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Un contrat ferme de la SVA-Jean-Rozé pour valoriser les broutards salers

Le président de la SVA Jean-Rozé est venu jeudi signer le premier contrat avec un éleveur de salers formalisant ainsi le lancement d’une filière de valorisation de mâles purs alourdis.

Jean-François Verdier a accueilli sur son exploitation le patron de SVA.
Jean-François Verdier a accueilli sur son exploitation le patron de SVA.
© PO

Il y a trois mois ce n’était qu’un projet dont beaucoup doutaient de la pertinence ; il y a quelques semaines, ce n’était encore qu’un test sur une cinquantaine de broutards salers alourdis ; ce jeudi 18 avril l’aventure a pris une autre dimension, celle d’un engagement ferme et durable de la société SVA-Jean Rozé, filiale du groupe Intermarché par la voix de son président Dominique Langlois venu formaliser dans le Cantal le lancement d’une véritable filière qui pourrait d’ici un an concerner 2000à 3000mâles salers purs. “4000 ? Ça ne nous fait pas peur”, a même affirmé Fabien Cornen, directeur des achats vifs de SVA également présent et interrogé par des éleveurs réunis sur l’exploitation de Jean- François Verdier à Raulhac, signataire du tout premier contrat avec SVA et dont onze broutards vont faire partie début mai d’un nouveau convoi à destination de l’abattoir de la Société vitréenne d’abattage.

“Si je m’engage, c’est pour réussir”

 

“Ce qu’on signe aujourd’hui, je suis convaincu que ça fera école et que ça fera des envieux”, a déclaré Dominique Langlois qui, le matin, a échangé avec le président et les services de la Chambre d’agriculture sur un accompagnement technique des éleveurs qui s’engageront dans cette filière avant de s’exprimer devant le conseil d’administration de la FDSEA. “Nous sommes aujourd’hui à un tournant, soit on ne fait rien et c’est le scénario de la viande ovine, complètement dépendante des importations, soit on est convaincu qu’il y a des choses à faire et nous le sommes. Bien évidemment, il n’est pas question de dire que l’export en Italie c’est fini, mais de construire une filière pérenne et structurée. Je n’engage pas une démarche comme celle là si ce n’est pas pour réussir”, a affiché le patron de SVA venu en terres cantaliennes entre deux déplacements en Algérie et Turquie. Ce dernier n’a pas caché que la préoccupation première de sa société, l’un des trois premiers opérateurs français avec 370000gros bovins abattus annuellement et qui depuis 1996a fait le choix de ne travailler que des animaux nés, élevés et donc abattus en France, est aujourd’hui clairement celle de son approvisionnement en viande française. “Le constat aujourd’hui est que l’approvisionnement en animaux laitiers pour notre filière steak haché frais devient de plus en plus difficile et ça va s’accentuer avec des fabricants de plats cuisinés qui, depuis l’affaire du cheval, veulent se sécuriser avec du minerai issu de vaches françaises”, a-t-il exposé. Parallèlement, l’entreprise souhaite accroître ses débouchés à l’export (aujourd’hui 30%de son activité) sur du jeune bovin issu des troupeaux allaitants en capitalisant sur les besoins exponentiels, notamment des pays du pourtour méditerranéen(1).

Plus-value assurée

 

Les derniers détails de ce contrat avec les éleveurs de mâles salers alourdis restent à finaliser, ce qui sera fait en début de semaine prochaine, a souligné Dominique Langlois qui a déclaré vouloir aller vite. Mais d’ores et déjà, le cahier des charges est fixé : la demande porte sur des mâles salers purs d’un poids minimum de 500kg (maxi 650 kg). Des animaux qui, selon Fabien Cornen, correspondent parfaitement aux exigences industrielles tant en termes de rendement carcasse (58%de moyenne sur les animaux testés), que de conformation (R-, R=), état d’engraissement, couleur, tendreté et goût. Les avants de ces broutards seront valorisés en steak haché, les arrières fourniront les rayons boucheries traditionnelles des magasins Intermarché ainsi que les unités de produits élaborés (tranchés) de SVA. Pour l’heure, la filière démarre avec du salers pur mais l’industriel n’écarte pas à moyen terme l’hypothèse de travailler sur du croisé ni celle d’un partenariat avec l’abattoir d’Aurillac. “Mon souhait est de devenir un acteur significatif et de donc de jouer le jeu du tissu régional”, a souligné Dominique Langlois. Autre intérêt partagé de la démarche : les besoins de l’abatteur portent sur une période allant du 1er novembre à fin avril-début mai, soit en pleine campagne de sortie des broutards, ce qui permettra de désengorger un marché italien dont les éleveurs se souviennent encore des affres de l’automne dernier. Des affres auxquels ceux qui s’engageront devraient échapper à l’avenir puisque le contrat prévoit un différentiel de prix par rapport au cours du maigre. Autant d’arguments qui, ajoutés à une production qui n’exige que trois à quatre mois d’immobilisation supplémentaire des veaux, devraient contribuer à lever les réticences culturelles des producteurs de “maigre”. Jean-François Verdier(2), lui, a choisi : “Ce serait bête d’aller donner cette plus-value aux Italiens !”, confie-t-il.

(1) Lire notre prochaine édition sur la vision export du président d’Interbev. (2) Troupeau de 140mères salers (50%pures, 50%croisées), finition des animaux de reforme et atelier de repousse.

 

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal.

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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