Une seule santé pour la Terre, les animaux et les Hommes
La pandémie de covid‑19 a rappelé la nécessité du concept One Health, les espèces animales, les populations humaines et les écosystèmes étant particulièrement interdépendants dans cette crise.
Le 3 décembre 2020, L’Académie Vétérinaire de France (AVF) et l’Académie Nationale de Médecine (ANM) ont choisi de faire un point One Health sur la pandémie en organisant une séance commune intitulée « Covid‑19 et une seule santé ». Ce fut l’occasion de rappeler la nécessaire collaboration des médecines humaines et animales dans la gestion sanitaire globale.
One Health, un concept lié à l’émergence de nouvelles zoonoses
Initié au début des années 2000, le concept One Health repose sur un principe simple, selon lequel la protection de la santé de l’Homme passe par la santé de l’animal et celle de l’ensemble des écosystèmes. 60 % des maladies infectieuses humaines ont une origine animale et 70 % d’entre elles sont transmises par la faune sauvage ! L’évolution de l’activité humaine (urbanisation de l’espace et hausse de la densité de la population, ou le commerce et les voyages) a augmenté le risque d’émergence et de dissémination des zoonoses.
Médecins et vétérinaires : une expertise collective
Pour prévenir l’apparition d’une épidémie, plusieurs points sont à surveiller : premièrement, le risque de transmission inter-espèces, deuxièmement, l’exposition des humains à des animaux infectés et à des sources secondaires et troisièmement, l’infection humaine et la transmission interhumaine ultérieure. Seule une approche interdisciplinaire peut permettre de faire face à ces enjeux majeurs de santé. Animaux réservoirs, hôtes intermédiaires encore inconnus, circulation virale, la recherche animale s’avère indispensable pour comprendre les virus et trouver des traitements ou des vaccins. L’objectif, trouver le virus avant que ce soit lui qui nous trouve !
L’exemple des coronavirus
Le premier coronavirus a été mis en évidence en 1931 chez le poulet et de nombreuses espèces animales peuvent être réservoirs et/ou sensibles à plusieurs coronavirus, répartis-en 4 classes. Plusieurs coronavirus pathogènes sont connus chez les animaux domestiques comme les agents de la Péritonite Infectieuse Féline (PIF) du chat, de la Bronchopneumonie Infectieuse Aviaire (BPIA) chez le poulet, du Syndrome de Diarrhée Aigue (SADS) chez le porc ou le coronavirus bovin responsable de diarrhée et de problèmes respiratoires. Il existe déjà des vaccins pour les diarrhées à coronavirus chez le veau ou la BPIA. Les passages inter-espèces de coronavirus existent, mais sont finalement relativement peu courants au regard du grand nombre de coronavirus qui existent et qui sont pour la plupart spécifiques à des espèces précises. L’Homme côtoie tous les hivers 4 coronavirus « humains » responsables de rhumes mais 3 coronavirus zoonotiques plus pathogènes ont déclenché des épidémies ces dernières décennies : le SARS-Cov1, le MERS-Cov et depuis 2019 le SARS-Cov2, responsable de la covid‑19.
Un réservoir de virus sur les chauves-souris
On retrouve sur les chauves-souris en Asie un grand nombre de coronavirus avec une grande variabilité génétique et la concentration de ces animaux est particulièrement élevée dans le sud de la Chine, ce qui en fait une zone à risque. D’autres virus proches génétiquement du SARS-Cov2 ont été identifiés, ce qui confirme l’origine animale probable de la maladie. Pour éviter les passages de barrières d’espèces entre les réservoirs, les hôtes intermédiaires et l’homme, il faut comprendre les chaînes de transmission et suivre l’évolution génétique de ces virus. Cela passe par une surveillance sur les chauves-souris mais aussi tester les mammifères sauvages qui peuvent servir d’hôte intermédiaire. Le concept de One Health doit d’ailleurs particulièrement s’appliquer dans les situations d’observation et d’interaction avec les populations animales dans leurs milieux naturels, les risques de transmission existant dans les deux sens.
