SIA 2015 : Les filières proposent, le président écoute
Troisième visite de François Hollande au Salon de l’agriculture. Suivi du parcours à travers les différents secteurs.
On aurait pu craindre le pire : entre une situation économique catastrophique, les attentats du début d’année et une cote de popularité qui ne cesse de patiner dans les basses eaux, la visite de François Hollande, président de la République, aurait pu ressembler à un calvaire. Ce fut loin d’être le cas, au contraire.
Arrivé tout juste avant 7 heures, sans tambour ni trompette, il a foncé droit sur Filouse, la mascotte rouge flamande de ce 52e SIA. «Il faut absolument préserver les races à petits effectifs qui font partie d’un terroir, d’un tissu économique. C’est aussi la poursuite du travail de nos prédécesseurs» indiquait la présidente de la race nordiste avant de poursuivre : «Il y a des jeunes qui s’intéressent à ce type d’élevage». Le président s’est dit intéressé par cette démarche avant que Stéphane Le Foll, son ministre de l’agriculture, précise qu’un travail était effectué également au niveau de la race saosnoise. Les responsables de la rouge flamande, soutenus par le conseil général du Nord, disent aussi travailler sur des projets d’autonomie fourragère, «une nouvelle démarche et un changement de mentalité pour nous, agriculteurs».
De l’animal…
Cap ensuite sur le stand de la filière laitière, où Thierry Roquefeuil, président du Cniel, a insisté auprès du chef de l’État pour que les pouvoirs publics montrent la même volonté que la filière en matière de dynamique et de diversité laitière. Le responsable laitier a notamment rappelé que l’Europe doit continuer à travailler sur les critères économiques, notamment en termes de prix du lait, pour garder son attrait à la filière. Il a aussi interpellé le président sur les zones à handicap naturel et sur le développement d’outils nouveaux : d’une part pour s’adapter à la volatilité des cours mondiaux et d’autre part pour trouver une fiscalité adaptée pour ne pas être pénalisé les années positives qui permettraient de «mettre de l’argent de côté» avant de conclure : «nous travaillons pour l’environnement et pour la société, nous ne voulons pas être les accusés de l’environnement et de la société».
La visite s’est ensuite poursuivie en direction de la salle de traite. Sur le chemin, des responsables de formations en CFA ont dit au président leur difficulté à trouver des apprentis à cause du coût du travail et d’autres agriculteurs lui ont expliqué qu’ils sont «les seuls chefs d’entreprise qui n’émettent pas de factures puisque les prix sont décidés ailleurs et pas par nous». Plus loin, il a pu échanger avec des éleveurs et des responsables des races Villard-de-Lans, Prim’Holstein, Charolaise -avec une rencontre avec Pescado, un taureau de 1 600 kg- avant que les éleveurs de Limousines lui parlent coût du travail et coût de production. Tout cela a mené François Hollande au stand Interbev sur lequel les responsables de la filière ont parlé TIPP, exportations vers la Chine et le Maghreb, trésorerie des exploitations, normes et étiquetage de l’origine des viandes. Ils l’ont aussi invité à ne pas confondre création de fermes industrielles et regroupements d’éleveurs qui veulent gagner en compétitivité. Les responsables d’Interbev attendaient la visite du commissaire européen Phil Hogan de pied ferme.
Sur le stand de la filière porc, les responsables ont reconnu que des avancées avaient été faites mais que cela restait insuffisant pour retrouver le chemin de la compétitivité. Là aussi, on a évoqué les difficultés liées à l’exportation, notamment face à l’embargo russe.
Du côté de la filière ovine, on a insisté sur la nouvelle initiative Inn’Ovin en faveur de l’installation et du recrutement alors que la filière caprine posait la problématique de la grande distribution et du prix du lait. Et si les responsables reconnaissent que la réforme de la PAC a apporté du positif pour la filière, il reste des points de désaccord sur les compensations en zone à handicap naturel.
… au végétal
Le président a poursuivi par le stand France Agri Mer où il a été question de prospective à horizon 2025, de regroupement des filières, de produits fermiers et d’abattoirs. L’Odyssée végétale a été l’occasion d’une pause petit-déjeuner où les dirigeants des métiers des céréales notamment ont rappelé l’importance de ce secteur dans la balance commerciale française. Le problème de la gestion de l’eau, du remplacement ou de l’alternative pour certaines molécules chimiques dans le cadre du traitement des cultures étaient à l’ordre du jour. «Nos métiers correspondent à des dynamiques de territoires et à des emplois et il serait bon de conforter et de garder ce qui marche bien» remarque Philippe Pinta, président d’Orama.
Le président de la République a ensuite enchaîné les pavillons des fruits et légumes, des vins et des semenciers (GNIS) avant de gagner le hall 4.
La visite officielle s’est terminée au hall réservé aux métiers et services avec des arrêts à l’Agence Bio, sur le Pavillon France, celui de l’Inra, de l’ONF, du Cirad… et une fin de parcours sur le stand du ministère de l’Agriculture : dans un premier temps, le président s’est attardé avec les représentants français de l’exposition universelle de Milan puis il a officiellement paraphé les premiers accords de création de GIEE avec des exploitants et des responsables de la région Rhône-Alpes, notamment avec les précurseurs ardéchois de ces nouvelles structures.
Thierry MICHEL