Agroforesterie : « Nos arbres en intraparcellaire nous permettent de valoriser une parcelle venteuse »
Il y a quatre ans, le Gaec des églantiers, en Loire-Atlantique, a planté 325 arbres. Objectifs : protéger les animaux et bénéficier des effets favorables des arbres sur les cultures.
Il y a quatre ans, le Gaec des églantiers, en Loire-Atlantique, a planté 325 arbres. Objectifs : protéger les animaux et bénéficier des effets favorables des arbres sur les cultures.
Fin 2017, le Gaec des églantiers a planté en agroforesterie une parcelle de 9,6 hectares dédiée à la fauche, aux cultures et au pâturage des génisses. « Cette grande parcelle un peu en hauteur n’a pas de haie du côté ouest et est très exposée aux vents, explique Alexandre Amosse, un des trois associés du Gaec. Comme nous en sommes propriétaires et qu’elle n’est pas drainée, nous avons pensé à l’agroforesterie. L’idée première était que des arbres puissent abriter les génisses du vent et du soleil. Nous sommes en bio, et nous pensons également qu’il peut y avoir un intérêt pour les cultures, pour avoir plus d’auxiliaires. Et aussi pour éviter l’échaudage des céréales grâce à l’ombre des arbres. Enfin, l’objectif à terme est de produire du bois d’œuvre. »
Faire descendre les racines
Le Gaec a planté cinq lignes d’arbres de 300 mètres de long et trois lignes de 100 mètres, espacées d’environ 30 mètres, avec un arbre tous les 6 mètres sur la ligne, sauf sous la ligne à haute tension électrique qui traverse la parcelle. Une bande de 18 mètres de large a été laissée sans arbre sur le pourtour pour permettre de détourer la prairie avec la faucheuse.
Au total, 325 arbres ont été plantés, avec un jalonnement au guidage RTK grâce au tracteur de la Cuma qui a fissuré le sol avant la plantation. « Un point essentiel pour les cultures, notamment le maïs, est que les racines des arbres descendent dans le deuxième horizon et ne fassent pas concurrence au maïs », souligne Alexandre. De même, « avant l’implantation d’une culture, il est important de fissurer le sol de chaque côté des arbres pour forcer les racines de ces derniers à descendre ».
Les essences ont été choisies parmi les espèces endémiques : chêne chevelu, érable sycomore, alisier torminal, merisier commun et orme Lutèce. « Les premiers prélèvements auront lieu dans vingt à trente ans. Comme la croissance des différentes espèces est plus ou moins rapide, les arbres seront remplacés au fur et à mesure. Il y en aura ainsi toujours qui abriteront les animaux. Cela limite aussi les risques de diffusion des maladies. »
Les lignes d’arbres facilitent le pâturage
« La taille est cruciale pour que les arbres poussent droit et soient bien valorisés en bois d’œuvre, insiste Alexandre. Un objectif est aussi que les feuilles se rejoignent pour faire de l’ombre aux animaux et qu’elles soient toujours au-dessus du tracteur. »
La fauche au ras des arbres se fait sans difficulté et le pâturage est même facilité par les arbres. « Nous savons qu’une bande entre deux lignes d’arbres mesure à peu près un hectare. Nous n’avons plus qu’à installer des fils en travers selon la surface que nous voulons faire pâturer. » La parcelle a également été implantée en méteil en 2017-2018. « Les arbres ne nous font perdre que 18 ares, note Alexandre. Et il n’y a eu aucune différence de rendement. »
80 % de subvention
Au total, le projet, accompagné par la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, a coûté 7 865 € HT, dont 1 800 € pour les arbres et en comptant 1 500 heures de travail : jalonnement, fissuration, semis d’une prairie sur la ligne d’arbres, plantation (en 3 heures à 8 personnes), pose des protections anti-gibier, paillage avec du bois déchiqueté, installation de fils électriques le long des lignes d’arbres pour les protéger pendant le pâturage, et première année de taille. Le Gaec a reçu 80 % de subvention (à 75 % du Feader et 25 % de la région). S’ajoutent aujourd’hui, une fois par an, une journée de taille en février-mars ainsi que le broyage de l’herbe sous les arbres à l’épareuse.