Vingt ans de la mission chaleur renouvelable en Lozère : bilan d'un « choix gagnant »
Réunis ce 20 septembre à Aumont-Aubrac pour célébrer deux décennies d'action, élus et professionnels du secteur ont salué le bilan positif du déploiement de la filière de la chaleur renouvelable dans le département.
205 chaudières autonomes, très majoritairement de faible puissance utilisant 28 000 tonnes de combustible. Tel est le bilan honorable du déploiement du bois-énergie dans le département. Après vingt ans d'existence, les acteurs de ce déploiement ont de quoi être heureux ce mercredi 20 septembre de recevoir les félicitations du préfet de Lozère, Philippe Castanet : « je mesure la quantité d'intelligence et de convergences nécessaires pour arriver à ces résultats » a témoigné le représentant de l'État, ex-chargé de mission bois-énergie en Franche-Comté il y a trente ans. Pour lui, les Lozériens ont réussi à « créer un écosystème de confiance », dans un département peu peuplé où la moitié des besoins énergétiques sont aujourd'hui couverts par des énergies renouvelables.
La chaleur renouvelable était bien « un choix gagnant » selon Alain Astruc, maire de Peyre-en-Aubrac et président du syndicat départemental d'énergie et d'équipement de la Lozère (SDEE 48), qui chapeaute la mission depuis juillet 2019. Au départ, c'était pourtant un pari osé pour un département dépourvu de réseau de gaz. Mais le manque s'est transformé en une opportunité, avec la création d'une mission « bois-énergie » en 2002, d'abord sous l'égide de l'ex-région Languedoc-Roussillon, puis récupérée de 2007 à 2019 par la chambre de commerce et d'industrie (CCI) en étendant son périmètre à toutes les solutions de chaleur renouvelable.
Granulés : pas de pénurie mais des quotas pour limiter la tension
Invité de cette journée, le journaliste Frédéric Douard, rédacteur en chef de la revue Bioénergies international, a fait un point complet sur la situation du bois-énergie, notamment sur les granulés de bois, dont le prix a doublé voire triplé en quelques mois. Après une nouvelle forte augmentation des ventes de poêles et chaudières en 2022, la situation est, selon le spécialiste, bien « tendue » mais « on n'est pas en pénurie ». Les causes de la crise sont multiples : un excès de stock par des particuliers ayant surestimé leur besoin dès le printemps et vidé les stocks ; la situation internationale avec notamment un embargo sur le bois russe ; enfin, une « distorsion de concurrence » par rapport à l'électricité et le gaz, fortement aidés par le bouclier tarifaire de l'État. Dans tous les cas, même dans l'hypothèse de consommation maximale, il y aura selon Frédéric Douard suffisamment de stock cet hiver « à condition d'accepter des quotas », donc d'être livré en plusieurs fois.