Viande bovine: "Ce sont les petites actions qui font les grands résultats"
Le président de la Fédération nationale bovine (FNB), Jean-Pierre Fleury et ses deux secrétaires généraux, Pierre Vaugarny et Cédric Mandin, étaient en Auvergne, la semaine dernière.
« Majeure, durable, historique ». Les qualificatifs ne manquent pas pour caractériser la crise que traverse, depuis plusieurs mois, la filière viande bovine française. Dans la quasi-totalité des catégories des bovins finis aux maigres, les cours chutent. Les charges quant à elles se situent encore à des niveaux relativement élevés. Résultat : les difficultés de trésorerie s’amplifient inexorablement.
C’est dans ce contexte perturbé, que les responsables professionnels de la FNB sont venus, jeudi dernier, à la rencontre des éleveurs du Massif central.
Pour comprendre « comment en est-on arrivé là », le président, Jean-Pierre Fleury est revenu sur les trois facteurs, qui ont, selon lui « démultiplié les effets de la crise ».
Il s’agit d’abord de « la pression continue et inacceptable de l’aval (GMS/abatteurs) sur les prix payés aux éleveurs ». Ensuite, les producteurs pâtissent de l’effet domino engendré par l’embargo russe qui, depuis août avec 40 000 tec de viande bovine supplémentaire, a finit d’engorger un marché européen déjà lourd, au regard de l’érosion de la consommation et d’un export réduit. Enfin, la perspective prochaine de sortie des quotas laitiers et la conjoncture laitière ont entraîné une augmentation des vaches de réformes laitières sur le marché français mais aussi européen.
Ecorner l’image
Si l’ensemble de ces éléments de contexte n’arrangent en rien les affaires des éleveurs français, la FNB ne veut pas sombrer dans le fatalisme, et estime que sur l’ensemble des sujets, il convient aujourd’hui, « plus que jamais de maintenir la pression ».
Pour Pierre Vaugarny, secrétaire général de la FNB, par exemple vis-à-vis de la distribution « il n’y a pas de petites actions. Il est important de ne pas sous-estimer notre potentiel de nuisance ». Selon lui, les GMS jouent sur une image, y compris falsifiée lorsque dans une publicité, elles mettent en scène un agriculteur et sa botte de foin. « En pénétrant dans les magasins, en expliquant aux consommateurs la réalité des marges, les éleveurs vont tomber les masques et écornent l’image des magasins ». Et les GMS n’aiment pas ça…
Ce combat pour une juste rémunération des éleveurs, les consommateurs semblent le partager. Les éleveurs ayant participé dans leur département à une ou plusieurs actions coup de poing dans les magasins ont pu le mesurer.
« C’est la somme de toutes ces actions qui fait qu’aujourd’hui les GMS sont plus enclines à venir discuter », a souligné Jean-Pierre Fleury.
Agir sur l’intérieur et l’extérieur
Sur la restauration hors-domicile, les choses avancent aussi. « Le made in France est un discours qui porte », estime Cédric Mandin, secrétaire général adjoint de la FNB. Des discussions avec une multitude d’enseignes sont d’ores et déjà ouvertes. Du côté des collectivités, des efforts vont être engagés aussi. Sur le marché intérieur, l’enjeu se situe dans la reconquête de la consommation, en travaillant notamment sur la qualité des morceaux ou encore sur la maturation.
Sur le marché extérieur, les procédures en faveur de l’export pays tiers pour tous les segments en viande et vif méritent, selon les professionnels, d’être accélérées par le ministère de l’agriculture. Un ministère qui dans un communiqué, daté de vendredi dernier, indiquait « qu’après la réouverture du marché algérien pour les bovins vivants en octobre, la Russie venait de rouvrir son marché pour les bovins vivants européens ainsi que sur les abats, graisses et farines à base de viande ». Plus loin, le ministère indique vouloir « poursuivre et amplifier son engagement en faveur de l’export pour aboutir à de nouvelles ouvertures de marchés notamment avec les pays du bassin méditerranéen mais aussi sur les marchés asiatiques ».
Mesures d’urgence
Les acteurs de la FNB seront non seulement attentifs mais ne manqueront pas de demander des comptes au ministre de l’agriculture sur l’export mais aussi sur des mesures d’urgence.
« En vingt ans, les prix à la production ont augmenté seulement de 12% quand ceux à la consommation ont explosé. On veut bien être technique, compétitive, mais à un moment donné, on a atteint la limite de ce qu’ont peut demander aux éleveurs », insiste Jean-Pierre Fleury. Prise en charge MSA, exonération de la taxe sur le foncier non-bâti, avances PAC…derrière le sujet du revenu, il y a celui de la trésorerie, qui « nécessite des mesures renforcées et rapides ».