Le réemploi des pots de miel
Face à l’augmentation des prix des pots et à la prise de conscience des enjeux environnementaux, le réemploi des pots de miel séduit de plus en plus d’apiculteurs. Passons en revue les principales questions à se poser avant de franchir le cap.
Qu’est-ce que le réemploi ?
Le réemploi est un système qui consiste à remettre en état un objet pour en faire le même usage. La consigne, quant à elle, correspond à la somme d’argent échangée contre le pot réemployé. Consigner un emballage, c'est le facturer à son client et en garantir la reprise et le remboursement.
Le réemploi est-il vraiment meilleur pour la planète ?
Même si le réemploi nécessite d’utiliser de l’eau, son impact environnemental est bien inférieur à celui du recyclage du verre, qui impose de le fondre jusqu’à 1550 °C et nécessite d’ajouter environ 20 % de verre neuf. Les études montrent qu’en moyenne, le réemploi permet d’économiser 79 % de ressources énergétique (kWh), 76 % de gaz à effet de serre (kg équivalent C02) et 51 % d’eau, d'après l'étude de l’Ademe (Agence de la transition écologique) réalisée sur des bouteilles en verre en 2018.
Comment optimiser le taux de retour des pots ?
D’abord, le réemploi doit être mentionné sur l’étiquette. La réglementation impose désormais l’info-tri ; dans le cas du réemploi, il existe une info-réemploi remplace l’info-tri. Une association, le Réseau consigne, propose également le pictogramme « Rapportez-moi pour réemploi », utilisable gratuitement sur simple demande : https://www.reseauconsigne.com/pictogramme-national-rapportez-moi-pour-reemploi/
Il est pertinent de renforcer cette étiquetage par une communication sur le lieu de vente, et, pour les ventes en demi-gros, la formation du personnel des magasins est un point stratégique.
La mise en place d’une consigne payante reste la meilleure façon d’optimiser le retour des pots, et parfois même d’augmenter les ventes. Éric Langlet, apiculteur auvergnat, pratique la consigne depuis de nombreuses années et s’amuse en disant : « ce n’est pas le client qui ramène le pot, c’est le pot qui ramène le client ! ».
Comment organiser le stockage des pots collectés ?
Utiliser du matériel facile à transporter et empiler, par exemple, des caisses ajourées ou des cartons de livraisons de pots neufs. Certains apiculteurs utilisent des cartons de transport de bananes, réputés pour leur solidité et faciles à empiler, ou des caisses de rangement en plastique avec couvercle (vendues par Manutan), lavables et empilables.
Est-il possible d’externaliser le lavage ?
Des entreprises se sont spécialisées dans la prestation de lavage. Elles se sont développées d’abord pour le lavage des bouteilles, et face à une demande croissante pour les pots, elles s’équipent pour les pots. Par exemple, en région Auvergne-Rhône-Alpes, vous pouvez vous tourner vers la Pampa, Rebooteille, Alpes Consigne ou encore Ma bouteille s’appelle Reviens. Des entreprises similaires fleurissent partout en France, à vous de trouver la vôtre !
Il est possible que l’entreprise exige un minimum de pots pour lancer un lavage : ce peut être l’occasion de se grouper. Certaines entreprises proposent aussi la collecte.
Quelles sont les recommandations de lavage ?
L’apiculteur se doit de mettre en marché des produits sains et sans danger pour le consommateur, mais est libre des moyens qu’il met en place pour y parvenir. Ainsi, à ce jour, il n’existe pas de réglementation obligatoire sur les conditions de lavage des pots dans le cadre du réemploi. Il est donc possible d’utiliser un lave-vaisselle domestique.
Pour limiter les risques d’ordre sanitaire, il est conseillé de laver à 65-70 °C. Les produits de lavage doivent être à usage alimentaire. Généralement les prestataires de lavage utilisent de la soude et de l’acide peracétique ; les apiculteurs utilisent parfois du vinaigre ou des pastilles de lave-vaisselle. Un rinçage à l’eau claire après lavage est préconisé, pour évacuer tout résidu de produit de lavage. Un ultime contrôle visuel ou olfactif s’impose pour vérifier la propreté des pots avant leur réemploi.
Il est aussi possible d’investir dans un lave-vaisselle professionnel, dont les cycles de lavages sont plus rapides et les températures plus élevées (jusqu’à 90°C) qu’avec un lave-vaisselle domestique. Un investissement collectif se révèle alors très pertinent.
Quels sont les risques associés au réemploi ?
Tout producteur doit avoir un Plan de maîtrise sanitaire (PMS). Dans le cas d’un système de réemploi, il faut y intégrer les risques associés. Le principal risque est la présence de corps étranger dans le miel : les bris de verre. Effectivement, les étapes de stockage, lavage et transport des pots sont sensibles. Les mesures de prévention peuvent être : ne pas accepter de retours de pots fissurés, jeter les pots fissurés ou tombés, et stocker les pots sur des support stables, avant et après lavage.
Il existe aussi un danger chimique lié à l’ingestion de produit en cas de mauvais rinçage des pots après lavage. Rincer efficacement les pots et à réaliser un contrôle visuel avant la mise en pot sont deux solutions préventives.
Quelles sont les étiquettes adaptées au réemploi ?
Qui dit réemploi dit étiquettes facilement décollables. D’après le retour d’apiculteurs et d’imprimeurs, il est conseillé d’utiliser de la colle hydrosoluble, du papier dit « non-couché », pas de dorures ou de vernis, qui empêcherait l’eau de pénétrer et donc de décoller l’étiquette. Aussi, l’exposition des étiquettes aux UV, à l’humidité et aux variations de températures diminue l’efficacité de décollage. Le lieu de stockage des pots sales doit donc être réfléchi selon ces critères.
Quid du réemploi des capsules ?
Les capsules ne sont pas réemployables : elles peuvent se déformer, le silicone qui se trouve à l’intérieur a tendance à noircir et peut perdre son caractère hermétique.
En cas de consigne payante, comment appliquer la TVA ?
Il faut différencier la vente du miel et la vente du pot. Vous devez appliquer 5,5 % de TVA sur le miel vendu. En revanche, sur les pots, la TVA est de 20 %. Vous pouvez choisir d’appliquer la TVA sur tous les pots consignés, ou uniquement sur ceux non retournés. Ceux-ci sont considérés comme une vente d’emballage, leur vente est à comptabiliser en fin d’exercice comptable dans le chiffre d’affaires, et une TVA de 20 % s’applique.
Côté biblio
Guide technique « Réemploi des pots de miel », prochainement disponible auprès de votre ADA ou de l’ADA Aura.