« Avec la sélection, on gagne en plus-value sur les ovins sans augmenter le cheptel »
À Orvilliers-Saint-Julien, Victor et son père ont inscrit leur troupeau de brebis Île-de-France en sélection pour dégager plus de revenus, sans augmenter la taille du troupeau.
Depuis le retour des ovins en 1998, le troupeau n’a cessé de croître. Lorsque Jean-Paul Maman s’est installé en 1986 à Orvilliers-Saint-Julien, à une trentaine de kilomètres au nord-ouest de Troyes, il n’y avait pas de moutons. Il a en effet arrêté cet atelier en quittant l’exploitation familiale située à dix kilomètres de là.
Jean-Paul est rejoint en février 2022 par son fils Victor, qui quitte alors son emploi de chasseur de têtes dans le privé. « Ce sont les moutons qui m’ont motivé à revenir à la ferme », confie le jeune éleveur de 37 ans.
Augmenter le revenu sans augmenter l’effectif
La troupe ovine compte aujourd’hui 370 têtes, avec un objectif de 400 à 450 mères. Elle est inscrite depuis 2020 en sélection. « Nous cherchions un moyen de dégager plus de revenus pour permettre mon arrivée sur l’exploitation, se remémore Victor Maman. Nous ne pouvions pas augmenter le cheptel car nous aurions manqué de place en bergerie et de surface de pâturage et la hausse de la prolificité n’aurait pas été cohérente avec notre système. »
L’insémination animale était une pratique déjà bien ancrée dans la conduite de l’élevage, avec environ 120 brebis inséminées par an, le pas de l’inscription n’a pas été trop compliqué à franchir pour les deux associés. L’insémination permet l’accès à des qualités génétiques supérieures et une amélioration plus rapide du troupeau, d’après le jeune installé.
Alloter davantage pour les luttes en paternité
Néanmoins, « il s’agit d’une conduite de troupeau vraiment différente qu’en élevage terminal ». Toutes les autres luttes se font en paternité, donc avec beaucoup de lots, ce qui demande une organisation du travail efficace. « Nous avons augmenté le nombre de béliers disponibles, avec six actifs et une réserve de quatre jeunes qui seront prêts l’année suivante. »Autre changement dans la conduite, les pesées à 30 et 70 jours. « Nous n’avions pas ces données avant 2020, cela nous donne des billes pour réformer au plus juste suivant les index. »
Le choix de la race Île-de-France a été motivé par la qualité bouchère et la conformation carcasse des agneaux, la facilité de dessaisonnement et la rusticité des brebis qui supportent bien d’être dehors toute l’année. « Les brebis rentrent en bergerie le dernier mois de gestation et durant la lactation, mais il y a toujours au moins un lot qui est à l’extérieur », précise Victor Maman.
Où vont les agneaux ?
En sélection, les mâles et les femelles peuvent être valorisés comme reproducteurs. Chez Victor Maman, une vingtaine d’agnelles sont vendues comme telles et moins de la moitié partent en boucherie. Le reste sert à l’autorenouvellement du troupeau. Pour les mâles, si environ 80 % partent en boucherie, quelques-uns, de l’ordre de la dizaine ou moins, intègrent la station de contrôle individuel (SCI).Le reste des mâles sont élevés à la ferme et pourront être inscrits plus tard et vendus en reproducteurs. Parmi ceux qui entrent en SCI, les meilleurs entrent en centre d’insémination animale (CIA). Les autres inscrits sont soit vendus aux enchères en sortie de station, soit ils repartent sur la ferme. Pour ceux de qualité génétique insuffisante, ils ne seront pas inscrits.
Chiffres clé
370 brebis Île-de-France
118 ha de SAU dont : 25 ha de blé, 10 ha d’orge de printemps, 7-8 ha d’orge d’hiver en autoconsommation, 15 ha de dactyle porte-graine, 5-6 ha de ray-grass, 7 ha de luzerne (pour déshydratation), 3 ha de luzerne fourrage, 15 ha de betteraves sucrières, 20 ha de chanvre, 7 ha de prairie temporaire