Visite
À Yssingeaux, la sous-préfète fait plus ample connaissance avec l'agriculture
Mercredi 2 mars, la FDSEA et les JA de Haute-Loire ont rencontré Barbara Wetzel, sous-préfète sur le secteur
d'Yssingeaux, sur l'exploitation laitière de Léo Nicolas. Une occasion de balayer tous les dossiers agricoles du moment.
Mercredi 2 mars, la FDSEA et les JA de Haute-Loire ont rencontré Barbara Wetzel, sous-préfète sur le secteur
d'Yssingeaux, sur l'exploitation laitière de Léo Nicolas. Une occasion de balayer tous les dossiers agricoles du moment.
Le 2 mars, Barbara Wetzel, sous-préfète d'Yssingeaux se trouvait en compagnie des agriculteurs dans le village des Ollières sur la commune d'Yssingeaux. La représentante de l'État était heureuse de pouvoir enfin visiter une exploitation agricole et de s'entretenir avec le monde agricole sur le terrain ; il faut dire que la survenue de la crise sanitaire du Covid-19 l'avait empêché de le faire lors de son arrivée dans le département, il y a un peu moins de deux ans.
Accompagnée par Philippe Chatain, secrétaire général de la FDSEA qui est à l'origine de cette rencontre, Julien Accassat, secrétaire général adjoint des JA, Bertrand Dubesset et Jean-Pierre Chaput, respectivement directeur de la DDT et chef du service économie agricole, développement rural à la DDT et des agriculteurs du secteur, Barbara Wetzel avait libéré sa matinée pour écouter et échanger avec les agriculteurs. "Originaire du bord de mer et plutôt urbaine", elle avoue sans complexe ne pas bien connaître le monde agricole et son souhait de combler ses lacunes...
Des productions en souffrance
Les discussions techniques ont très rapidement démarré après une brève présentation de l'agriculture de Haute-Loire. Philippe Chatain a évoqué la perte de volumes de productions animales, à commencer par le porc, une production en grande difficulté mais pourtant essentielle à la survie des abattoirs comme celui d'Yssingeaux. Une remarque qui suscite la surprise de Barbara Wetzel : "pourtant la consommation de porcs est relativement importante ?". Grosses difficultés aussi pour les producteurs de poules pondeuses victimes d'une évolution récente de la réglementation qui peut conduire à l'abattage massif en cas de détection de salmonelles. "Les œufs n'étant pas porteurs de salmonelles, il faudrait rendre la réglementation plus tolérante" explique Philippe Chatain qui ajoute le non renouvellement des contrats par l'entreprise Cocorette pour les œufs bio... Ce qui conduit à évoquer la problématique des débouchés du bio. "On a incité les agriculteurs à aller vers le bio, or on arrive plus à écouler les produits ! " lance Philippe Chatain. "Beaucoup de volumes se sont convertis en bio et la consommation n'a pas augmenté aussi vite" complète Julen Accassat. La sous-préfète réalise alors combien "c'est compliqué pour les agriculteurs d'anticiper sur les marchés de consommation".
"Quels sont les marchés de l'agriculture altiligérienne ? Le local ?" questionne-t-elle par la suite. "Pour la majorité des volumes de lait, c'est plutôt le marché français" répond le secrétaire général de la FDSEA qui enchaîne sur la variation mensuelle du prix du lait.
Contractualisation : une révolution
La variation des prix et la hausse du prix des intrants, qui mettent à mal les trésoreries, autant de phénomènes "qui devraient être contrés par la contractualisation introduite par la loi égalim 2" signale Bertrand Dubesset.
Pour Julien Acassat : "La contractualisation est une révolution pour le monde agricole car on veut que le prix parte des agriculteurs et que l'on tienne compte des coûts de production". "Ce qui se fait partout ailleurs" acquiesce la sous-préfète. Même si peu de contrats sont à ce jour en place, les responsables professionnels sont persuadés que l'avenir de l'agriculture et l'autonomie alimentaire de notre pays passeront par ce type de dispositif. "Il s'agit de construire un prix où tous les acteurs de la filière devraient gagner leur part" indique Philippe Chatain avec le consentement de la représentante de l'État.
La profession a ensuite évoqué la PAC, dont le PSN (pour les 5 ans à venir) est encore en négocia-
tion ; sur ce dossier, les responsables professionnels redoutent l'ajout de contraintes supplémentaires en matière de verdissement, mais se disent prêts à s'adapter et à répondre à la demande de la société. Barbara Wetzel les a encouragés à profiter de la présidence française en Europe pour se faire entendre.
La sous-préfète n'a pas échappé au sujet récurrent des dégâts causés par le gibier, en particulier par les sangliers. "Un problème qui devient infernal. Les sangliers rentrent même dans les bâtiments" se plaignent-ils en chœur ! Sur cet épineux dossier, qui déchaîne les passions entre agriculteurs et chasseurs, le directeur de la DDT a assuré que l'administration œuvrait "en toute discrétion, pour ramener le calme, repérer et sanctionner les mauvais comportements". Il a par ailleurs demandé aux agriculteurs de les tenir informés sur le sujet.
En matière d'installation, FDSEA et JA ont rappelé l'importance de maintenir une aide suffisante (désormais gérée par la Région) pour les jeunes qui s'installent et ont demandé à conserver une CDOA (commission départementale d'orientation de l'agriculture) de manière à pouvoir exercer leur rôle de conseil et d'alerte.
Les ZNT et la gestion de l'eau ont également été évoqués lors de cette entrevue.
Très attentive et curieuse, Barbara Wetzel a ensuite fait le tour des installations de l'éleveur Léo Nicolas installé sur 74 ha avec 60 laitières qui ont produit 400 000 L de lait en 2021 (livraisons chez Gérentes), ce qui fut une occasion de plus pour elle d'approfondir ses connaissances en matière d'élevage.