Stéphane Joandel : « Notre combat numéro 1, c’est le prix du lait ! »
Elu secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Stéphane Joandel, éleveur dans la Loire entend démontrer la force du réseau pleinement mobilisé pour obtenir une juste rémunération des producteurs.
Elu secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), Stéphane Joandel, éleveur dans la Loire entend démontrer la force du réseau pleinement mobilisé pour obtenir une juste rémunération des producteurs.
En janvier dernier, les éleveurs laitiers ont largement grossi les troupes du mécontentement agricole aux quatre coins du pays. Aujourd’hui, alors que nait une forme d’impatience, quel souhaitez-vous leur dire ?
Stéphane Joandel : Nous sommes pleinement mobilisés pour faire avancer la cause des éleveurs. Il y a eu des promesses faites au plus haut niveau de l’Etat, nous poussons donc pour qu’elles se traduisent rapidement par des actes concrets. Au niveau de la FNPL, nous ne sommes pas intéressés par les prix planchers, mais par l’application pleine et entière de la loi Egalim. Pour cela, nous avons identifié, sept mesures indispensables : date butoir de fixation du prix de la matière première agricole (MPA) afin de respecter l’obligation d’accord préalable des producteurs avant l’envoi des conditions générales de vente (CGV) aux distributeurs ; retrait de l’option 3 de la loi pour connaître précisément le mix produits des entreprises ; faire des indicateurs interprofessionnels de coûts de production sur le marché intérieur, l’export et le beurre-poudre les seuls indicateurs de référence connus et reconnus ; indiquer clairement l’origine de la matière première ; application de loi Egalim au sein des coopératives, aujourd’hui elles nous disent qu’elles sont la continuité des producteurs, mais cela ne suffit pas ; une lisibilité sur les contrôles réalisés par Bercy et des amendes pour les contrevenants ; l’interdiction de la publicité comparative, car vanter toujours le moins cher, c’est forcément dévastateur pour redonner de la valeur à l’alimentation ; enfin nous demandons une exonération de la loi Egalim pour les transformateurs fermiers dont le chiffre d’affaires est inférieur à 10.000 euros.
Production laitière : trouver des solutions pour la reprise des capitaux
La rémunération des producteurs demeure votre cheval de bataille, indispensable y compris pour attirer des jeunes vers le métier à l’heure où plus de la moitié des troupes ont plus de 50 ans…
Stéphane Joandel : Nous ne devons plus perdre de litre de lait. On a perdu 1 milliard de litres de lait entre 2022 et 2023. Nous demeurons une des seules productions agricoles françaises à être souveraine. Sans prix rémunérateurs nous ne le seront plus, c’est une évidence, toute la filière doit bien en avoir conscience. Aujourd’hui, l’objectif d’un revenu à hauteur de deux SMIC progresse mais pas suffisamment : 42% des producteurs disposaient du revenu médian avant Egalim, aujourd’hui, 55% l’atteignent. Mais le revenu médian c’est 1800 euros, donc nous ne sommes pas encore à deux SMIC. Il faut donc aller plus vite et plus loin. On a un très beau métier qui a du sens, mais la rémunération est centrale pour attirer des jeunes. En complément, nous souhaitons travailler autour de la reprise des capitaux qui constitue une charge très importante.
Revalorisation du crédit d'impôt : mode d'emploi
Sur le volet fiscal, quelles sont les principales avancées pour les éleveurs ?
Stéphane Joandel : Les éleveurs laitiers vont pouvoir bénéficier de l’aide de 15 000 euros de défiscalisation fiscale et sociale mise en place sur la valeur inventaire des animaux. Nous portons l’ambition d’avoir la même défiscalisation pour du stock fourrager. Enfin, nous avons obtenu un bonus sur le crédit d’impôt pour les vacances. Le crédit d'impôt est porté à 60 % des dépenses de remplacement (contre 50% précédemment), dans la limite par an de 17 jours (contre 14 jours précédemment) de remplacement pour congé. A noter que ce taux est porté à 80% (contre 60 % précédemment) au titre des dépenses engagées pour assurer un remplacement pour congé en raison d'une maladie ou d'un accident du travail.
En qualité de secrétaire général de la FNPL, comment envisagez-vous ce rôle d’aiguilleur entre le terrain et le national ?
Stéphane Joandel : Ma mission est de faire le tour des régions et des départements pour démontrer la force du réseau. Actuellement, 60 % des producteurs de lait cotisent au syndicalisme FDSEA, et, in fine, nous travaillons pour 100%. Mon rôle est de redynamiser le réseau afin de garder du lait dans toutes les régions.
Qui est Stéphane Joandel, le nouveau secrétaire général de la Fédération nationale des producteurs de lait ?
Stéphane Joandel est installé à Sauvain dans la Loire. Au cœur des Monts du Forez à 1000 mètres d’altitude, sur l’exploitation familiale reprise en 1997, qui s’étend sur 60 hectares, il produit grâce à son troupeau de vaches laitières, 250 000 litres de lait transformés en AOP Fourme de Montbrison. Président de la section régionale laitière d’Auvergne-Rhône-Alpes et chef de file des dossiers environnementaux, il s’est beaucoup également investi au sein de la FDSEA de la Loire. Par ailleurs, il siégeait déjà depuis plusieurs années au bureau de la FNPL en qualité de vice-président.
Qui sont les membres du nouveau bureau de la FNPL ?
Réunis en conseil d’administration, le 9 avril dernier, les membres de la FNPL ont élu leur nouveau bureau pour la mandature 2024-2027. Yohann Barbe, éleveur dans les Vosges a été élu président, il succède à Thierry Roquefeuil. Stéphane Joandel a donc été élu secrétaire général. Il sera épaulé dans sa mission par deux secrétaires généraux adjoints : Michel Casabonne, éleveur dans les Pyrénées-Atlantiques et Benoît Gavelle, éleveur dans l’Eure. Ludovic Blin (Manche) a été élu premier vice-président, Marie-Andrée Luherne (Morbihan), vice-présidente en charge de la place des femmes en élevage (mission inédite au sein de l’association spécialisée), Samuel Bulot (Côte-d’Or), Gilles Durlin (Pas-de-Calais) et Frédéric David (Ille-et-Vilaine) ont été élus vice-présidents. François Moreau (Nord) et Alexis Descamps (Loir-et-Cher) ont été élus respectivement trésorier et trésorier adjoint. Christophe Maginot (Meuse), Agnès Texier (Vendée), Patrice Riauté (Sarthe) et Damien Paris (Doubs) sont membres.