Aubergine : contre l'altise du tabac, quelles sont les méthodes de protection à combiner ?
Le projet Altiz cherche à combiner des moyens de protection alternative contre l’altise du tabac dont les dégâts sont croissants sur aubergine.
Le projet Altiz cherche à combiner des moyens de protection alternative contre l’altise du tabac dont les dégâts sont croissants sur aubergine.
L’altise du tabac (Epitrix hirtipennis) est un ravageur émergent qui impacte fortement les cultures d’aubergine. Elle est présente en France depuis 2016. Les adultes se nourrissent des feuilles qu’ils perforent, ce qui a pour conséquence de réduire la photosynthèse. Elles s’attaquent également aux fleurs et aux fruits, ce qui réduit la qualité de la récolte. Son cycle biologique en culture d’aubergine sous abri est peu connu (voir encadré). « Il n’existe aujourd’hui aucune solution alternative efficace de gestion de ce bioagresseur », explique Aurélie Rousselin, chargée d’expérimentation Protection des cultures à l’Aprel. Les travaux de la station légumière provençale sur l’altise de l’aubergine font partie du projet Altiz, plus vaste, piloté par Planète Légume, qui vise à gérer les altises en cultures maraîchères et bénéficie d’un financement de FranceAgriMer.
Des dégâts importants observés en été
En 2021, les altises ont été détectées dès la fin du mois d’avril et leur population a augmenté tout au long de la culture (fig. 1). Les dégâts sur feuilles sont apparus simultanément à la détection des adultes sur les plantes. Les dégâts sur fleurs et jeunes fruits ont été observés à partir de fin mai et ont suivi la même dynamique que les populations d’altises. Deux traitements phytosanitaires (indiqués par des flèches sur le graphique) ont provoqué une baisse de population qui repart rapidement à la hausse deux semaines après le traitement. En 2022, les premières attaques d’altises ont été plus tardives (mi-mai) et moins intenses qu’en 2021 (fig. 1). Les dégâts ont aussi été retardés (à partir de juillet pour les fruits), mais les observations de cette année montrent que, même avec moins d’une altise par tête en moyenne, des dégâts importants peuvent être observés dans l’été.
« En 2021, des stratégies de piégeage ont été évaluées. Deux couleurs de panneaux englués ont été testées : jaune et blanc. Les panneaux blancs se sont révélés être plus attractifs en piégeant plus d’altises », précise la spécialiste. Cependant, l’auxiliaire Macrolophus pygmaeus a également été piégé massivement par ce panneau. Les pièges blancs ne sont donc pas compatibles avec des stratégies de protection intégrée qui utilisent Macrolophus pygmaeus. Pour l’essai 2021, une stratégie de piégeage massif renforcée a été testée en comparaison à la stratégie producteur. Pour la stratégie renforcée, la densité est de 1,75 panneau pour 5 mètres linéaires contre 1 panneau pour 5 mètres linéaires pour la stratégie témoin. « Les panneaux dans les deux stratégies ont été posés tardivement, le 20 mai, par rapport à la première détection d’altise. Les résultats de l’essai montrent que la stratégie de piégeage renforcée n’a pas permis d’améliorer la gestion de l’altise par rapport à la stratégie témoin », commente-t-elle.
Combiner des méthodes de protection
En 2022, la densité a été augmentée à deux panneaux pour cinq mètres linéaires, posés le 20 juin dans la stratégie renforcée, puis complétés avec des rollertrap sur les rangs de bordure au 20 juillet. Dans la stratégie témoin, la pose est plus tardive, le 20 juillet, la densité sur les rangs centraux est de un panneau pour cinq mètres linéaires et des rollertrap sur les rangs de bordure. « Il n’y a pas eu de différence entre les deux stratégies de piégeage sur les populations d’altises », conclut l’expérimentatrice.
Toutefois, les pièges englués sont intéressants pour de la détection. En effet, quelques panneaux installés dès la plantation de la culture permettent de repérer précocement les entrées d’altises dans les abris. « Dans les essais, cette méthode facile et rapide a permis d’identifier les premières altises avant leur observation sur les plantes », rapporte Aurélie Rousselin. Comme le seuil de nuisibilité du ravageur est bas, les essais cherchent à combiner des méthodes de protection. Trois sont à l’étude avec des résultats décevants. L’une concerne des auxiliaires avec une première étude sur le staphylin Atheta coriaria (prédateur naturel des larves du sol) qui n’a pas montré d’efficacité. La seconde a évalué des produits répulsifs. Un test en 2022 n’a pas montré d’effet sur les populations d’altises. Enfin, des plantes répulsives ont été expérimentées en 2022, notamment l’effet répulsif du basilic sacré installé dans le tunnel. « Aucun effet répulsif n’a été mis en évidence. De plus, les plants de basilic sont entrés en compétition avec la culture (compétition spatiale et pour les pollinisateurs). Cette plante a également attiré des chenilles qui ont provoqué des dégâts sur les aubergines », mentionne Aurélie Rousselin. De nouvelles pistes seront explorées dans l’essai 2023.
Cycle biologique
La connaissance du cycle biologique de l’altise Epitrix hirtipennis est importante afin de sélectionner les mesures de protection les plus pertinentes. Les observations confirment un développement des adultes sur les parties aériennes. La bibliographie détaille une ponte, des stades larvaires et un stade pupe au niveau du sol. Des prélèvements de sol dans la culture d’aubergine mis en émergence au laboratoire ont permis de confirmer que l’altise réalise la totalité de son cycle dans les tunnels d’aubergine en conditions provençales. Des prélèvements ont également été faits à différentes distances du pied d’aubergine (15 à 65 cm) pour préciser la localisation des larves. D’après ces prélèvements, les larves sont principalement retrouvées proche du pied d’aubergine dans le bulbe d’irrigation.
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