40 930 bovins commercialisés en 2020 (+ 1 % par rapport à 2019) dont : 22 500 bovins de boucherie (860 veaux sous la mère, 6 424 génisses, 9 282 JB et 5 534 vaches et 400 taureaux de réforme), 2 245 reproducteurs (mâles et femelles) et 16 185 animaux maigres, dont 4 200 remis en place à l’engraissement chez des adhérents de Celmar.

52 000 ovins en 2020

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