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Une longue liste de doléances pour la FNSEA Nouvelle‑Aquitaine

Au plus fort de la crise laitière, c’est sur une exploitation bovin lait en Dordogne que les responsables de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine ont accueilli le préfet de région Pierre Dartout le 30 août. L’objectif de la rencontre : mettre en lumière les dossiers chauds de la rentrée et appeler pouvoirs publics et collectivités locales à l’action.

© P. Dumont

« Si nous sommes là aujourd’hui c’est en tant que lanceurs d’alerte ». C’est par ces mots que le président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine, Henri Biès-Péré a accueilli le Préfet de région à Montagnac-la-Crempse (24) le 30 août. « Notre agriculture est en grande difficulté, a-t-il ajouté. Nous courrons de gros risques. En tant que responsables syndicaux, nous serons partout où il faudra être pour défendre l’agriculture néo-aquitaine. » Aux côtés du préfet Pierre Dartout, des parlementaires et des représentants de la DRAAF et de la Région avaient répondu à l’invitation de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine et toucher du doigt la crise agricole qui frappe de nombreuses productions.

Des marges de manœuvre de plus en plus réduites
Rien n’étant plus parlant que l’exemple, la présentation de l’exploitation de Sandrine et Patrick Gaillard et de Florent Claudel a permis de prendre la mesure des problèmes auxquels sont confrontés les agriculteurs. Installés en production laitière depuis 1992 pour l’un et 2001 pour la seconde, Patrick et Sandrine Gaillard sont depuis un an associé à leur neveu Florent Claudel. Ensemble, ils sont à la tête d’une exploitation de 80 vaches laitières Prim’Holstein produisant quelques 800 000 l de lait à l’année. La majeure partie est livrée à Fromasac via l’OP Association des Producteurs de Lait du Nord Aquitaine. Le Gaec Rhéa a également investi dans un atelier de transformation pour fabriquer des yaourts. Par ailleurs, 130 ha sont cultivés pour nourrir le troupeau. Les cultures sont irriguées, de même que les 4 ha de leur verger de châtaigniers. « Aujourd’hui, explique Sandrine en s’adressant au Préfet Dartout, nous vous accueillons avec le sourire parce que c’est dans notre nature. Notre exploitation a toujours été portée par nos projets mais pour pouvoir avancer, il nous faut de l’aide. » Pas toujours facile de sourire en effet lorsque l’on connaît les difficultés auxquelles font face les trois exploitants. Prix du lait ne laissant aucune marge de manœuvre, cynips du châtaignier qui a causé la perte de 95 % de la production, projet de création de retenue d’eau bloqué par l’ONEMA, retards de paiement des aides PAC, cartographie des cours d’eau posant problème, la liste est longue.

Les questions environnementales sur la sellette
Reprenant la parole, Henri Biès-Péré a détaillé les nombreux problèmes des différentes productions, lait, viande et céréales en tête. Parmi eux, le dossier environnement figure en pole position. Le responsable syndical est revenu sur les zones vulnérables demandant à ce que le zonage soit revu avec la profession au vu des mesures les plus récentes et à ce que les programmes d’action soient harmonisés au niveau régional. Autre sujet sensible : l’eau, avec deux questions principales. La première est la création de réserves d’eau, indispensables à l’abreuvement et à l’irrigation, pour laquelle la réglementation actuelle est trop lourde. « En 2016, nous avons été confrontés à des inondations au printemps et 60 jours consécutifs sans pluie significative en juillet-août, c’est un plaidoyer pour les retenues d’eau ! » a insisté Eric Frétillère, président d’Irrigants de France. Le second est la définition des cours d’eau. Sujette à interprétations, la FNSEA Nouvelle-Aquitaine a tenu à rappeler cette définition et à demander son application stricte. « Des bandes enherbées à côté d’un « cours d’eau » qui coule trois mois dans l’année, ce n’est pas possible, a témoigné Patrick Gaillard. De grâce, Faites-nous confiance ! » Concernant les phytosanitaires, les responsables syndicaux ont dénoncé la multiplication des réglementations qui conduisent les agriculteurs dans des impasses avec notamment la suppression de certaines substances sans produit de remplacement. Autre pénalité pour l’agriculture, la prise d’arrêtés limitant l’épandage, arrêtés à géométrie variable selon les départements. Plusieurs responsables syndicaux se sont aussi indignés de l’attention excessive portée aux associations environnementales. Face aux attaques subies par la profession, Daniel Couderc (FDSEA 19) a demandé de « respecter le travail des agriculteurs ».

