Zones vulnérables : FDSEA et JA deHaute-Loire appellent à une action coup de poing le 11 septembre
Interview croisée de Yannick Fialip président de la FDSEA de Haute-Loire et Anthony Fayolle président des JA.
Pour en savoir plus sur les zones vulnérables, découvrez l'atricle "pourquoi l'extension des zones vulnérables dans le Massif central est injustifiée ?" sur ce sujet, dans votre journal du vendredi 5 septembre 2014.
La Directive nitrate prévoit l'extension des zones vulnérables en France ; 30 communes supplémentaires sont visées en Haute-Loire. Pourquoi, êtes-vous opposés à l'extension des zones vulnérables sur notre département ?
Yannick Fialip, président de la FDSEA : Nous n’acceptons pas ce zonage, parce que c’est une totale remise en cause de notre travail. Ces directives qui seront effectives dès la fin de cette année si nous ne faisons rien, prévoient des normes qui supposent des investissements. Pour augmenter notre capacité de stockage des effluents d’élevage sachant que nous devrons stocker 6 mois au lieu de 4, nous devrons investir pour des montants de 100 à 200 000 €… Nous n’avons pas cette capacité économique. Nous devrons également semer des couverts végétaux dans des secteurs de montagne où ce n’est pas possible. Et en contre partie, sur le plan agronomique, ces mesures n’apportent rien…
De plus, nous ne comprenons pas pourquoi. Nous n’avons pas obtenu de la part de l’administration la preuve qui justifie ce zonage. Nous n’avons pas les résultats des analyses de l’eau réalisées par la DREAL. Nous refusons donc catégoriquement ce zonage.
Anthony Fayolle, président des JA : Les zones vulnérables visent uniquement les agriculteurs qui sont pourtant loin d’être les seuls responsables de la qualité de l’eau. Nous considérons que ce zonage n’est pas cohérent et qu’il crée des disparités entre les communes de notre département. De plus, ce zonage a été bâti à partir de prélèvements qui remontent à 2010-2011 ; les évolutions ultérieures n’ont donc pas du tout été prises en compte.
D’autre part, je crains que certaines exploitations agricoles qui fonctionnent bien à l’heure actuelle fassent le choix d’arrêter toute activité d’élevage sous le poids des contraintes induites par les zones vulnérables ; la perte de l’outil de production pénalisera alors directement l’installation.
La FDSEA et les JA de Haute-Loire prévoient une journée de mobilisation le 11 septembre prochain. Quel type d'action avez-vous prévu, où ?
Y.F. : Nous appelons effectivement tous les agriculteurs des communes concernées mais également tous les agriculteurs du département -car si nous laissons faire, un jour c’est toutes les communes qui seront classées- à venir le 11 septembre devant la Préfecture et peut-être devant la DREAL au Puy, pour interpeller les représentants de l’État sur ce dossier. Ce sera une opération coup de poing, une action très démonstrative, avec fumier et lisier…
A.F. : Nous tenons à ce que l’action du 11 septembre soit forte en terme de mobilisation des agriculteurs. Tous les agriculteurs sont appelés à se mobiliser et pas seulement ceux qui sont directement concernés par les zones vulnérables car attention, ce genre de décision pourrait bien faire tache d’huile... Si l’on accepte aujourd’hui que quelques communes entrent dans le zonage, d’autres pourraient suivre par la suite.
Nous devons conduire une action choc suivie par de nombreux agriculteurs en vue de montrer à l’administration et à nos dirigeants que les agriculteurs ne peuvent pas accepter ce zonage.
Qui est ciblé par cette manifestation et quel est le message que veut faire passer le syndicalisme FDSEA et JA ?
A.F : À travers cette action, nous visons clairement l’État et l’administration qui ont tous deux décidé de la mise en place de ce zonage. Mais nous visons aussi l’Europe qui impose à la France l’élargissement de la carte des zones vulnérables.
Le 11 septembre prochain, nous clamerons notre désaccord avec ce système qui crée des disparités entre les agriculteurs du département. Nous demandons qu’aucune commune de notre département ne soit classée en zone vulnérable. Nous nous élevons aussi contre l’accumulation des règles administratives trop souvent déconnectées du terrain.
Y.F. : Comme je l’ai dit, ce sont les représentants de l’État qui sont visés par cette action, mais aussi les élus du département pour qu’ils fassent remonter nos revendications. Le message est simple, nous ne voulons pas de ce zonage. Nous demandons que toutes les communes concernées soient retirées. Mais nous attendons également des explications de la part de l’administration sur les éléments qui ont servi de justificatifs à ce zonage.
D'autres actions syndicales ont eu lieu ou sont prévues un peu partout en France. Qu'en est-il de la région Massif-Central ?
Y.F. : Hier, le Puy-de-Dôme a manifesté ; la semaine dernière c’était l’Aveyron. D’autres départements bougent. Le mot d’ordre syndical est de maintenir la pression, voire de durcir les actions. On envisage également des opérations médiatiques telles que le refus systématique d’épandre les boues de station d’épuration sur nos terres agricoles et de laisser les représentants de communes se débrouiller…
A.F : Le Massif-Central est déjà fortement mobilisé sur la question des zones vulnérables. Il est important que tous les départements du Massif fassent bloc contre ce zonage. Nous devons aussi expliquer que le Massif-Central a des eaux de grande qualité et que c’est en grande partie grâce aux agriculteurs. Si toute la région était recouverte de bois (sans aucune activité agricole), les teneurs en nitrates seraient bien plus élevées !
Propos recueillis par S. Marion et V. Gruber