La recherche animale et la covid‑19 : comprendre pour prévenir et traiter
La recherche a démontré que de nombreuses espèces animales sont sensibles au virus et certaines manifestent une forme modérée de la maladie. Plusieurs élevages de visons ont été touchés aux Pays-Bas et au Danemark mais également ailleurs en Europe et aux USA suite à des contaminations d’origine humaines. Face au risque de voir ces élevages constituer un réservoir animal du virus, il a été procédé à l’abattage des animaux. Chez les animaux de rente, les bovins sont réceptifs mais ne font aucune clinique et ne transmettent pas le virus. D’autres espèces sont désormais utilisées pour la recherche. Infectés par voie intranasale, les hamsters manifestent une diminution de leur prise de poids et les furets des symptômes respiratoires et une léthargie. Il a également été mis en évidence très tôt que les souris exprimant le récepteur ACE2 humain sont sensibles au virus : ce récepteur est la clé qui permet au virus SARS‑CoV2 de se fixer aux cellules et d’y entrer pour s’y multiplier. Grâce à ces modèles animaux, on comprend mieux le fonctionnement du virus et cela pourrait permettre la mise au point de traitement.
Les animaux de compagnie, parfois sensibles au virus…
Plusieurs cas de contamination d’animaux de compagnie ont été décrits dans le monde, principalement par contact rapproché avec un humain excréteur. Des études permettent de vérifier les risques encourus par nos animaux de compagnie et leur rôle potentiel dans l’épidémie. Le chien est réceptif mais non sensible (pas de symptômes) et il n’y a pas de transmission entre les individus porteurs. En revanche, le chat manifeste des symptômes et une transmission entre individus est possible. Chez le furet domestique, bien que sensible et réceptif au niveau expérimental, aucun cas de transmission par l’Homme n’a pour l’instant été décrit.
… mais cul-de-sac épidémiologique
La principale voie de transmission de la covid‑19 est d’humain à humain. L’ANSES a actualisé son avis et les conclusions précisent que les animaux domestiques n’ont pas d’impact sur le maintien et la propagation du SARS-CoV2. Il n’existe à ce jour aucune preuve scientifique de transmission d’un animal de compagnie à l’être humain et les cas de contamination et/ou d’infection des animaux de compagnie sont sporadiques et isolés. Il n’est donc à ce jour pas justifié de prendre des mesures à leur encontre.
Le concept du One Health renforcé par la pandémie
Pour toutes les maladies zoonotiques, la collaboration médecins-vétérinaires-scientifiques est nécessaire. Jean-Luc Angot, président de l’AVF confirme que cette pandémie illustre le concept d’une seule santé. « C’est aussi croiser les regards comme aujourd’hui : à travers différents domaines scientifiques vétérinaires et médecins, mais aussi entre les pays. Pasteur disait que c’est l’Homme qui établit des catégories car pour lui qui n’était ni vétérinaire ni médecin, la science n’est qu’une ». Jean-François Mattei, président de l’ANM, indique pour sa part : « La pandémie qui nous touche met le doigt précisément sur le concept de One Health. Nous comprenons qu’il y a une triangulation permanente entre l’Homme, les animaux et l’environnement. Conservons une note positive sur les enseignements de la pandémie : nous avons assisté à une mobilisation sans précédent de la communauté scientifique internationale. Nous ressortirons plus fort de cette crise ! »
GDS Creuse et Farago Creuse à vos côtés
2020 aura été marquée par la pandémie de covid 19 mais le monde de l’élevage a fait front, continuant à assurer l’alimentation de nos concitoyens malgré les difficultés de toutes sortes rencontrées. En ce début 2021, le Président et le Conseil d’Administration de GDS Creuse, les équipes de GDS Creuse et Farago Creuse se joignent à moi pour vous présenter tous nos meilleurs vœux pour cette nouvelle année, en espérant qu’elle soit source de renouveau et d’espoir.