Agro équipement
Un marché dynamique et inquiet
Axema, le syndicat français des agroéquipementiers, a présenté le 8 novembre sur le SIMA, les chiffres
du secteur pour 2022. Les perspectives économiques à moyen terme leur paraissent floues.
Axema, le syndicat français des agroéquipementiers, a présenté le 8 novembre sur le SIMA, les chiffres
du secteur pour 2022. Les perspectives économiques à moyen terme leur paraissent floues.
De l’avis de Jean-Christophe Regnier, président de la Commission économique d’Axema, « les indicateurs 2022 sont globalement positifs et le marché reste porteur. Il connaît d’ailleurs sur les sept premiers mois de l’année une croissance de +12,6 %. La production affiche une hausse de +8 % depuis le 1er janvier avec un rebond de +22 % sur le seul mois de mai. Quant aux importations, elles grimpent de +14 % notamment en provenance de Chine, d’Autriche et de Belgique », a précisé David Targy, responsable du pôle économie d’Axema. Les exportations progressent aussi de +9 % dans le même laps de temps, en particulier vers les États-Unis et la Pologne. Ces bons chiffres sont essentiellement dus à la hausse des prix de vente, car en volume, les ventes restent stables. Les prix des agroéquipements ont augmenté en moyenne de +12,5% par rapport à la même période de l’année précédente. L’indice IPAMPA qui mesure l’évolution de la soulte versée par les agriculteurs connaît une croissance plus modérée (+6,2 %). Une différence qui s’explique par une meilleure valorisation des machines d’occasion et une meilleure reprise financière de ces dernières en cas d’achat de machines neuves. « Cependant, on constate une érosion du volume des ventes depuis mars », a précisé David Targy. à la fin de l’année, les experts d’Axema tablent sur une croissance comprise entre +7 et +10 %.
Difficultés d’approvisionnement
Les constructeurs doivent faire face à des coûts de production plus élevés car le prix de l’acier est toujours deux fois plus important qu’il y a deux ans, le prix du gaz a été multiplié par 3,5 en un an. Les incertitudes commencent à poindre : « Les carnets de commandes sont bien fournis, ce qui assure un bon début 2023, mais les prises de commandes sont moins dynamiques que l’année dernière », a souligné David Targy. D’après un sondage réalisé auprès de ses adhérents, Axema remarque que seuls 25 % des répondants indiquent avoir un « très bon carnet de commande ». Le chiffre oscille d’ordinaire entre 44 et 54 %. Quant aux prises de commandes, « c’est la grande discussion du moment », s’est épanché Jean-Christophe Regnier. 64 % des répondants ont indiqué qu’ils constataient une tendance à la baisse (22 % “tout à fait” et 42 % “oui plutôt”). Les agroéquipementiers font eux-mêmes face à des difficultés d’approvisionnement en composants hydrauliques et électroniques. Ce qui retarde en bout de chaîne certaines livraisons aux acheteurs et grève un peu plus le budget des constructeurs. « Beaucoup de machines ne sont pas complètement terminées. Il faut les reprendre, faire venir du personnel en heures supplémentaires, le week-end parfois. Ces coûts additionnels peuvent être élevés », a justifié Christian Fischer qui remarque qu’un adhérent sur deux a vu sa production interrompue en raison d’une rupture d’approvisionnement et que 60 % des adhérents ont constaté une chute de leur taux de marge.
400 millions d’euros
En bout de chaîne, l’acheteur potentiel voit ses délais allongés : « Ils étaient de 8 semaines en temps normal. Ils sont passés à 17 semaines en moyenne et, pour certains modèles, à 50 semaines ! », a précisé David Targy. Si Axema ne nourrit pas d’inquiétude les six prochains mois, le syndicat et ses adhérents craignent plutôt un retournement brutal de marché, surtout après cinq années de bonne croissance.
Les dirigeants d’Axema se déclarent « satisfaits » des 400 millions d’euros annoncés le 7 novembre par le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau pour des projets d’investissements, notamment dans l’agroéquipement venant en appui de la transition agroécologique. « Mais on n’a pas encore le calendrier ni la liste des équipements éligibles », a souligné David Targy. Ces 400 M€ devraient financer entre 20 et 40 % de l’achat d’un matériel neuf, représentent toutefois un effet de levier important : environ un milliard d’euros sur un marché français qui en représente un peu plus de 7.