Adventice : les matricaires se désherbent de l'automne au printemps
Les germinations de matricaires se rencontrent toute l’année sur cultures de printemps et d’hiver. Mais ces adventices sont préjudiciables majoritairement sur céréales d’hiver et colza.
La matricaire camomille est la principale espèce de matricaires se rencontrant en grandes cultures. Les plantules de matricaires se caractérisent par des feuilles linéaires se divisant en plusieurs segments latéraux perpendiculaires à l’axe foliaire. Ces segments sont de plus en plus nombreux au fur et à mesure du développement des nouvelles feuilles et ils se divisent eux-mêmes à partir de la cinquième feuille. Les cotylédons sont très petits (quelques millimètres), de forme elliptique et souvent invisibles, car ils disparaissent rapidement. De teinte vert clair, la plantule de la matricaire camomille présente des feuilles alternes disposées en rosette.
Les matricaires sont glabres. À la floraison à partir d’avril, elles se distinguent aisément par leurs petites fleurs (capitules) semblables à celles de pâquerettes. Adulte, un plant de matricaire camomille peut atteindre un demi-mètre de haut, avec un port très ramifié. Les matricaires sont très ressemblantes à un autre groupe d’adventices, les anthémis.
Combattre les matricaires par du désherbage mécanique et chimique
Agronomie : Du fait de sa capacité à germer toute l’année, la matricaire est peu sensible à diverses techniques agronomiques de lutte comme l’alternance de cultures d’hiver et de printemps ou le décalage de date de semis. Le labour montre une efficacité moyenne sur ces adventices. En agriculture biologique, on privilégiera l’utilisation de céréales étouffantes et des faux semis avec un travail du sol très superficiel positionné idéalement à la fin septembre ou début octobre.
Mécanique : Avec des conditions sèches en surface du sol, le passage d’une bineuse est efficace sur des plantes qui n’ont pas dépassé le stade 3-4 feuilles. Au-delà, l’adventice sera plus résistante au passage d’outils. Les herses étrilles et houes rotatives sont moins performantes que la bineuse.
Chimie : Il existe divers herbicides efficaces sur matricaires. Les produits d’automne à base d’urée substituée (chlortoluron) sont performants sur blé. Pour les interventions de sortie d’hiver, de nombreuses spécialités apportent des résultats satisfaisants, à base de sulfonylurées, de phyto-hormones… En colza, les principaux herbicides de prélevée montrent des efficacités bonnes et régulières. En post-levée, des produits à base de clopyralid ou la spécialité Ielo présente un intérêt en rattrapage de sortie d’hiver ou de printemps. Les autres cultures comme le maïs ou la betterave disposent d’un arsenal herbicide performant. Face à l’émergence de matricaires résistantes à des herbicides, il vaut mieux alterner les familles d’herbicides utilisées sur une campagne et sur la durée de la rotation culturale.
Quatre points clés sur les matricaires
Les matricaires comptent trois espèces se retrouvant dans les champs : la matricaire camomille (Matricaria recutita), la matricaire inodore (Matricaria perforata) et la matricaire discoïde (Matricaria discoidea). Cette dernière se rencontre dans les cultures maraîchères et la betterave. La matricaire inodore affectionne les terres acides et fraîches sous climats tempérés et continentaux.
La nuisibilité des matricaires est assez forte. Une vingtaine de plantes au mètre carré suffit à faire baisser le rendement des céréales à paille de 5 %. Les matricaires affectent également les colzas. Leur présence est d’autant plus forte que la disponibilité en azote est élevée dans le sol.
Des matricaires résistent à des herbicides de la famille des inhibiteurs de l’ALS (acétolactate synthase) qui comprend les sulfonylurées, le pyroxsulame, le florasulame, l’imazamox. La résistance concerne divers départements dont ceux des Hauts-de-France, de Normandie, de Bretagne. Elle est devenue fréquente en Ille-et-Vilaine, selon un suivi de l'Inrae.
Ne pas confondre avec les anthémis. À la différence des matricaires, les anthémis (plusieurs espèces) présentent une pilosité sur les feuilles et tiges mais il faut parfois une loupe pour distinguer les soies. La teinte des anthémis va du vert jaune au vert foncé. Les feuilles sont assez semblables à celles des matricaires avec une différence toutefois : la présence de petites pointes dures (mucrons) à l’extrémité des segments foliaires.