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Une nouvelle émergence virale
Une large diffusion, une inflexion du nombre de cas

Les premiers éléments de suivi de la maladie de Schmallenberg indiquent une large diffusion, une inflexion du nombre de cas et une moindre atteinte des bovins mais tous ces éléments restent à confirmer.

Suite à des troubles de santé d'origine inconnue observés sur des vaches laitières à l'est des Pays-Bas et dans les régions limitrophes d'Allemagne, un nouvel orthobunyavirus, nommé Schmallenberg virus SBV (en référence à une ville proche des foyers, située à 80 km au sud-est de Dortmund) a été identifié en novembre 2011. Les virus du genre orthobunyavirus sont présents en Afrique, Asie, Australie mais n'avaient jamais été détectés en Europe. Nous sommes donc face à une nouvelle émergence virale.

Des symptômes qui semblent bénins chez les adultes mais des infections foetales, sources d'avortement et de malformations
En fonction de ce qui est déjà connu, ces virus atteignent les bovins, les buffles, les moutons, les chèvres. L'infection aiguë semble se manifester chez les bovins adultes par une hyperthermie, une perte d'appétit, une chute de production chez les vaches laitières et de la diarrhée. S'ils touchent des femelles en début de gestation (entre 30 et 70 jours de gestation chez la brebis, entre 30 et 150 jours chez la vache), ils peuvent entraîner des avortements et la naissance d'animaux malformés : arthrogrypose, raccourcissement des tendons du jarret, déformations de la mâchoire, hydranencéphalie. Les virus du groupe Simbu ne sont pas considérés comme zoonotiques. La transmission est vectorielle (cullicoïdes, moustiques ?).

Un schéma diagnostic mis en place en France avec des laboratoires de diagnostic viral agréés dont le LDA 23, pas de vaccin
Les conséquences de l'infection peuvent être observées chez des foetus ou des nouveau-nés dont la mère a été infectée au 2e semestre 2011. Tout agneau, veau ou chevreau, foetus ou nouveau-né avec des malformations (cf. « Quand suspecter la maladie ? ») constitue une suspicion. L'animal ou sa tête sera amené au LDA 23 qui réalisera le prélèvement du cerveau pour une analyse virologique (PCR). En complément, un prélèvement de sang sera effectué sur la mère (EDTA et tube sec) pour une analyse virologique si le résultat sur le cerveau est négatif et pour une sérologie lorsqu'un kit sera disponible. Les prélèvements et analyses sont pris en charge par l'État dans le cadre de la police sanitaire. Il n'existe, à l'heure actuelle, aucun vaccin contre le SBV.

Un virus qui a déjà largement circulé selon une enquête néerlandaise
Les résultats d'une première enquête de séroprévalence conduite par l'Institut central vétérinaire de Wageningen indiquent que 70 % de la population bovine laitière néerlandaise présenterait des anticorps spécifiques SBV. La prévalence serait plus élevée dans la population bovine laitière de l'est du pays, où des syndromes diarrhéiques avaient été rapportés pendant l'été 2011. Les résultats de cette enquête indiquent également que la prévalence intra-cheptel de l'infection serait très élevée (de l'ordre de 70 à 100 % dans des élevages bovins et ovins infectés).


Une enquête descriptive dans les élevages atteints en France, les premiers résultats disponibles
Dans chaque élevage confirmé atteint (résultat PCR positif), une enquête descriptive est réalisée par le GDS pour évaluer la proportion d'animaux atteints et décrire de façon globale le type de troubles et malformations observés. Une première synthèse nationale a été réalisée le 13 mars. Elle concerne 185 élevages (182 lots ovins, 4 lots caprins) de 25 départements. Les premiers éléments qui en ressortent sont les suivants :
- 24 % des brebis agnelées présentent des troubles pouvant être liés au virus.
- 19 % des agneaux présentent des atteintes (malformation, mortinatalité).
- 14 % des brebis à « problème » meurent dans les 15 jours suite à un agnelage difficile.
- Ces chiffres sont des moyennes, il existe une forte variabilité suivant les élevages.
- Parmi les brebis à « problème », 38 % ont mis bas deux agneaux ou plus dont l'un d'entre eux apparait normal.
Cette première synthèse ne constitue qu'un traitement partiel, une nouvelle analyse va intervenir la semaine prochaine.

Aucune restriction particulière dans les exploitations suspectes
En l'absence de risque pour la santé publique et de réglementation spécifique à cette nouvelle affection, aucune restriction particulière n'est mise en oeuvre dans les élevages suspects. La réglementation en vigueur interdit le mouvement d'animaux malades, ainsi que la collecte de leur semence et la mise à la consommation de leur viande et de leur lait. Par ailleurs, il est conseillé aux éleveurs de ruminants dont les animaux présentent une hyperthermie, une perte d'appétit, une chute de production chez les vaches laitières, de la diarrhée, des avortements ou dont les nouveau-nés présentent des malformations, d'isoler les animaux malades, si possible dans un local d'infirmerie ou de quarantaine, et de contacter leur vétérinaire dans le cadre de la surveillance clinique mise en place.

Des conséquences pour les exportations vers certains pays-tiers hors Europe, Russie, notamment
Les Pays-Bas ont notifié volontairement cette maladie émergente au près de l'OIE. Les autres états européens ont fait de même. Il n'existe pas, actuellement, de réglementation européenne ou internationale. Au niveau européen, des échanges d'informations réguliers se déroulent avec une volonté de transparence entre les États membres. La Commission ne souhaite pas réglementer et la coopération scientifique est engagée. Pour les pays-tiers, un embargo pour tous les bovins et petits ruminants vivants ainsi que leurs semences et embryons a été mis en place par la Russie et l'Ukraine avec des répercussions pour le Kazakhstan. Le Mexique ferme ses importations de matériel génétique de tout ruminant. Pour les USA, c'est le matériel génétique bovin qui est concerné. Des demandes d'informations ont été émises par l'Argentine, la Chine, etc.

Une étude de prise en charge par la Caisse de Solidarité Santé Animale pour les adhérents GDS
Le Conseil d'administration de GDS France a décidé le principe de prise en charge forfaitaire des pertes sanitaires consécutives au passage du virus Schmallenberg (SBV) par la CSSA. Les modalités pratiques, notamment de niveau de prise en charge, restent à définir. Pour pouvoir en bénéficier, l'élevage devra avoir l'objet d'une suspicion, d'où l'importance de la déclaration auprès de son vétérinaire sanitaire.
Un état des lieux actualisé des connaissances scientifiques est consultable sur le centre de ressources de la plateforme de surveillance épidémiologique en santé animale : http://www.survepi.org/cerepi. Nous vous tiendrons informés des évolutions. Pour plus d'information, n'hésitez pas à nous contacter.

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