Assolement en commun : « Cette organisation nous permet de lancer de nombreux projets »
La SEP Agrilor, dans la Meuse, réunit huit associés, dont Clément Marie, agriculteur à Seuzey. Il revient sur les projets qu’ils ont pu lancer grâce à la force du collectif.
« L’organisation en assolement en commun était déjà pratiquée par mon père mais sans formalisme particulier. Après mon installation en 2008, nous avons décidé de créer une société en participation (SEP), baptisée Agrilor, avec huit associés. Chaque exploitation met son foncier à disposition et les bâtiments de stockage sont loués à la SEP. Au total, nous cultivons 900 hectares situés entre Saint-Mihiel et Verdun.
Nous achetons nos intrants en commun, et vendons la production en commun également. Nous stockons l’intégralité de nos récoltes de grains. La clé de répartition du résultat de la SEP entre associés est de 1 hectare pour 1 hectare. C’est-à-dire qu’on part du principe que nos terres se valent en termes de potentiel. Ce que touche chaque associé se fait au prorata de sa surface. Les exploitations font entre 60 et 190 hectares. La SEP est complétée par une Cuma pour la partie matériels dont l’utilisation est facturée à la SEP.
Nous avons acheté un terrain et un bâtiment dédié à nos activités pour stocker le matériel, faire un bureau et un atelier. Le site, en cours de construction, sera équipé d’un séchoir et d’un trieur pour les récoltes ainsi que d’un pont-bascule.
Nous avons chacun notre rôle au sein de la SEP en fonction des compétences de chacun : gestion, technique, logistique, mécanique, bio… Une réunion est organisée tous les lundis pour caler l’organisation de la semaine. Il y a aussi trois ou quatre réunions par an afin de discuter de la stratégie et des projets à plus long terme. Les décisions se prennent à l’unanimité, quitte parfois à y passer du temps pour trouver un terrain d’entente. On travaille beaucoup sur l’humain, à travers des formations de coaching notamment, pour que le collectif fonctionne.
L’organisation collective est un atout pour faire des économies sur les charges de mécanisation : nous n’utilisons qu’une moissonneuse-batteuse et qu’un pulvérisateur pour toute la surface. Cela nous permet aussi de lancer de nombreux projets. Par exemple, nous pratiquons l’agriculture de conservation des sols depuis 2017. On a d’ailleurs pu tester certaines techniques sur des surfaces assez importantes en limitant le risque financier. Deux exploitations sont même passées en bio. »