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Pour éviter la prolifération
Agir tôt contre les mouches

il faut intervenir dès la sortie de l’hiver lorsque les conditions deviennent favorables à leur développement. Les solutions seront d’autant plus efficaces avec une hygiène rigoureuse des bâtiments.

Stomoxys calcitrans est une mouche piqueuse qui se nourrit de sang.
Stomoxys calcitrans est une mouche piqueuse qui se nourrit de sang.
© S. Le Cun

En élevage bovin, une prolifération non maîtrisée des mouches peut rapidement devenir un enfer. Pour éviter de se laisser dépasser, il convient d’agir précocement. Car une fois démarré, le processus de multiplication est exponentiel et les cycles de reproduction s’accélèrent. À 16 °C, la durée du cycle de reproduction de la mouche domestique est de 50 jours. Il n’est plus que de 8 à 12 jours pour des températures comprises entre 25 à 30 °C. Sachant qu’une mouche va pondre entre 600 et 2 000 oeufs au cours de son existence, on comprend mieux l’importance d’éliminer les premières larves de mouches bien avant l’été.


« Une larve non tuée en avril peut engendrer un million de mouches jusqu’au mois d’août. Les situations d’échec de traitement sont très fréquentes en élevage à cause d’interventions trop tardives, avec souvent uniquement un adulticide », observe Olivier Giroud, responsable d’Agrodirect, filiale commerciale des GDS Rhône-Alpes. En hiver, une minorité de mouches et de pupes vont entrer en diapause. Elles peuvent ainsi supporter l’hiver et entretenir le cycle jusqu’au printemps suivant. Même si un traitement insecticide ne se justifie pas à cette période, il faut essayer d’en détruire le maximum en maintenant des litières sèches pour empêcher la survie des pupes et en piégeant les adultes par des supports adhésifs ou destructeurs électriques.


L’hygiène des bâtiments est primordiale


La prévention par une bonne hygiène des locaux est un sérieux atout. Il faut être vigilant sur les abords des silos d’ensilage et stockage d’aliment. Il faut aussi vider les fumières et aires paillées au printemps, et assécher au maximum les bâtiments par une bonne ventilation. « Une bonne hygiène générale des bâtiments contribue aussi à une meilleure efficacité des traitements insecticides », insiste Jérôme Blanchet, de chez Novartis.


En élevage bovin : quatre espèces envahissantes


Les espèces de mouches les plus fréquemment rencontrées sont la mouche domestique (Musca domestica), la mouche d’automne (Musca automnalis), la mouche piqueuse des étables ou stomoxe (Stomoxys calcitrans) et la mouche des cornes (Haematobia irritans). Les deux premières espèces sont des mouches suceuses qui sont omnivores et se nourrissent de déchets humains, excréments et matières organiques en décomposition. Les deux dernières espèces sont des insectes piqueurs-suceurs qui se nourrissent exclusivement de sang. La liste des maladies que peuvent transmettre les mouches, par contact ou piqûre, est longue: salmonelloses, entérocolites, mammites aiguës ou chroniques, kératoconjonctivites, avortements infectieux, verminose, trypanosome, poliomyélite, mammites d’été, onchocercose…


Lutte chimique : le larvicide est incontournable


Afin de maîtriser les mouches il convient avant tout d’employer un larvicide. « L’utilisation d’adulticide seul est source d’échec car la population d’adultes devient rapidement trop importante pour que l’on parvienne à la contrôler, du fait de l’accélération du cycle de développement de la mouche avec des températures élevées. Les mouches adultes ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Les larves et pupes de mouches représentent 80 % de la population active de mouches », commente Jérôme Blanchet. Les larvicides sont des inhibiteurs de croissance. Ils bloquent la synthèse de la cuticule lors des phases d’évolution larvaires et empêchent la formation des pupes. Les larvicides sont à appliquer sur les litières en privilégiant les zones non piétinées par les animaux (bordures d’aire paillée, sous les abreuvoirs…), dans les fumières et fosses à lisier. Pour une bonne efficacité, il faut intervenir tous les mois. «Avec une intervention toutes les trois semaines et le respect d’une grande propreté des bâtiments, on doit pouvoir se passer d’adulticide », observe Olivier Giroud. Il faut bien sûr respecter les doses et le mode préparatoire des produits et surtout ne pas oublier d’endroit où les larves sont susceptibles de se développer.


Zones d’application des larvicides : ne pas en oublier


Il faut appliquer ces produits sur les zones que les mouches affectionnent. La propreté du support qui va recevoir l’insecticide est primordiale. « Il faut surtout éviter les supports poreux et sales, ne pas chercher à appliquer du produit partout mais plutôt en bonnes conditions sur des surfaces plus modestes », commente Olivier Giroud. Il convient aussi de bien se protéger lors de l’application de ces produits. Et pour limiter l’apparition de résistances, il est indispensable de varier les matières actives (pyréthrinoïdes, néonicotinoïdes ou spinozine).


Lutte biologique : une alternative crédible


Il existe aujourd’hui une offre de parasites des mouches qui peuvent se substituer aux larvicides chimiques. Ces prédateurs s’attaquent à la mouche au stade larvaire ou pupe mais n’ont aucune action sur les mouches adultes. En milieu humide, on peut avoir recours à Ophyra aenescens qui est une mouche prédatrice de la mouche domestique, mais aussi des vers à queues. Elle a la particularité d’apprécier les endroits sombres, reste cantonnée dans les fosses et ne vole pas donc n’apporte aucune nuisance. On peut aussi les déposer sur les fumières extérieures à condition de leur appliquer une protection pour qu’ils restent à l’abri de l’humidité. Spalangia cameroni est une autre espèce de mini-guêpe qui a la particularité de s’attaquer aux larves en profondeur dans les litières, jusqu’à plus de 10 centimètres. Son action peut donc venir en complément de celle de Muscidifurax.


En lutte biologique, les traitements chimiques sont proscrits pour ne pas porter atteinte aux auxiliaires. On peut toutefois recourir aux appâts sous forme de granulés qui n’attirent que les diptères ou encore les traitements pour-on sur le dos pour limiter l’entrée de mouches dans le bâtiment via les animaux qui rentrent des pâturages. « L’efficacité de la lutte biologique s’améliore d’année en année car les éleveurs maîtrisent de mieux en mieux l’application des auxiliaires, et progressivement une population naturelle se maintient. »


Les moyens mécaniques de lutte: des aides complémentaires

En parallèle à une lutte chimique ou biologique, des solutions mécaniques existent. On peut recourir à des pièges collants (rubans, rouleaux, plaques…). Peu onéreux et faciles à mettre en place, ils n’offrent cependant qu’une efficacité limitée en cas de forte infestation.

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