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Bâtiment sur caillebotis : associer l’économie en paille à son confort

Construite sur les pentes du Massif du Sancy, la stabulation du Gaec de Surain associe litière paillée et fosse sous caillebotis. Les vaches semblent apprécier et leurs propriétaires en sont satisfaits.

Les bâtiments d’élevage du Gaec de Surain sont situés à 1 180 mètres d’altitude, un peu au-dessus de Chambon-sur-Lac dans le Puy-de-Dôme, à quelques encablures de la vallée de Chaudefour, un des plus beaux sites naturels de ce département. Le dernier bâtiment d’élevage mis en service est une stabulation libre entièrement bardée de bois qui s’intègre bien dans ce paysage d’exception. C’est un bi-pente de 1 820 m2 (65 m de long, 28 de large) auquel est accolé un hangar de stockage à fourrages de 225 m2 (15x15m). Il a été construit entre juin 2017 et novembre 2018 suite à l’installation de Jean Bourdon. Avec deux cases de 21 vaches, deux cases de 20 et une case de 7 réservée à des génisses, il permet d’hiverner une bonne moitié des 140 mères limousines du Gaec réparties en un tiers de vêlages de septembre octobre et deux tiers de vêlages de mars avril. Cela a permis de « détasser » le cheptel situé dans les autres bâtiments tout en ramenant sur le siège de l’exploitation une quarantaine de têtes jusque-là en pension pour l’hivernage. À signaler que le petit local technique contigu de 10x4 mètres peut être transformé en un F2 quasi tout confort pour dormir sur place si besoin. Début janvier, quand soufflait la tourmente et que certaines congères avoisinaient trois mètres de haut, Dominique Bourdon l’a utilisé plusieurs nuits dans la mesure où il n’habite pas à proximité.

Fosse à lisier de 470 m3

« Avant de construire, on a visité plusieurs bâtiments. Initialement on avait envisagé la solution aire paillée avec aire raclée. Mais en plus du raclage difficile à gérer avec l’altitude (gel, neige, vent…) cela nécessitait de construire une fumière. Stéphane Berthin, spécialiste des bâtiments d’élevage allaitants à l’EDE du Puy-de-Dôme nous a plutôt suggéré une fosse sous caillebotis à l’arrière des cornadis. Avec deux hivers de recul et le troisième en cours, on ne regrette rien », soulignent Dominique et Jean Bourdon. Le bâtiment se compose donc d’une fosse sous caillebotis de 55 mètres de long et 4 mètres de large positionnée à l’arrière des cornadis. D’une capacité de 470 m3, elle est au besoin utilisée comme fosse tampon pour le lisier d’un bâtiment entravé sur béton et grilles de 75 places. Cette fosse sous caillebotis se prolonge par une aire paillée de 18,5 mètres incluant box à veaux et box de vêlage en fond de case avec tout au bout un couloir bétonné de 3,5 mètres de large, lequel permet de passer avec la pailleuse.

« Nous utilisons une botte de paille par jour. Cela correspond à quelque chose près aux 5 à 6 kg par vache suitée qui nous avaient été annoncés avant de construire. » La ration est essentiellement composée de foin et d’enrubannage, complétée selon les lots par un peu d’ensilage de maïs acheté en Limagne. Elle est distribuée manuellement deux fois par jour.

Piétinement pour faire descendre les bouses

Les vaches restent bloquées au cornadis une à deux heures à compter de la distribution du fourrage vers 7 h 00. Puis, afin de limiter le salissement de la litière, elles sont libérées des cornadis mais bloquées sur les caillebotis avec un système de double barrière. Elles y restent jusque vers midi. Elles peuvent boire, finir leur ration tout en ayant accès à la pierre à sel. En plus d’éviter de salir inutilement la litière, leur piétinement aide à faire descendre les bouses. Cela ne les perturbe guère puisque certaines s’y couchent. « Et quand elles sont sur le caillebotis cela nous permet de bien surveiller les veaux. Une fois les barrières ouvertes, elles vont immédiatement se coucher pour ruminer sans faire d’allers-retours inutiles qui accéléreraient le salissement de la litière. » La possibilité de les bloquer sur les caillebotis facilite aussi le curage. "On le fait deux fois dans l’hiver (fin décembre et début mars) puis fin mai une fois tous les animaux à l’herbe." Les quelques brins de paille qui passent au travers des caillebotis ne sont pas un problème et le malaxeur est mis en route au moins une fois par semaine avec une bonne circulation du lisier tout autour du mur de refend malgré la longueur de la fosse.

Paille achetée en Limagne

Cinquante des 200 bottes de paille nécessaires sont stockées le long du mur situé côté nord en positionnant deux rangées de bottes l’une sur l’autre pour bénéficier de leur effet isolant. Ce stock de paille est utilisé en dernier en début de printemps. "On rajoute tout le long une ligne de bottes de foin positionnées l’une sur l’autre le long du couloir qui viennent en complément de ce qui est stocké sous le hangar." La paille est achetée dans la plaine du sud de la Limagne à une petite quarantaine de kilomètres du siège de l’exploitation puis remontée en tracteur.

Les parois sont en bardage bois associé à une forte proportion de translucide avec au final un bâtiment très lumineux. La toiture est en tôles acier sandwich de 4 centimètres à la fois isolante et sur lesquelles la neige glisse facilement. Le fait que le bâtiment soit bien ventilé se traduit par une bonne ambiance avec des animaux en meilleure santé que les années précédentes et, au final, de réelles économies sur les frais vétérinaires.

Dans ce bâtiment, une partie des vaches sont mises à la reproduction en monte naturelle sans avoir eu jusqu’à présent de problèmes liés à d’éventuelles glissades des taureaux. Les soins aux animaux nécessitent une heure et demie le matin et, à peu près autant le soir pour une personne. Le tracteur est utilisé pour le seul paillage avec une pailleuse achetée d’occasion. Pailler sur toute la longueur dure à peine un quart d’heure. « Ce bâtiment a nettement amélioré nos conditions de travail et les animaux sont plus confortablement logés." La plupart des barrières sont équipées de passages d’homme qui, associés aux couloirs de service en pignon et par l’arrière facilitent la surveillance. Pouvoir faire le tour des cases sans avoir à mettre le nez dehors n’est pas un luxe dans un pays de neige. « Côtés regrets, on aurait dû mettre quatre portes sectionnelles alors qu’il n’y en a qu’une côté grange. Cela représentait un surcoût de 3 500 euros. Nous avons aussi voulu économiser une porte extérieure dans l’alignement des cases à veaux. Cette absence nous oblige à faire une petite manœuvre les jours de curage. »

Chiffres clés

Coût de 403 000 euros hors temps de travail des deux associés

Le coût total du bâtiment est de 403 000 euros, répartis en :

• 18 000 euros pour le terrassement ;
• 206 000 euros pour la charpente ;
• 71 000 euros pour la fosse ;
• 63 000 euros pour la maçonnerie ;
• 24 000 euros pour les aménagements intérieurs (barrières, cornadis…) ;
• 7 000 euros pour la plomberie ;
• 2 000 euros pour l’électricité ;
• 5 000 euros pour le broyeur ;
• 7 000 euros de frais divers.
Hormis la fosse, les éleveurs ont réalisé une partie de la maçonnerie, les tubulaires, l’eau, l’électricité et les bardages et estiment y avoir consacré 1 500 heures de travail.

 

Lire aussi : Les atouts du caillebotis pour les vaches allaitantes

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