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Un seul mot d'ordre : manger du fromage AOP !

Conséquence des mesures de confinement, les consommateurs se sont rués sur les produits de première nécessité oubliant l'un des piliers du "manger français" : le fromage d'appellation d'origine contrôlée. Pour les professionnels, il est grand temps de les remettre au menu. C'est une question de survie pour toute une filière.

Les AOP fromagères une richesse gastronomique à préserver par temps de crise.
Les AOP fromagères une richesse gastronomique à préserver par temps de crise.
© © SC

Dans son communiqué de presse du 23 mars 2020, le Conseil National des Appellations d'Origine Laitières (CNAOL) craignait un appauvrissement alimentaire des assiettes des Français. « Nous y sommes. » déclare Michel Lacoste, éleveur dans le Cantal et président du CNAOL. « Durant les premières semaines de cette crise sanitaire, les Français se sont détournés de nos fromages AOP, allant vers des produits utilitaires et de première nécessité. Pendant ce temps, nos entreprises laitières et producteurs fermiers, en capacité de produire, ne peuvent plus écouler leurs produits. Nous demandons des mesures d'urgences aux pouvoirs publics et appelons les Français à manger du fromage sous signe de qualité et à retrouver leurs habitudes alimentaires d'avant la crise. »

Fermeture de l'ensemble des débouchés

Essentiellement commercialisées sur le territoire national, les AOP Laitières (45 fromages, 3 beurres et 2 crèmes) sont orphelines d'une part importante de leurs débouchés commerciaux. Après la fermeture de la restauration hors domicile (5% des ventes des fromages AOP) le 15 mars dernier, ce sont progressivement les grandes surfaces (80%) qui ont fortement réduits, voire fermés les rayons à la coupe par manque de personnel ou par mesures d'hygiène. 38% des volumes des fromages AOP étaient commercialisés dans ce rayon. Puis, ce fut l'annonce de la fermeture des marchés, le 23 mars. Les commerces spécialisées et magasins de proximité dont les marchés (15%) ont une place privilégiée pour favoriser l'achat des produits laitiers sous signe de qualité. En quinze jours, les entreprises laitières produisant des signes de qualité ont enregistré de forte diminution de leur chiffre d'affaires.

Des commandes en chute libre

Selon les entreprises, les commandes ont diminué de 25% à 80%. Demain, ce seront les éleveurs laitiers qui jetteront leur lait, si rien n'est fait. Mercredi 25 mars, un conseil européen des Ministres de l'Agriculture s'est tenu. "Aucune décision, aucune mesure n'ont été prises pour soulager les entreprises laitières AOP composées de fromageries privées ou coopératives nationales, de PME, de TPE et d'ateliers artisanaux ou fermiers", déplore Michel Lacoste. Présentes sur tout le territoire, les AOP Laitières permettent pourtant de créer de la valeur ajoutée et de maintenir une activité économique dans les zones défavorisées. « Le Cnaol implore les Pouvoirs Publics de prendre en compte l'extrême fragilité des AOP Laitières et d'agir. Le Cnaol demande des aides urgentes au stockage des fromages, à l'écoulement des surplus vers les marchés secondaires et à la régulation des volumes de lait. Enfin, éleveurs, producteurs, fromagers et affineurs nous appelons nos concitoyens à manger du fromage pour qu'après le confinement la diversité fromagère soit toujours une réalité. »

Laurent Wauquiez interpelle le ministre de l’Agriculture

Dans un courrier en date du 24 mars, le président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes alerte sur la situation catastrophique que pourrait traverser la filière laitière très prochainement : « Dans les quatre semaines qui viennent, la France sera à son pic de production, certains produits de première nécessité comme le beurre ou la crème se vendent en nombre mais les fromages AOP notamment, et les spécialités vendues à la coupe voient leurs ventes s'effondrer de -50% ». Dans cette perspective, Laurent Wauquiez demande au ministre de l’Agriculture de tout mettre en œuvre pour maintenir à flot la filière laitière : « Certaines solutions existent afin de soutenir la filière dans cette crise comme le stockage de fromage où des demandes ont été faites au niveau européen ; la réorganisation des rayons coupe en grande surface et drive ; organiser la collecte et la vente des laits d'excédents ».

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