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Assises de France OP Lait : Des OP laitières bien décidées à avancer

Les premières Assises de France OP Lait, organisées le 13 octobre 2020, ont mis en avant la nécessité de renforcer les OP. Les programmes opérationnels de la prochaine Pac sont une chance à saisir pour avancer.

Du chemin a été parcouru depuis la création des premières OP laitières il y a un peu moins de dix ans. En témoigne la tenue des premières Assises de France OP Lait, le 13 octobre dernier à Paris, où les OP ont affiché des ambitions qui vont au-delà de la négociation volume-prix. 65 OP laitières agréées réparties sur tout le territoire mettent en marché 25% de la collecte laitière française ; des OP d’une grande diversité de taille,  avec un ou plusieurs clients. « Ce sont des structures encore jeunes, non abouties ; nous avons encore du travail à réaliser au sein des OP»,  a affirmé Denis Berranger, président de France OP Lait.

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Tous les intervenants de ces assises, acteurs de la filière ou du monde politique, s’accordent sur leur rôle central dans la structuration de la filière. « Ce sont de formidables outils pour que producteurs et industriels apprennent à co-construire pour aller à la rencontre des consommateurs: les producteurs deviennent force de proposition pour une filière plus compétitive», explique Ugo Denis, chambre d’agriculture de Normandie.

Nécessité d’un accompagnement politique fort

Tous s’accordent aussi sur la nécessité de renforcer les OP. Malgré le coup de pouce voulu par la loi Egalim, elles peinent à peser dans les négociations face à leurs clients et à conclure la deuxième génération de contrat-cadre.  « On s’éloigne de plus en plus de la date butoir pour boucler les contrats fixée par la loi au 1er avril 2019 et repoussée au 1er décembre », souligne Frédéric David de France OP lait.

Ce renforcement passe par un accompagnement politique pour aller jusqu’au bout des intentions de la loi Egalim. « Les OP sont en train de modifier le jeu, il faut que le ministère et les parlementaires soient aux côtés des OP. Nous savons ce qu’il faut corriger», affirme Martine Leguille-Balloy, députée LREM de Vendée. Notamment « exiger de la transparence : aucune OP ne connaît le mix produit de l’entreprise intégré dans la formule de prix », souligne Frédéric David.  Pour Frédéric Courleux Agroéconomiste, Parlement européen, la nomination d’un délégué ministériel pour accompagner les OP serait un signal fort de l’engagement de l’Etat. Le plan de relance prévoit  4 millions d'euros pour proposer un parcours de formation (juridique, à la négociation...) pour les OP.

Arrêtons de confondre transfert de propriété et OP commerciale

Si on veut assurer l’efficacité de la filière, les OP doivent évoluer vers une organisation avec transfert de propriété du lait des producteurs vers l’OP, défend-il par ailleurs. « Qu’on sorte de cette schizophrénie où on demande  à des OP de négocier des prix sans avoir de levier sur les volumes car ces volumes sont gérés directement entre les producteurs et les industriels ».  

Un avis partagé par Philippe Duclaud, DGE (ministère de l’Agriculture) qui  considère l’organisation avec transfert de propriété (et multi-acheteurs) comme le schéma ultime d’une OP .

« Le transfert de propriété est un point de réflexion important des OP, affirme Denis Berranger. Peut-être qu’à l’échelle d’une région, d’un département, d’une entreprise, les OP ne vont plus vendre le lait à la sortie des fermes mais à l’arrivée aux quais ». Mais le débat sur les OP commerciales et non commerciales est un débat francofrançais : on confond transfert de propriété et OP commerciale. « Au niveau européen, on n’a pas besoin de transfert de propriété pour être considéré OP commerciale : les 65 OP reconnues à Bruxelles sont toutes des OP commerciales. Si je mets en marché un milliard de litres et négocie le prix, le volume, la durée du contrat, je suis une OP commerciale. »

Une chance à saisir avec les programmes opérationnels de la Pac

La prochaine PAC offre aujourd’hui aux OP des opportunités pour avancer. Notamment en donnant la possibilité aux Etats-membres d’utiliser 3% de leur enveloppe d’aides directes pour cofinancer à 50% des programmes opérationnels. Soit une enveloppe de 200 millions d’euros pour toutes les filières. Pour accéder à ces financements, les OP doivent définir des missions d’intérêt général permettant l’organisation de leur secteur et la répartition de la valeur ajoutée. « Vous avez un an et demi avant la mise en place de la prochaine PAC pour aller demander des financements. Il faut saisir cette chance-là », plaide Frédéric Courleux.