D’autres menaces sur les exploitations
Outre la multiplication des réglementations environnementales, d’autres problèmes dont on parle moins, menacent les exploitations. La première : la révision des zones défavorisées simples. En effet, les nouveaux critères biophysiques risquent de faire sortir certains territoires du zonage. « On ne peut abandonner des zones en difficulté » a martelé le président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine. Henri Biès-Péré a également abordé le PCAE, maintenu pour l’instant à l’échelle des anciennes régions, et a encouragé les Régions à combiner l’enveloppe avec d’autres sources de financement. Dernier point évoqué : le compte pénibilité, inapplicable à l’agriculture. À cette liste, les présidents des fédérations départementales ont ajouté d’autres soucis : implantation des CIPAN, droits de plantation, conséquences sociales et familiales de la crise agricole, retards inadmissible du versement des aides PAC, relations avec la police de l’eau, etc. Si les échanges entre les responsables syndicaux et leurs invités sont restés courtois, un certain agacement était toutefois palpable. Les mots employés pour rendre compte de la situation ont été forts. Bernard Layre, président de la FDSEA 64 a dénoncé « le manque de courage politique » dans le dossier environnemental et « l’inertie » dans celui du paiement des aides PAC avant de rappeler « l’immense détresse humaine et sociale du monde agricole ». Emmanuel Rabaud président de la FDSEA 87, revenant sur les zones défavorisées, a rappelé les promesses de François Hollande en 2014 à Cournon. « Si ça continue, nos territoires vont devenir des réserves indiennes ! » a-t-il conclu. Sur la PAC, Daniel Couderc, président de la FDSEA 19 a déclaré : « un logiciel qui ne fonctionne pas ce n’est pas acceptable : lorsqu’une machine ne fonctionne pas, on la change ! »

Un constat partagé mais peu de réponses
À cette longue présentation, les services de l’État ont pu apporter quelques réponses. Le DRAAF Yvan Lobjoit a confirmé le versement du solde des aides PAC pour le 10 septembre et celui de l’ATR en octobre (90 %). Il a confirmé les dérogations possibles à l’implantation des CIPAN, l’activation du dispositif étant confiée aux préfets de département. Le député Germinal Peiro a pour sa part indiqué défendre l’idée du stockage de l’eau et a assuré que le ministère de l’Agriculture tentait de redonner de la compétitivité à l’agriculture par la baisse des charges, les mesures concernant les Gaec, etc. « Aucun gouvernement n’a fait autant en 5 ans ! », a-t-il ajouté. Du côté de la Région, Jean-Pierre Raynaud, vice-président chargé de l’agriculture, représentant le président Alain Rousset, a souligné les différences de politiques des anciennes régions concernant les projets de création de réserves d’eau. Il a rappelé les efforts faits par la Région dans le versement des aides du second pilier face au retard de versement de la PAC. Sur la mise au pilori de l’agriculture par les associations environnementales, la préfète de Dordogne a appelé à « ne pas se laisser enfermer dans des rôles, les agriculteurs sont des défenseurs de l’environnement. » Concluant la rencontre, le Préfet de région s’est dit « déterminé à travailler en étroite collaboration avec la FNSEA Nouvelle-Aquitaine ». Pierre Dartout a rappelé qu’un équilibre devait être trouvé entre les questions environnementales et l’agriculture. Il a reconnu que la simplification était nécessaire et, concernant le programme Nitrates, que la France « a pris des engagements et que nous n’avons pas su mettre des mesures efficaces pour les faire respecter. » Il a enfin appelé les agriculteurs qui s’estiment victimes d’excès de zèle de la part des pouvoirs publics à en référer à leur préfet de département.

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