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Songy en soutien aux intermittents

Le directeur d'Éclat espère un accord avant l'ouverture du 29e festival de théâtre de rue d'Aurillac.

Selon Jean-Marie Songy, aucune menace ne pèse encore sur la tenue du festival de théâtre de rue d'Aurillac. En espérant qu'un accord soit trouvé d'ici là entre le gouvernement et les intermittents...
Selon Jean-Marie Songy, aucune menace ne pèse encore sur la tenue du festival de théâtre de rue d'Aurillac. En espérant qu'un accord soit trouvé d'ici là entre le gouvernement et les intermittents...
© P.O

Jean-Marie Songy, directeur du festival international de théâtre de rue d'Aurillac, assure éga- lement la direction artistique du festival d'arts de la rue des Furies, qui ont eu lieu la semaine dernière à Châlons-en-Champagne pour leur 25e édition (danse, théâtre, pyrotechnie...). Un événement de cinq jours marqué par la grogne des intermittents qui se sont fait entendre afin de protester contre la réforme prévue du gouvernement sur de nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs(1), malgré la nomination d'un médiateur, Jean-Patrick Gille (PS). Retour sur une mobilisation qui perturbe le calendrier estival dans toute la France et pourrait se prolonger jusqu'au mois d'août...

 

"Quelle a été votre position par rapport aux manifestations des intermittents pendant les Furies ?"

 

Jean-Marie Songy : "L'équipe du festival a pris en compte la lutte très importante des intermittents. Nous respectons la décision de certaines compagnies qui ont annulé leur spectacle et nous nous sommes mis à la disposition des artistes afin qu'ils puissent mener à bien soit leur spectacle, soit leurs interventions afin d'expliquer le pourquoi des choses auprès du public. Après, les compagnies présentes aux Furies ont eu le choix de jouer ou de ne pas jouer. Le festival s'est déclaré très tôt en lutte avec les artistes."

 

"Dans quelle ambiance s'est déroulée cette mobilisation ?"


J-M. S. : "Plusieurs réunions étaient organisées afin de faire régulièrement le point. Ici, à Châ- lons-en-Champagne, on a une assez belle démonstration de tout ce qu'on peut faire en matière de militantisme. C'est doux, efficace, avec des actions très visibles. Nous ne sommes pas là dans les mêmes conditions que dans un très très gros festival. Comparé à Aurillac, c'est 100 fois moins grand. Châlons, c'est symboliquement un festival de création, qui ressemble bien à ce que la France réussit à produire en matière culturelle. Le festival attire près de 25 000 spectateurs, compte quatre salariés, une vingtaine font partie de l'association des Furies et plus de 200 artistes et intermittents viennent de l'extérieur. À Aurillac, on est plus sur 3 000 voire 4 000 intervenants."


"Par rapport à 2003, les positions ont-elles changé ?"


J-M. S. : "On voit sur le terrain exactement la même chose qu'en 2003, c'est-à-dire une vraie attitude militante et on doit soutenir les intermittents partout où on peut les soutenir. Depuis tou- jours, même si je n'ai pas de mot d'ordre à donner, je dis être en lutte avec les intermittents. Cet accord gouvernemental n'est que le prolongement  de celui  de 2003.

 

"C'est à dire ?"

 

J-M.S. : Le mouvement social est important, la lutte est réelle. Elle correspond à un vrai problème global qui est la précarisation. Le contexte n'incite pas au développement individuel dans la société. Aux Furies, il y a beaucoup d'humanité, chacun fait attention aux autres, on est dans une humanité fragile. Par contre, dans de plus grandes manifestations, comme à Avignon, Rouen, Montpellier, je pense que les gens vont être prêts à en découdre."

 

"Comment jugez-vous l'attitude des politiques ?"

 

J-M. S. : "C'est purement et simplement de l'abandon politique. Les questions que les intermittents posent aujourd'hui sont les mêmes qu'en 2003. On ne voit le problème de la culture qu'à travers cette petite lorgnette que sont les intermittents, considérés comme des valeurs ajustables. Tout va être réajusté mais avec quel projet derrière ? On a besoin de comprendre quel est le projet de société qu'il y a derrière tout ça. En tous les cas, ça n'augure rien de très bon..."

 

"C'est la culture en général qui est menacée en France ?"

 

J-M. S. : "Oui, à commencer par le théâtre, la musique, les émissions télé,... et tout ce qui est en prise directe avec notre pays. L'intermittence du spectacle, ça relève de notre vie quotidienne. C'est un système qui va ressortir fragilisé de cette réforme alors que la vie d'un artiste est déjà tellement aléatoire. Ça ne me réjouit pas que des artistes ou des techniciens, qui, pour demander le respect, passent par la casse pour montrer qu'ils ne sont pas la valeur ajustable de la société. Mais bien la valeur ajoutée de la société."

 

"Le festival de théâtre de rue d'Aurillac, qui se tiendra du 20 au 23 août, peut-il être menacé ?"

 

J-M.S. : "Il est encore beaucoup trop tôt pour le dire. Je ne suis pas devin..."



(1) Un accord sur les nouvelles règles d'indemnisation des chômeurs a été signé par le patronat et trois syndicats (CFDT, FO et CFTC) le 21 mars.

L'interview de Jean-Marie Songy a été réalisée la semaine dernière.

 

 

Plus d'infos à lire cette semaine dans L'Union du Cantal

Droits de reproduction et de diffusion réservés.

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