Certains y réfléchissent déjà, comme l’Association d’OP Poplait (5000 producteurs) : « Nous travaillons sur des programmes opérationnels à l’échelle du Grand Ouest depuis 2018 : nous souhaitons être acteur et maître d’oeuvre », indique son vice-président Fabrice Guérin. Des coopératives ont déposé des demandes d’agrément en OP pour accéder à ces programmes, indique Pascal Nizan, président de Sodiaal Union Bretagne Est. La France intègrera-t-elle ces programmes dans son plan stratégique national ? Cela fait débat car ce n’est pas de l’argent qui tombera dans la poche des producteurs, mais un levier pour organiser les filières.

« Avec ou sans la Pac, les OP mettront en œuvre leurs projets, et des projets, elles en ont plein la tête », assure Denis Berranger. Des projets pour défendre la valeur du lait avant d’entrer en usine.

 

Les OP frappent à la porte de l’interpro

L’entrée des OP au Cniel ? Pour Denis Berranger, président de France OP Lait, c’est une question de temps. « Les OP doivent connaître tous les tenants et les aboutissants qui ont abouti à la fixation des indicateurs économiques du Cniel. Lors des négociations avec les industriels, on est en face d’interlocuteurs qui ont accès à tous ces éléments ». La transparence est essentielle. Il y a une complémentarité à construire entre les OP et le Cniel. « L’exemple du plan de réduction de la production est frappant. Nous ne le remettons pas en cause, mais la mtéhode. Nous n’avons pas été au cœur des discussions alors que dès le début de la crise, nous avions été confrontés dans notre négociation avec les industriels au fait de devoir adapter l’offre à la demande."

 

Ils ont dit:

°Jacques Chiron président-fondateur Biolait, membre de France OP Lait:

« A la création de Biolait, le prix n’était pas la seule motivation. Biolait, ce sont des producteurs qui se sont regroupés autour d’un projet, le développement du bio, et qui se sont pris en main. Pour obtenir un prix, il faut oublier le prix. Le prix n’est pas le seul sujet. La régulation des volumes et tout ce qui se rapporte aux sujets sociétaux , c’est très important". 

° Jean-Baptiste Moreau député (LREM) de la Creuse:

« Il va falloir être plus incitatif par rapport aux OP pour que les agriculteurs aient encore plus intérêt à se regrouper en OP. On pourrait envisager de conditionner un certain nombre d’aides de la Pac à l’appartenance à une OP. Cela fait débat. »

° Karine Oswald-Poulet, conseillère OCM Fruits légumes:

« L’OP ce n’est pas juste une massification des volumes. On travaille sur des espèces, de la qualité, des modalités de production. Le volume tout seul, c’est de la perte de rémunération, on doit avoir un vrai rôle de valorisation des produits. Nos programmes opérationnels Fruits et légumes mis en place en 1996 ne sont pas une aide au revenu, ce sont des outils d’adaptation au marché. Un programme c’est 3 à 5 ans , avec une stratégie commerciale, un cahier des charges". 

L'association France OP Lait c'est:

° 20 0rganisations de producteurs

° 6500 producteurs

° 3 milliards de litres de lait conventionnel et bio

° Création en 2018

° Son objectif : permettre aux OP de devenir les partenaires efficaces et constructifs d'une filière laitière pérenne et durable.

° Sa mission : accompagner, représenter, promouvoir et défendre les OP

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