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Pommes de terre bio : « Il est urgent de relancer la consommation !»

La baisse de consommation et les incertitudes sur les rendements amènent certains opérateurs à se désintéresser de la pomme de terre bio. « Il est urgent de relancer la consommation », estime l'interprofession.

Le principal frein à l’achat de pomme de terre bio est le prix en magasin, toujours supérieur de 60 à 80 % au conventionnel.
© Claire Tillier - FLD

Sur le premier trimestre 2022, selon le panel Kantar, les achats de pomme de terre bio des ménages français ont reculé de 14 % par rapport à 2021 et encore plus par rapport à 2020 et 2019. La baisse a été marquée dans les circuits spécialisés (-16 %), un peu moins dans les circuits généralistes (-10 %). « Au début de la crise sanitaire, la pomme de terre, dont la pomme de terre bio, a bénéficié de l’engouement pour le local, les petits magasins, indique Ali Karacoban, du CNIPT. Mais actuellement, les ventes sont en net recul, comme pour beaucoup d’autres produits bio. Il y a eu aussi après les confinements un coup de fatigue du consommateur qui cuisine un peu moins. La météo douce de l’hiver n’a de plus pas été favorable à la consommation des légumes d’hiver. Et surtout, le principal frein à l’achat de pommes de terre bio est le prix en magasin, toujours supérieur de 60 à 80 % au conventionnel ».

Un foyer sur dix seulement achète de la pomme de terre bio

D’août 2021 à mars 2022, le prix moyen de la pomme de terre bio s’est élevé à 1,85 €/kg, contre 1,11 €/kg en conventionnel, en hausse de 4 % par rapport à l’année précédente et même de 10 % dans les circuits spécialisés. S’y ajoute encore le fait que la différence entre pomme de terre bio et conventionnelle ne saute pas toujours aux yeux. « D’une manière générale, le consommateur a très confiance dans la pomme de terre, souligne Florence Rossillon, directrice du CNIPT. Il ne se dit pas qu’il y a une réelle différence pour lui à acheter en bio, d’autant plus qu’avec l’interdiction des antigerminatifs chimiques, la plupart des pommes de terre vendues avec un antigerminatif le sont avec des produits autorisés en bio ». Enfin si 86 % des consommateurs ne voient pas d’inconvénient à ce qu’il y ait un peu de terre sur les pommes de terre, l’aspect des pommes de terre bio peut être un frein pour les urbains.

Des surfaces qui ont triplé en sept ans

En parallèle, la production de pomme de terre bio a beaucoup augmenté en France. De 2014-2015 à 2021-2022, les surfaces sous contrat sont passées de moins de 800 ha à plus de 2100 ha, sur 150 000 ha de SAU. « Même si cela représente moins de 2 % de la SAU totale, les surfaces en bio ont triplé en sept ans pour arriver à 50-60 000 tonnes produites en circuit long sous contrat pour le frais et l'industrie, auxquelles s'ajoutent quelques centaines de tonnes d'importation provisoire notamment d'Espagne », indique Ali Karacoban. En 2020-2021, bonne année au niveau des rendements, le marché a été déséquilibré à partir du printemps. « Les prix ont fortement baissé, de -60 % sur la 2e partie de campagne par rapport 2018-2019 ». En 2021-2022, les volumes ont été plus limités du fait d'une forte pression mildiou. Mis à part en Bretagne, les rendements ont diminué, de 5 % en moyenne et jusqu'à 29 % dans certains bassins, ce qui a impacté le coût de production et donc le prix en magasin.

Des rendements très aléatoires

« On touche là une limite de la production de pomme de terre bio, estime Florence Rossillon. Les rendements sont très aléatoires. Le fait que la pomme de terre soit une grande culture, ce qui implique de produire aussi des céréales en bio, peut aussi être un frein. Il y a malgré tout une volonté des producteurs de cultiver en bio, notamment en pommes de terre primeur plus proche du maraîchage. Il est donc urgent de relancer la consommation de pommes de terre bio, qui aujourd'hui ne représente que 3 % des ventes en volumes et 7 % en valeur. Même si un gain d’acheteurs de près de 5% est observé entre 2015 et 2020, un foyer sur dix seulement en achète. Le message doit être que la bio est un choix de production et un choix du consommateur pour l'environnement » En 2022, face aux incertitudes sur les rendements et le marché, les prévisions d'emblavement sont stables pour la production sous contrat qui représente 80% des volumes. « Mais des évolutions chez les indépendants peuvent aussi amplifier l'offre », note Florence Rossillon. Quant aux industriels, face aux incertitudes du marché et de la production, ils sont aujourd'hui divisés, certains souhaitant encore augmenter leur offre de pommes de terre et chips bio, d'autres se maintenant et d'autres souhaitant diminuer voire arrêter la pomme de terre bio.

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