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Remédier aux effondrements des cires et à la mauvaise santé des colonies en situation chaude

Thibault Mercier est associé au sein du Gaec Miellerie Mercier. Il nous livre son retour d’expérience d’utilisation de partitions chaudes isolantes et conduite des colonies en « nid serré ». 

Le Gaec Miellerie Mercier est situé en Savoie, les quatre associés conduisent 850 colonies en production. Ils réalisent de grandes transhumances sur leurs ruchers de production et hivernent leurs colonies principalement en Savoie, dans l’Ain, le Gard et les Bouches-du-Rhône pour être un peu plus précoce sur le développement des colonies en début de saison.

En 2022, à la suite de conditions très chaudes et sèches en été, les apiculteurs avaient subi des effondrements de cire dans les colonies. Après avoir assisté à une présentation de la méthode de conduite des colonies avec des ruches basse consommation, utilisant des partitions chaudes de Damien Merit et Marc Guillemain, les associés du Gaec ont décidé d’essayer cette méthode sur leur exploitation. Ainsi, fin 2022 et début 2023, ils ont utilisé cette méthode sur l’ensemble du cheptel de production, convaincu par la pertinence de la conduite des colonies en « nid serré », corroborée à l’occasion d’un voyage d’étude en Italie organisée par l’ADA Aura.

La méthode du nid serré et de la ruche basse consommation

Conduire en nid serré consiste à resserrer la taille du nid à couvain sur six cadres. Les apiculteurs placent de chaque côté une partition chaude pour isoler le nid à couvain.

Conception des partitions chaudes

Les apiculteurs utilisent deux partitions chaudes dans chacune des ruches. Ce sont des partitions bois qu’ils ont modifiées en emballant la totalité de celle-ci avec de l’isobulle aluminium de marque XLMAT. L’intérieur creux de la partition est comblé avec de la mousse pour gagner du pouvoir isolant.

« Il existe deux types d’isolant XLMAT, nous avions constaté que celui avec le revêtement pelliculé d’une fine couche de papier aluminium était plus fragile en se délaminant sur les ponts de cire. Nous avons donc décidé de ne pas utiliser celui-ci. Nous avons choisi le revêtement aluminisé en polyester un peu plus souple et résistant, tant qu’il n’y a pas d’accroc au lève-cadre », explique Thibault.

Premier essai sur des colonies sur un cadre de couvain

Le premier essai des partitions chaudes a été réalisé sur des colonies jugées trop petites pour passer l’hiver 2022-2023. Les apiculteurs ont donc décidé d’isoler ces colonies en fermant les planchers et en installant deux partitions chaudes ainsi qu’un isolant disposé entre les têtes de cadres et le nourrisseur « nicoplast ».

« Au printemps, nous avons constaté que ces colonies avaient très bien hiverné sur un cadre de couvain et qu’elles se sont développées plus vite que celles qui n’avaient pas bénéficié des partitions chaudes et qui avaient été hivernées sur quatre à cinq cadres de couvain avec le plancher ouvert », développe l’associé.

Des colonies populeuses et rapidement en hausse

« Nous sommes très contents de la dynamique des colonies malgré qu’elles soient conduites uniquement sur six cadres au lieu de huit à neuf cadres. Au départ, nous avions peur de perdre en population, mais en fait, nous avons eu l’impression d’avoir une dynamique de colonies comparables aux ruches Warré mais sur des Dadants », constate Thibault.

La conduite sur six cadres de couvain leur a permis d’avoir une montée en hausse des abeilles plus rapide. Notamment cette année sur la miellée de printemps en montagne, avec des conditions similaires aux années précédentes, les apicultrices et apiculteurs ont observés des abeilles plein le nourrisseur et très populeuses. 

« Sur des miellées flash, c’est intéressant, car les abeilles montent très vite en hausse », explique Thibault. En revanche, les colonies ont aussi stocké du pollen en hausse.

Plus d’humidité dans les colonies

« Cette année, nous n’avons pas constatés d’effondrement des colonies alors que le climat était très chaud, et certaines colonies étaient exposées en plein soleil. Il nous semble que les colonies maintiennent plus facilement une homéostasie [température et humidité différente de l’extérieur] favorable que sans isolants. Nous constations le dégagement d’air humide à l’ouverture lors de canicule », selon Thibault.

Moindre consommation des colonies

Concernant la consommation des réserves, les apiculteurs ont observé une moindre consommation hivernale à l’aide des 120 ruches sous surveillance balance, et des colonies qui n’ont presque pas consommé le candi distribué en janvier ou février. Pendant la saison de production, lors de périodes creuses, les colonies, pourtant fortes, ont moins consommé de réserves qu’habituellement.

« Pour la consommation, on s’est rendu compte que le fait qu’elles n’aient pas à chauffer et que la thermorégulation soit facilitée, nous permettaient de moins les nourrir. Néanmoins, cette technique nécessite une surveillance plus fine facilité par la densité de notre parc de balances connectées », constate Thibault.

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